Biden insiste sur la nécessité de faire baisser les tensions politiques
AFP|Mis à jour le 07 novembre 2024Joe Biden (Photo: Andrew Harnik / Getty Images)
Washington — Dans une courte allocution au ton solennel, Joe Biden s’est engagé jeudi à assurer une transition «pacifique et ordonnée» avec Donald Trump, son prédécesseur et bientôt successeur à la Maison-Blanche, dont le retour est pour lui une terrible humiliation.
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«J’espère que nous pourrons, peu importe pour qui nous votons, nous considérer comme des concitoyens et pas comme des adversaires. Faire baisser la température» dans un pays à cran, a-t-il dit lors de ce premier discours depuis la victoire éclatante du républicain à l’élection présidentielle.
S’exprimant dans la roseraie de la Maison-Blanche, il a tenté de remonter le moral des ministres et conseillers assis face à lui, qui l’ont applaudi et ovationné, avec des mines fermées.
Humiliation
«C’est un moment difficile. Vous souffrez […] N’oubliez pas tout ce que nous avons accompli. Cela a été une présidence historique», a assuré le chef d’État octogénaire, dont le bilan économique et diplomatique pourrait être en bonne partie détricoté par son successeur.
«Nous avons perdu cette bataille, mais l’Amérique dont vous rêvez exige que vous vous releviez», a dit Joe Biden, qui achève cinquante années de vie politique par une humiliation planétaire.
Le président sortant avait laissé sa place de candidat en juillet à sa vice-présidente Kamala Harris. Il est accusé dans son camp d’avoir permis le retour fracassant de Donald Trump, cet ennemi juré qu’il a peint comme un danger pour la démocratie, en s’accrochant trop longtemps à une candidature sans espoir.
Joe Biden a invité le républicain à la Maison-Blanche à une date non précisée pour préparer l’arrivée de la prochaine administration, dans laquelle des figures controversées telles que Elon Musk ou Robert F. Kennedy Jr. pourraient jouer des rôles importants.
Trump «impatient»
La campagne finie, le ton est devenu, pour l’instant du moins, beaucoup plus courtois dans le camp Trump.
Le républicain, qui n’a jamais reconnu sa défaite en 2020 et qui avait boudé la cérémonie d’investiture de Joe Biden, «attend avec impatience cette rencontre, qui devrait avoir lieu bientôt, et a grandement apprécié l’appel», selon son équipe.
Sèchement battue, Kamala Harris s’est engagée à l’« aider » pour le transfert du pouvoir.
Le magnat de l’immobilier new-yorkais — cible durant la campagne de deux tentatives d’assassinat, inculpé et condamné au pénal et au civil — a insisté auprès de son ex-rivale au téléphone sur la nécessité d’ unifier le pays».
Donald Trump, qui prêtera serment le 20 janvier, et qui a passé ces trois derniers mois de campagne à injurier Kamala Harris, lui a trouvé «de la force, du professionnalisme et de la ténacité», d’après son équipe.
Il a un peu plus de deux mois pour mettre en place son équipe de gouvernement.
Robert F. Kennedy Jr., neveu du président assassiné, et ancien candidat indépendant rallié à Donald Trump, pourrait se voir confier des responsabilités en termes de santé publique.
Notoirement critique de la vaccination, il a assuré jeudi sur NBC qu’il «n’enlèverait les vaccins de personnes» mais jugé que les Américains devaient pouvoir «décider individuellement »
«RFK» a par ailleurs répété ses critiques sur l’addition de fluor dans l’eau potable, considérée par les organisations de santé comme un outil efficace pour la santé bucco-dentaire.
Nul ne sait quel rôle il jouera auprès de Donald Trump. Son premier mandat avait été une valse de ministres et de conseillers successivement tombés en disgrâce.
Une autre figure clé de son administration devrait être le milliardaire Elon Musk, qui a fait très activement campagne pour lui. Le président élu pourrait charger l’homme le plus riche du monde, grand partisan d’une réduction drastique du rôle du gouvernement, de réorganiser profondément l’administration fédérale.
Pleins pouvoirs
Parti dans le chaos en janvier 2021, le tribun a réussi à 78 ans un incroyable retour en convainquant une majorité qu’il comprenait les préoccupations socio-économiques et sécuritaires du quotidien.
Le président élu s’est déjà entretenu avec le président français Emmanuel Macron, le premier ministre israélien Benjamin Nétanyahou et le président ukrainien Volodymyr Zelensky.
Donald Trump a promis aux Américains de s’attaquer à l’inflation et de « voler les emplois d’autres pays » à coup de baisses d’impôts et de taxes douanières.
Pékin a averti qu’il n’y aurait «pas de gagnants dans une guerre commerciale» avec Washington.
Il hérite d’une économie robuste et d’un chômage très bas, un environnement qui devrait voir la Banque centrale américaine, la Fed, annoncer jeudi une nouvelle baisse de ses taux.
L’imprévisible républicain a aussi promis pendant sa campagne des expulsions massives de migrants en situation irrégulière et évoqué une purge de l’administration fédérale, ainsi que des poursuites judiciaires contre ses opposants.
Donald Trump pourra s’appuyer sur le Sénat, que les républicains ont repris aux démocrates. Son parti est en bonne voie pour conserver la majorité à la Chambre des représentants.
Cela lui donnerait, en comptant la majorité conservatrice qu’il a construite à la Cour suprême, quasiment les pleins pouvoirs.
Par Danny Kemp