Donald Trump et Joe Biden (Photo: AFP)
«L’inflation tue notre pays», a affirmé jeudi Donald Trump, le candidat républicain à l’élection américaine, au tout début du premier débat face à son concurrent démocrate, le président Joe Biden.
Joe Biden «n’a pas fait du bon travail. Il a fait du mauvais travail. Et l’inflation tue notre pays. Elle est en train de nous tuer», a affirmé le milliardaire.
La hausse des prix est le premier sujet sur lequel les deux hommes ont été interrogés lors de ce débat, organisé à Atlanta (Georgie). Car le sujet est l’un des principaux auxquels penseront les électeurs américains au moment de voter.
Nourriture, logements, voitures, essence… Les prix ont flambé depuis 2001, poussés par la reprise après l’épidémie de COVID-19, mais aussi par la guerre en Ukraine, ainsi que par les généreux plans de relance de l’Etat fédéral américain pendant la pandémie.
L’inflation avait atteint 9,1% aux États-Unis en juin 2022, son plus haut niveau depuis le début des années 1980. Elle a ralenti depuis, et s’est établie à 3,3% en mai, selon l’indice CPI, sur lequel sont indexées les retraites.
Poing levé
Joe Biden et Donald Trump, au coude-à-coude dans les sondages, se sont retrouvés jeudi soir pour leur premier face-à-face de la présidentielle américaine.
L’ancien président républicain a atterri, poing levé, vers 17h00 à Atlanta, accueilli sur le tarmac par ses partisans.
Son rival démocrate s’était lui aussi offert un bain de foule improvisé à son arrivée dans la capitale de Géorgie, théâtre du duel entre les deux hommes.
Dans une Amérique polarisée à l’extrême, où un partisan du démocrate ne peut pas imaginer de voter pour le républicain, et vice-versa, rien ne dit que ce duel organisé par CNN, devant des millions de téléspectateurs, changera fondamentalement la donne.
Mais le scrutin opposant le démocrate de 81 ans et son rival républicain de 78 ans s’annonce si serré que même d’infimes gains lors du débat auprès des électeurs indépendants pourraient s’avérer décisifs en novembre, et c’est pourquoi les deux équipes de campagne ont déployé les gros moyens.
«Repris de justice» contre «dopé»
Donald Trump, premier président jamais jugé coupable au pénal, dans une affaire de paiements occultes à une ancienne star de films X, est accueilli en Géorgie par d’énormes panneaux publicitaires financés par les démocrates, souhaitant la «bienvenue» à un «repris de justice.»
Ces affiches sont illustrées par la photo d’identité judiciaire du milliardaire. Elle avait été prise à Atlanta, à la suite de l’inculpation de Donald Trump dans une autre affaire, en l’occurrence une tentative de fausser le résultat de l’élection de 2020 dans l’État.
Le camp républicain a lui diffusé une nouvelle vidéo assassine, montrant des chutes et des moments de confusion de Joe Biden, et appelant les électeurs à se demander s’il est réellement capable de «passer quatre ans de plus» à la Maison-Blanche.
L’ancien président a insinué que son rival serait «dopé» devant les caméras. La porte-parole de la Maison-Blanche Karine Jean-Pierre, interrogée à ce sujet, a dit qu’elle ne lui «ferait pas l’honneur d’une réponse».
Donald Trump a affirmé, sur son réseau Truth Social, en majuscules et avec force points d’exclamation, que son rival était «une menace pour la survie même» du pays.
Règles strictes
Voilà qui donne le ton: la rencontre, entre deux hommes qui se détestent, est extrêmement tendue.
Les deux journalistes de CNN qui animent la soirée doivent faire respecter des règles très strictes.
L’émission se déroule sans public, sans prompteur. Surtout, le micro de Joe Biden est coupé quand Donald Trump s’exprime et vice-versa.
Sur le fond, les deux candidats devraient ferrailler sur l’inflation, l’immigration, le droit à l’avortement, la défense de la démocratie et la politique étrangère.
Second débat en septembre
Mais depuis que les campagnes présidentielles américaines sont entrées dans l’ère de la télévision, il y a plus de 60 ans avec le débat entre John F. Kennedy et Richard Nixon, la forme compte autant que le fond.
C’est particulièrement vrai pour Joe Biden, qui a indéniablement perdu en aisance physique et orale ces dernières années.
Même si Donald Trump, de seulement trois ans son cadet, est aussi attaqué sur sa stabilité mentale et sa violence verbale.
Selon un sondage New York Times/Siena paru jeudi, Donald Trump est donné favori pour le débat. Mais l’entourage du démocrate souligne qu’il est chroniquement sous-estimé.
Un second débat est prévu sur ABC en septembre, à deux mois d’un scrutin suivi avec inquiétude dans le monde entier.