Les Occidentaux ont adopté depuis la fin février des sanctions sans précédent contre la Russie en représailles à son invasion de l'Ukraine. Ils ont notamment réduit leurs importations d'hydrocarbures russes. (Photo: 123RF)
Pékin — La Chine a nettement accru ses importations de pétrole russe en mai, selon des chiffres officiels publiés lundi, aidant ainsi Moscou à contrebalancer la désaffection de ses clients occidentaux sur fond de guerre en Ukraine.
La hausse est si importante que la Russie est devenue le mois dernier le premier fournisseur du géant asiatique, devant l’Arabie saoudite.
Les Occidentaux ont adopté depuis la fin février des sanctions sans précédent contre la Russie en représailles à son invasion de l’Ukraine. Ils ont notamment réduit leurs importations d’hydrocarbures russes.
Face au boycottage des produits russes à l’étranger et à la multitude de départs de firmes étrangères de Russie, Moscou ne peut compter que sur la puissance chinoise pour échapper à un isolement économique total.
À plusieurs reprises, les États-Unis et l’Union européenne (UE) ont mis en garde Pékin contre tout soutien au régime du président russe Vladimir Poutine qui permettrait d’atténuer l’impact des sanctions.
En mai, les importations de pétrole russe par la Chine ont toutefois augmenté de 55% sur un an, selon les chiffres publiés lundi par les Douanes chinoises.
Le mois dernier, le géant asiatique a acheté à la Russie quelque 8,42 millions de tonnes de pétrole.
Il s’agit d’une quantité bien supérieure aux livraisons de Russie reçues un an plus tôt (5,44 millions de tonnes).
Fait notable, les importations de pétrole russe le mois dernier étaient supérieures à celles en provenance d’Arabie saoudite, habituellement premier fournisseur de la Chine (7,82 millions).
Pékin à la rescousse
Quant aux achats de gaz naturel liquéfié (GNL), ils ont progressé le mois dernier de 54% sur un an à 397 000 tonnes, selon les Douanes.
La démarche de Pékin contraste avec l’attitude des Occidentaux, qui tentent de réduire leur dépendance aux hydrocarbures russes depuis la guerre en Ukraine.
Selon un récent rapport de l’Agence internationale de l’énergie (AIE) publié la semaine dernière, les exportations de pétrole russe vers l’Occident ont ainsi nettement baissé depuis le début de la guerre en Ukraine.
C’est notamment le cas vers l’UE (3,9 millions de barils/jour au total en février contre 3,4 en mai) et vers la destination «États-Unis/Royaume-Uni» (0,9 million contre 0,1 million).
Cette chute s’est poursuivie le mois dernier, selon l’AIE, mais a été «compensée par une augmentation des envois vers la Chine» et aussi vers l’Inde — autre pays d’Asie qui n’a pas condamné l’invasion russe avec un bond de 0,1 en février à 0,9 million de barils par jour en mai.
Pékin est le principal partenaire économique de Moscou.
Tous produits confondus, les importations totales chinoises en provenance de Russie ont augmenté en mai de 80% sur un an, pour atteindre quelque 10,3 milliards de dollars, selon les Douanes.
Mercredi, le président chinois Xi Jinping avait réaffirmé la proximité de son pays avec la Russie, lors d’un échange téléphonique avec son homologue Vladimir Poutine.
«Vieil ami»
Les deux dirigeants ont notamment convenu d’élargir la coopération dans le domaine énergétique, selon un compte-rendu du Kremlin.
La Chine, qui partage plus de 4 000 km de frontière avec la Russie, a vu bondir ces dernières décennies ses besoins énergétiques en phase avec sa croissance économique.
L’an dernier, le voisin russe a fourni notamment au géant asiatique 16% de son pétrole, selon la banque ANZ.
Le président chinois n’a jamais caché sa proximité avec Vladimir Poutine, qualifié de «vieil ami».
Depuis l’arrivée au pouvoir du président Xi en 2012, les deux hommes se sont rencontrés à plus de trente reprises.
La dernière rencontre en date remonte au mois de février à Pékin, trois semaines avant le début de la guerre en Ukraine.
Les deux hommes avaient alors proclamé «l’amitié sans limites» entre la Chine et la Russie et signé une multitude d’accords, notamment dans le domaine du gaz.
La Chine se refuse depuis l’intervention du 24 février à employer le mot «invasion» pour décrire l’opération militaire lancée par Moscou, et rejette la faute sur les États-Unis et l’OTAN.
Proche du Kremlin, avec qui il veut faire front commun contre les États-Unis, le pouvoir chinois s’est abstenu de condamner l’invasion russe.