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Le Québec doit favoriser la relocalisation industrielle

François Normand|Publié le 31 janvier 2022

Le Québec doit favoriser la relocalisation industrielle

La grande majorité des entreprises québécoises qui ont délocalisé ou sous-traitent à l'étranger le font davantage pour accéder à la main-d'œuvre et aux marchés étrangers que pour réduire leurs coûts totaux. (Photo: 123RF)

Le Québec doit réduire sa dépendance aux importations et favoriser la relocalisation industrielle dans des activités à forte valeur ajoutée. Cela lui permettra d’avoir une économie plus résiliente dans un environnement international de plus en plus instable.

Voilà la principale conclusion d’une étude que publie ce lundi l’Institut de recherche en économie contemporaine (IRÉC) et qui s’intitule Favoriser les relocalisations industrielles au Québec par le biais de politiques publiques II.

Au courant de 2021, les chercheurs de l’organisme ont publié quelques analyses au sujet de la relocalisation industrielle. L’étude que l’IRÉC publie ce matin a été faite par Hubert Rioux, Robert Laplante et Stéphane Paquin.

L’un des constats des chercheurs est que les chaînes de valeur du Québec demeurent «fortement internationalisées» dans plusieurs secteurs clefs, et parfois «en partie inutilement».

À l’heure actuelle, les importations interprovinciales et internationales comblent les deux tiers de la demande intérieure totale du Québec en intrants et en produits manufacturiers.

Par conséquent, l’autonomie manufacturière du Québec «reste limitée et précaire», écrivent les trois chercheurs.

Un déficit d’autonomie qui peut être risqué pour l’économie québécoise, alors que le contexte international présente plusieurs contraintes pour les entreprises manufacturières du Québec, sur fond de crise sanitaire mondiale en raison de la pandémie de COVID-19.

 

  • Des tensions géopolitiques croissantes entre l’Occident et la Chine.
  • L’accroissement «significatif» des salaires dans la plupart des économies émergentes.
  • L’accélération des changements climatiques, des catastrophes naturelles et des mouvements migratoires.
  • L’explosion des coûts de transport et l’inflation persistante.
  • La multiplication des barrières commerciales et des politiques protectionnistes.

 

L’étude de l’IRÉC analyse deux facettes de la chaîne de valeur manufacturière au Québec: le rapatriement des activités productives et la substitution des importations d’intrants manufacturiers par des achats locaux.

Bien entendu, produire et acheter davantage au Québec entraîne souvent des coûts supplémentaires pour les entreprises.

 

Pas de corrélation systémique entre coût et relocalisation

Pour autant, la corrélation n’est pas systématique entre la relocalisation industrielle et les coûts de production, souligne à Les Affaires Hubert Rioux.

«La hausse des salaires et des conditions de travail dans beaucoup d’économies émergentes continue à cet égard de réduire les avantages autrefois associés à la délocalisation», écrit-il dans un courriel.

Selon lui, la grande majorité des entreprises québécoises qui ont délocalisé ou sous-traitent à l’étranger le font davantage pour accéder à la main-d’œuvre et aux marchés étrangers que pour réduire leurs coûts totaux.

«Dans le cas de la substitution des importations, l’impact sur les coûts de production et la compétitivité des entreprises peut souvent être positif, notamment parce que les coûts d’importation sont fréquemment sous-estimés», ajoute-t-il.

Il souligne qu’Investissement Québec a développé un simulateur qui permet aux entreprises d’évaluer et comparer ces coûts.

Et pour les entreprises qui ne seraient toujours pas compétitives en matière de coûts, des politiques d’appui à la modernisation technologique et à l’automatisation ainsi que de l’aide à l’exportation et à la pénétration des marchés étrangers «peuvent dans bien des cas compenser largement», estime Hubert Rioux.

Du reste, l’IRÉC ne propose pas de relocaliser pour relocaliser, en visant des activités à faible valeur ajoutée, pour lesquelles les coûts de production sont fortement associés aux salaires, à la productivité et à l’intensité en travail.

Il faut en fait relocaliser une partie des activités à forte valeur ajoutée.

Bref, des secteurs dans lesquels les taux de productivité reposent davantage sur la R&D et l’innovation, qui peuvent être maximisées localement, et ce, dans environnement où les organisations collaborent étroitement.

Hubert Rioux cite notamment les secteurs de l’aérospatiale, de la pharmaceutique, des produits chimiques, de la machinerie industrielle, de l’instrumentation scientifique et électronique, de même que celui du matériel de transport.