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Biden repart en campagne, le feuilleton continue

AFP|Publié le 12 juillet 2024

Biden repart en campagne, le feuilleton continue

Le président américain Joe Biden dans le Maryland, le 12 juillet. (Photo: Mandel Ngan / AFP)

Washington — Joe Biden repart en campagne vendredi, dans l’État décisif du Michigan, après avoir livré une conférence de presse qui n’a ni levé ni aggravé les inquiétudes autour de sa candidature.

Le président américain doit livrer à 22h00 un discours à Détroit, dans cet État industriel de la région des Grands Lacs qu’il lui faut absolument remporter en novembre pour battre le républicain Donald Trump.

Il va, selon son équipe de campagne, décrire « ce que l’Amérique pourrait accomplir pendant les cent premiers jours d’un second mandat Biden ».

« Je vais rester en mouvement », a promis jeudi le démocrate de 81 ans, lors d’une conférence de presse présentée comme cruciale pour son destin politique, très incertain depuis un calamiteux débat le 27 juin face au milliardaire républicain de 78 ans.

Chacun aura vu ce qu’il voulait voir dans cet exercice d’une heure environ, qui a surtout confirmé que Joe Biden était désormais l’homme politique le plus avidement scruté de toute la planète.

Les partisans du président se sont réjouis de sa connaissance des dossiers, internationaux notamment, et de sa prestation dans l’ensemble maîtrisée.

« Non, Joe Biden n’a pas un doctorat en affaires étrangères. Il est juste foutrement fort », a applaudi pendant la conférence de presse Andrew Bates, un porte-parole de la Maison-Blanche.

Une saignée, pas d’hémorragie

Dans l’autre camp, on a pointé son élocution hasardeuse et surtout deux lapsus monumentaux.

Peu avant d’apparaître devant les journalistes, le président américain a annoncé le « président Poutine » alors qu’il voulait accueillir le chef d’État ukrainien Volodymyr Zelensky. Il s’est aussitôt repris.

Pendant la conférence de presse, il a mentionné « le vice-président Trump », au lieu de sa vice-présidente Kamala Harris, pour la plus grande joie de son adversaire. « Beau boulot, Joe! », a persiflé Donald Trump.

Vendredi, l’un des artisans de la victoire du dirigeant démocrate en 2020, l’élu afro-américain James Clyburn, a assuré sur NBC qu’il était « totalement engagé » aux côtés de Joe Biden.

La question désormais est de savoir si le président a gagné jeudi assez de temps pour survivre à la tempête politico-médiatique, ou s’il n’a fait que repousser un retrait inéluctable.

La lente saignée de soutiens au sein du parti démocrate se poursuit, mais n’a pas tourné à l’hémorragie pour l’instant.

Au dernier pointage, une quinzaine de parlementaires démocrates ont ouvertement demandé au président américain de retirer sa candidature avant la convention d’investiture du mois d’août à Chicago.

Tous les yeux sont désormais rivés sur les grandes figures du parti, et en particulier deux d’entre elles: l’ancienne cheffe de la Chambre des représentants Nancy Pelosi et l’ex-président Barack Obama.

Retard dans des États clés

La première, politicienne d’une habileté redoutable, a demandé avec insistance cette semaine à Joe Biden de « prendre une décision », feignant d’ignorer sa détermination à rester en course. Le second, que l’on a vu faire campagne avec son ancien vice-président, et qui conserve un immense ascendant sur l’électorat démocrate, est pour l’instant muet.

Les sondages, eux, se suivent et se ressemblent.

Tous indiquent que la prestation calamiteuse de Joe Biden lors du débat, si elle fait flamber les inquiétudes des Américains sur sa capacité à gouverner encore longtemps, ne fait pas beaucoup bouger les lignes électorales dans un pays extrêmement clivé politiquement.

Une enquête d’opinion diffusée par la radio publique NPR crédite le démocrate de 50% des intentions de vote au niveau national, contre 48% pour Donald Trump.

D’autres sondages donnent l’avantage au républicain, mais toujours dans la marge d’erreur.

La tendance la plus inquiétante pour le président reste son retard persistant, selon plusieurs enquêtes d’opinion, dans certains États décisifs.

Parmi eux, le Michigan, donc, mais aussi le Nevada, dans l’ouest des États-Unis, où Joe Biden ira la semaine prochaine.

Soucieux de prouver sa vitalité, le président octogénaire, qui évitait jusque récemment de passer trop de temps avec les journalistes, donnera aussi une interview lundi sur NBC.

Son équipe promet encore « d’autres interviews » en guise de « contre-programmation à la convention républicaine », qui doit déboucher sur l’investiture de Donald Trump la semaine prochaine à Milwaukee, dans le nord des États-Unis.