Les États-Unis ont importé bien plus de marchandises de multiples secteurs comme les matériaux industriels, biens de consommations, pétrole brut, textile, ameublement, automobile. (Photo: 123RF)
Washington — Le déficit commercial des États-Unis s’est creusé plus que prévu en mars, se hissant à un niveau record, en raison d’importations également record dopées par la demande des consommateurs et des entreprises qui reconstituent leurs stocks.
Le déficit des biens et services avec le reste du monde s’est élevé à 109,8 milliards de dollars américains, soit une hausse de 22,3% par rapport au mois de février. C’est bien plus que les 97,5 G$ US attendus par les analystes.
Les importations et les exportations ont également atteint un niveau record, à 351,5 G$ US (+10,3%) et à 241,7 G$ US (+5,6%), respectivement.
Pour le seul mois de mars, les États-Unis ont exporté davantage de biens et matériaux industriels notamment des produits pétroliers, des voitures, des pièces détachées automobiles ainsi que des moteurs. Dans le secteur des services, les exportations de transports et de voyages ont été dynamisées par la levée d’un grand nombre de restrictions liées à la pandémie de COVID-19.
Mais parallèlement, les États-Unis ont importé bien plus de marchandises de multiples secteurs comme les matériaux industriels, biens de consommations, pétrole brut, textile, ameublement, automobile.
«La flambée des importations signifie que les entreprises continuent de reconstituer leurs stocks alors qu’elles cherchent à répondre à la forte demande des consommateurs», a indiqué à l’AFP Mahir Rasheed, économiste chez Oxford Economics.
Chaînes d’approvisionnement
Depuis des mois, les entreprises sont confrontées à des perturbations sur les chaînes d’approvisionnement mondiales. Avec des usines qui ont été régulièrement fermées pour cause de COVID-19 en particulier en Chine, des pénuries de chauffeurs de poids lourds qui ont provoqué des congestions dans les ports, les marchandises ont peiné à arriver jusque dans les entrepôts des magasins.
Les industriels américains, notamment les constructeurs automobiles, ont dû, eux, réduire leur rythme de production faute de trouver certains composants comme les semi-conducteurs.
Interrogée par l’AFP sur les raisons de ces importations record, Rubeela Farooqi, économiste en chef chez High Frequency Economics, observe qu’«une partie du bond reflète probablement le fait que les ports ont résorbé en partie» les conteneurs en souffrance.
Elle souligne également que les entreprises constituent parallèlement des stocks, «pour s’efforcer de contourner les perturbations de la chaîne d’approvisionnement».
Bien que les importations aient fortement augmenté, Mahir Rasheed souligne que «les stocks des détaillants restent déprimés par rapport aux niveaux d’avant COVID».
Si à court terme, la demande des consommateurs américains est susceptible de doper un peu plus les importations, le ralentissement de la reprise parmi les partenaires commerciaux américains pourrait freiner la croissance des exportations, estiment les économistes.
«Compte tenu de ce que nous voyons en Europe et en Chine, le risque est que d’importants déficits persistent à l’avenir», opine Rubeela Farooqi.
En effet, la guerre en Ukraine a déjà ralenti la croissance en Europe, en particulier dans la zone euro.
Ce contexte représente «un risque à la baisse pour le PIB» américain, a-t-elle poursuivi. «Les exportations ont déjà pesé sur la croissance pendant sept trimestres consécutifs et resteront probablement un point de faiblesse au cours des prochains mois», a-t-elle prévenu.
Pour l’ensemble du premier trimestre, le déficit s’est inscrit en hausse de 41,5% comparé à la même période de 2021, avec des exportations en augmentation de 17,7% et des importations en hausse de 23,8%.
Ces importations record ont plombé le Produit intérieur brut (PIB) américain qui s’est contracté de 1,4% entre janvier et mars en rythme annualisé.
La Réserve fédérale (Fed) a commencé à relever ses taux d’intérêt pour tenter de contrôler la pression sur les prix, avec le risque de faire caler la demande et plonger la première économie du monde dans la récession.