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L’industrie solaire est trop concentrée en Chine, selon l’AIE

François Normand|Publié le 10 août 2022

L’industrie solaire est trop concentrée en Chine, selon l’AIE

Depuis des années, la Chine a joué un rôle déterminant dans la réduction des coûts mondiaux du solaire photovoltaïque, avec de multiples avantages pour les transitions énergétiques propres. (Photo: 123RF)

La fabrication de panneaux solaires photovoltaïques (PV) est de plus en plus concentrée en Chine. Cela représente un risque d’approvisionnement majeur pour les producteurs d’énergie solaire et les stratégies des gouvernements pour réduire les émissions de gaz à effet de serre (GES) dans le monde, affirme l’Agence internationale de l’énergie (AIE).

Dans un rapport publié en juillet (Solar PV Global Supply Chains), l’AIE souligne que la capacité mondiale de fabrication de panneaux solaires PV s’est de plus en plus déplacée de l’Europe, du Japon et des États-Unis vers la Chine au cours de la dernière décennie.

«La Chine a investi plus de 50 milliards de dollars dans de nouvelles capacités d’approvisionnement en PV – dix fois plus que l’Europe – et a créé plus de 300 000 emplois dans le secteur manufacturier sur l’ensemble de la chaîne de valeur du PV solaire depuis 2011», peut-on lire dans le rapport.

Aujourd’hui, la Chine possède sur son territoire plus de 80% de toutes les étapes de fabrication des panneaux solaires, notamment sous la forme de polysilicium, de lingots, de tranches, de cellules et de modules.

«C’est plus du double de la part de la Chine dans la demande mondiale de PV», souligne l’Agence internationale de l’énergie.

En outre, le pays abrite les 10 principaux fournisseurs mondiaux d’équipements de fabrication de panneaux solaires PV.

Depuis des années, la Chine a joué un rôle déterminant dans la réduction des coûts mondiaux du solaire photovoltaïque, avec de multiples avantages pour les transitions énergétiques propres.

En revanche, cela s’est fait au prix d’une concentration de la production qui représente désormais un risque pour le monde entier, selon l’AIÉ.

 

Les conséquences d’une catastrophe naturelle en Chine

La concentration pour la fabrication de polysilicium est particulièrement préoccupante, explique en entrevue à Reuters l’économiste en chef de l’AIE, Fatih Birol.

En 2021, la Chine abritait à elle seule 79% de la capacité de fabrication de polysilicium, selon les données de l’AIÉ. Or, 42 % de cette fabrication est située dans la province du Xinjiang, où la plus grande usine du pays représente à elle seule 14 % de la capacité mondiale.

«Ce niveau de concentration dans toute chaîne d’approvisionnement mondiale représenterait une vulnérabilité considérable», fait remarquer Fatih Birol.

L’AIÉ estime que la Chine produira bientôt près de 95% du polysilicium dans le monde, sans parler des lingots et des plaquettes qui sont à un niveau plus élevé dans la chaîne de valeur.

«S’il y a un incendie ou une catastrophe naturelle, cela peut avoir des implications pour la transition mondiale vers une énergie propre en termes de hausse des prix et même de disponibilité de l’énergie solaire photovoltaïque», affirme l’économiste.

À ses yeux, la seule façon de diminuer ce risque d’approvisionnement est de favoriser la diversification géographique dans la fabrication de panneaux solaires PV.

Cette approche permettrait de mieux gérer le risque de rupture dans la chaîne d’approvisionnement mondiale, voire peut-être même le diminuer.