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Biden à la manoeuvre pour serrer les rangs des Occidentaux

AFP et La Presse Canadienne|Publié le 21 mars 2022

Biden à la manoeuvre pour serrer les rangs des Occidentaux

Le président américain commence par s'entretenir lundi, à 11h00, heure du Québec, avec le président français Emmanuel Macron, le chancelier allemand Olaf Scholz et les premiers ministres italien Mario Draghi et britannique Boris Johnson. (Photo: Getty Images)

Ce texte regroupe toutes les réactions depuis l’invasion de la Russie en Ukraine pour la journée du 21 mars 2022. Il sera mis à jour au courant de la journée. Pour retrouver toute notre couverture sur le conflit, c’est ici.  

10h52 | Washington — Préserver l’unité trouvée par les Occidentaux face à la Russie depuis l’invasion de l’Ukraine, et sonder leur posture face à la Chine: Joe Biden débute une semaine d’intense activité diplomatique qui le verra partir mercredi pour l’Europe.

Le président américain commence par s’entretenir lundi, à 11h00, heure du Québec, avec le président français Emmanuel Macron, le chancelier allemand Olaf Scholz et les premiers ministres italien Mario Draghi et britannique Boris Johnson.

Cet appel doit préparer une journée à très haute intensité diplomatique jeudi, à Bruxelles.

Joe Biden, ses homologues du vieux continent et d’autres chefs d’État et de gouvernement de pays alliés tiendront rien moins qu’un sommet extraordinaire de l’OTAN, une réunion du G7 et un sommet de l’Union européenne, auquel le président américain est convié.

 

Réfugiés

Joe Biden se rendra ensuite vendredi et samedi en Pologne, pays qui voit affluer par centaines de milliers des réfugiés ukrainiens. Dix millions de personnes, soit plus d’un quart de la population du pays, ont désormais fui leurs foyers.

Son agenda prévoit pour l’heure seulement une rencontre avec son homologue polonais Andrzej Duda, ce qui alimente les spéculations sur un autre engagement du président américain — la Maison-Blanche ayant déjà fait savoir qu’une incursion en Ukraine était exclue.

Le président américain avait fait en début de mandat deux promesses de politique étrangère: réparer les alliances mises à mal par son prédécesseur Donald Trump, et se consacrer davantage à la rivalité avec la Chine.

La guerre en Ukraine a jusqu’ici permis à l’hôte de la Maison-Blanche de cocher la première case: les Occidentaux ont imposé à la Russie des sanctions économiques jamais vues, tandis que certains pays ont opéré des revirements stratégiques spectaculaires.

En ce qui concerne le «pivot vers l’Asie», Joe Biden est en revanche actuellement obligé de se tourner plutôt vers l’Europe. Mais l’assaut donné par le président russe Vladimir Poutine pourrait agir comme un révélateur du rapport de forces entre Washington et Pékin.

Les Américains ont haussé le ton la semaine dernière en s’inquiétant publiquement d’un possible soutien militaire et économique de la Chine à la Russie. Joe Biden a déjà menacé son homologue Xi Jinping, lors d’un appel vidéo vendredi, de représailles s’il passait à l’acte.

 

Pari

Le président américain parie que la sévérité des sanctions contre la Russie fera réfléchir la Chine, deuxième puissance économique mondiale, dont les responsables, loin de condamner l’invasion de l’Ukraine, se refusent même à parler de «guerre», préférant évoquer la «crise» ou la «situation».

Mais le calcul de Joe Biden ne peut fonctionner que si les États-Unis et leurs alliés affichent face à Pékin la même fermeté que celle partagée face à Moscou.

Or les enjeux économiques d’une potentielle escalade avec la Chine sont d’une toute autre dimension, dans un contexte mondial déjà volatile de flambée des prix de l’énergie et de certaines denrées alimentaires.

Le président américain et ses alliés devront aussi décider comment maintenir, dans la durée, la pression sur Moscou. Après presque un mois de guerre, de consultations et d’escalade dans les sanctions, quelles menaces les Occidentaux peuvent-ils encore brandir face à au sanglant conflit qui se poursuit?

Sur le plan économique, bien des cartouches ont déjà été tirées. Sur le plan militaire, les Américains se félicitent régulièrement d’avoir «galvanisé» l’OTAN, mais les options se réduisent et se complexifient.

Joe Biden a par exemple promis d’aider Kiev à acquérir des systèmes de défense antiaérienne à longue portée, des S-300 russes. Mais cet engagement pose des questions logistiques et stratégiques ardues: où trouver ces dispositifs? Comment les livrer? Comment renforcer les forces ukrainiennes sans fragiliser d’autres pays européens? 

Un récent incident impliquant justement la Pologne a illustré la limite fixée par les États-Unis eux-mêmes: ne rien faire qui provoquerait une confrontation militaire directe avec la Russie.

Varsovie avait proposé de confier aux Américains des avions de combat Mig-29, pour que ces derniers les livrent ensuite à l’Ukraine. Washington avait rejeté, plutôt sèchement, la proposition.

 

Russie: Facebook et Instagram interdits pour «extrémisme»

10h25 | Moscou — Un tribunal de Moscou a interdit lundi les réseaux sociaux américains Facebook et Instagram en Russie en estimant qu’ils menaient des activités «extrémistes», nouvel épisode de contrôle d’internet sur fond d’offensive en Ukraine.

«Le tribunal a satisfait une action en justice déposée par le premier procureur général adjoint contre la société Meta Platforms Inc. portant sur l’interdiction de ses activités sur le territoire russe», a indiqué la cour dans un message sur Telegram.

Les réseaux sociaux gérés par Meta sont «interdits pour cause d’activité extrémiste», a ajouté le tribunal.

Meta est la maison-mère de Facebook et Instagram, mais aussi de l’application de messagerie WhatsApp, qui, elle, n’est pas concernée par cette décision, car le tribunal a jugé qu’elle ne servait pas de moyen de «diffusion publique d’informations».

Les services de sécurité russes, le FSB, avaient exigé plus tôt lundi l’interdiction «immédiate» de Facebook et d’Instagram, les accusant d’activités «dirigées contre la Russie et ses forces armées».

Le 11 mars, le Parquet russe avait demandé de classer Meta comme organisation «extrémiste», mesure ouvrant la voie à l’interdiction de toutes ses activités en Russie. 

Cette demande faisait suite à la décision de la maison-mère de Facebook et d’Instagram d’assouplir son règlement quant aux messages violents contre l’armée et les dirigeants russes, en lien avec l’opération militaire menée par Moscou en Ukraine.

Instagram et Facebook, tout comme Twitter, ont d’ores et déjà été bloqués en Russie, où ils sont quasiment inaccessibles à moins d’utiliser un réseau virtuel privé (VPN).

Depuis le début de l’intervention russe en Ukraine le 24 février, le pouvoir russe a considérablement renforcé son contrôle des informations diffusées sur internet, l’un des derniers espaces d’expression libre dans le pays.

 

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Moscou dément toute pénurie de sucre ou de sarrasin

 9h23 | Moscou — Les autorités russes ont tenté lundi de rassurer en démentant toute pénurie de sucre ou de sarrasin dans le pays, alors que les Russes se sont rués ces derniers jours sur ces denrées par peur d’en manquer.

Les Occidentaux ont adopté de sévères sanctions contre la Russie pour son offensive en Ukraine et une partie de la population, traumatisée par les pénuries des années 1990, cherche à faire des provisions de sucre — utilisé pour conserver certains aliments — et de graines de sarrasin, souvent utilisées en bouillie, la fameuse «gretchka» populaire en temps de crise.

«Déjà, lors de la première vague de la pandémie, nous avons constaté une ruée sur le sucre et la gretchka. Comme en 2020, je veux calmer aujourd’hui nos concitoyens: nous sommes entièrement autosuffisants en sucre et en sarrasin», a affirmé la vice-première ministre russe Viktoria Abramtchenko.

Selon elle, «le complexe agro-industriel russe approvisionne totalement le pays en denrées alimentaires de base» et il n’y a pas de risque de «pénuries alimentaires sous la pression des sanctions».

«Nous sommes totalement approvisionnés en semences russes des principales cultures céréalières», a-t-elle encore dit lors d’une réunion gouvernementale, selon les agences de presse russes.

Des vidéos diffusées sur les réseaux sociaux ces derniers jours en Russie ont montré des personnes dévalisant les étagères des supermarchés de leurs paquets de sucre ou encore de panneaux «Il n’y a plus de sucre» affichés dans certains magasins.

Des mesures de rationnement de certains produits, dont le sucre, ont aussi été mises en place par certains supermarchés, tandis que les prix ont bondi après avoir connu déjà une forte inflation depuis le début de la pandémie.

 

Russie: une organisation appelle Nestlé à cesser ses activités

7h15 | Zurich — Nestlé doit cesser ses activités en Russie, estiment les actionnaires militants d’Actares, accentuant encore la pression sur le géant de l’alimentation après un appel du président ukrainien Volodymyr Zelensky auprès des citoyens suisses.

Le groupe basé à Vevey, sur les bords du lac Léman, a cessé ses importations et exportations vers la Russie, suspendant entre autres celles de dosettes de café Nespresso ou d’eau en bouteille de la marque S.Pellegrino, mais a maintenu les livraisons de produits essentiels tels que les produits pour bébé ou aliments pour animaux de compagnie.

L’organisation actionnariale «demande instamment à Nestlé» de considérer l’appel du Président Zelensky qui a demandé au groupe suisse de cesser de faire des affaires avec la Russie, déclare-t-elle dans un bref communiqué. 

Samedi, le président ukrainien s’est adressé directement aux citoyens suisses par vidéoconférence lors d’une manifestation pour la Paix à Berne sur la place fédérale, devant le Parlement, à laquelle assistait le président de la Confédération, Ignazio Cassis.

Lors de cette adresse depuis Kiev, le président ukrainien a salué le fait que la Suisse s’oppose à la guerre et soutienne les sanctions, mais a épinglé les banques et entreprises suisses qui poursuivent leurs activités en Russie, critiquant notamment Nestlé. 

«Bien manger. Bien vivre», c’est le slogan de Nestlé. Votre compagnie qui refuse de quitter la Russie. Même maintenant, quand la Russie menace d’autres pays européens. Pas seulement nous», a fustigé M. Zelensky sous les applaudissements de la foule. 

«Les affaires marchent en Russie même quand nos enfants meurent et nos villes sont démolies», a-t-il poursuivi, quand les habitants de Marioupol, ville ukrainienne assiégée, sont «sans nourriture, sans eau, sans électricité et sous les bombardements», a-t-il déclaré.

Dans un communiqué publié dimanche, le groupe suisse a réagi en expliquant qu’il avait pris des mesures sans précédent pour réduire significativement ses activités en Russie, mais a, comme d’autres sociétés agroalimentaires internationales, pris «la décision difficile de continuer à fournir d’aliments et boissons essentielles au peuple russe». 

Continuer de fournir des produits essentiels aux gens en Russie ne signifie pas que nous continuons à opérer comme d’habitude dans le pays», a insisté le groupe suisse, soulignant qu’il y a cessé ses investissements et a suspendu la publicité pour ses produits. «Nos activités ne génèrent pas de profit dans le pays», a ajouté Nestlé.

Alors que plusieurs multinationales américaines se sont retirées de Russie après avoir été pointées du doigt, à l’instar de la chaîne de restauration rapide McDonald’s et des géants des boissons Coca-Cola et Pepsi, le groupe suisse fait lui aussi l’objet d’appel au boycottage sur les réseaux sociaux.

 

Le président ukrainien appelle l’UE à cesser tout «commerce» avec la Russie

6h38 | Kyiv — Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a appelé lundi l’Union européenne, et en particulier l’Allemagne, à cesser tout «commerce» avec la Russie, et notamment à refuser ses ressources énergétiques, dans une vidéo sur la messagerie Telegram.

«Pas d’euros pour les occupants, fermez-leur tous vos ports, ne leur envoyez pas vos biens, refusez les ressources énergétiques», a plaidé le président ukrainien. «Sans commerce avec vous, sans vos entreprises et vos banques, la Russie n’aura plus d’argent pour cette guerre», a-t-il ajouté.

Son intervention coïncide avec la tenue lundi d’une réunion à Bruxelles des ministres des Affaires étrangères et de la Défense de l’UE pour examiner de possibles nouvelles sanctions contre Moscou, près d’un mois après le début de l’invasion russe le 24 février.

Les Européens, très dépendants des hydrocarbures russes, ont jusqu’ici exclu de sanctionner ce secteur, très important pour l’économie de la Russie.

«Ne commanditez pas s’il vous plaît les armes de guerre de ce pays, de la Russie», a dit M. Zelensky, avant de s’adresser directement aux Allemands: «vous avez la force, l’Europe a la force», a-t-il lancé.

L’Allemagne a été critiquée pour son opposition à un embargo immédiat sur les hydrocarbures russes, dont elle dépend fortement.

Le Kremlin a estimé lundi qu’un potentiel embargo européen sur le pétrole russe frapperait «tout le monde». 

Il aurait «une influence très sérieuse sur le marché mondial du pétrole, une influence néfaste sur le marché énergétique en Europe. Mais les Américains n’y perdront rien, c’est évident», a affirmé Dmitri Peskov, le porte-parole de la présidence russe.