Bureaux de vote ouverts aux États-Unis: l’heure du choix a sonné
La Presse Canadienne|Mis à jour le 06 novembre 2024La candidate démocrate à l'élection présidentielle, la vice-présidente Kamala Harris (à gauche), et le candidat républicain à l'élection présidentielle, l'ancien président Donald Trump (à droite). (Photo: Archives / Associated Press)
Washington — Les bureaux de vote sont maintenant ouverts aux États-Unis, où des millions d’Américains se prononceront mardi à savoir s’ils veulent donner un deuxième mandat de président à Donald Trump ou s’ils préfèrent ouvrir les portes du Bureau ovale à Kamala Harris pour la première fois.
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Lorsqu’ils se présenteront dans l’isoloir, les électeurs devront départager deux candidats qui ont offert des tempéraments et des visions radicalement opposés de la plus grande économie du monde et puissance militaire dominante.
Kamala Harris, la vice-présidente démocrate, pourrait devenir la première femme à être élue présidente. Elle a promis de s’attaquer aux inquiétudes économiques et à d’autres problèmes, sans s’écarter radicalement de la voie fixée par le président Joe Biden.
Élections américaines: notre couverture
Donald Trump, l’ancien président républicain, s’est quant à lui engagé à imposer des droits de douane drastiques aux alliés comme aux ennemis des États-Unis, en plus d’organiser la plus grande opération d’expulsion de l’histoire du pays.
Les deux candidats ont passé les dernières heures de la campagne à se chevaucher en Pennsylvanie, l’État le plus disputé. Ils essayaient de dynamiser non seulement leur base électorale, mais aussi les Américains qui n’ont pas encore fait leur choix ou qui hésitent à aller voter.
Selon toute vraisemblance, l’élection se jouera dans sept États clés. De ce nombre, cinq ont été remportés par Donald Trump en 2016 avant de basculer vers Joe Biden en 2020: le «mur bleu» formé de la Pennsylvanie, du Michigan et du Wisconsin, ainsi que l’Arizona et la Géorgie. Le Nevada et la Caroline du Nord, que les démocrates et les républicains ont respectivement remportés lors des deux dernières élections, sont également très disputés.
En raison des sondages qui placent les deux candidats au coude à coude à l’échelle nationale et du nombre élevé d’États pivots en jeu, il est possible qu’une fois de plus, le vainqueur ne soit pas connu durant la soirée électorale.
Premier signe que l’élection s’annonce serrée: dans le hameau de Dixville Notch, dans le New Hampshire, le vote a été divisé entre Donald Trump et Kamala Harris, avec trois voix chacun. À cet endroit, la tradition est de voter dès minuit le jour du scrutin.
En 2020, il a fallu quatre jours pour déclarer un vainqueur. Quoi qu’il en soit, Donald Trump a déjà laissé entendre, sans fondement, que s’il perd mardi, ce sera à cause d’une fraude. L’équipe de Kamala Harris s’attend à ce que le candidat républicain tente de revendiquer la victoire avant qu’un vainqueur ne soit connu, ou qu’il tente de contester le résultat si elle l’emporte.
Il y a quatre ans, Donald Trump a lancé une tentative pour renverser la volonté des électeurs qui s’est terminée par l’insurrection du 6 janvier 2021 au Capitole américain.
Donald Trump a prévu de voter dans son État d’adoption, la Floride. Il passera le reste de la journée dans sa propriété de Mar-a-Lago avant un rassemblement dans un centre de congrès voisin.
Le candidat républicain à la vice-présidence et colistier de Donald Trump, J.D. Vance, a pour sa part voté à Cincinnati aux alentours de 9 heures.
«Je me sens bien. On ne sait jamais avant de savoir, mais je me sens bien dans cette course», a assuré J.D. Vance après avoir voté avec sa femme.
Kamala Harris, de son côté, a déjà voté par correspondance dans son État d’origine, la Californie. Elle organisera une soirée de visionnement dans son alma mater, l’Université Howard, à Washington.
Deux visions différentes
Kamala Harris, qui est âgée de 60 ans, deviendrait la première femme, femme noire et personne d’origine sud-asiatique à devenir présidente. Elle serait également la première vice-présidente en exercice à être promue à la Maison-Blanche en 32 ans.
Une victoire de sa part couronnerait une campagne éclair sans précédent dans l’histoire américaine. Kamala Harris a pris le relais comme candidate démocrate il y a moins de quatre mois lorsque Joe Biden, confronté à une pression massive de son parti après une performance désastreuse en débat, a choisi de se retirer de la course.
Donald Trump, qui a 78 ans, serait le président le plus âgé jamais élu. Il serait également le premier président défait en 132 ans à décrocher par la suite un autre mandat à la Maison-Blanche. Il serait aussi la première personne condamnée pour un crime à prendre le contrôle du Bureau ovale.
Après avoir quitté Washington abandonné par certains alliés après les événements du 6 janvier 2021, Donald Trump a battu ses rivaux plus jeunes lors des primaires républicaines, consolidant le soutien tant d’alliés de longue date que de rivaux acerbes au sein de son parti. Il a survécu de justesse à une tentative d’assassinat lors d’un rassemblement en juillet. Des agents des services secrets ont déjoué une deuxième tentative d’assassinat le visant en septembre.
Une victoire de Donald Trump lui permettrait d’éviter d’aller en prison après avoir été reconnu coupable d’avoir caché des paiements à une actrice de films pour adultes lors de sa première campagne présidentielle, en 2016. Sa condamnation dans cette affaire pourrait avoir lieu plus tard ce mois-ci. Et une fois au pouvoir, Donald Trump pourrait mettre fin à l’enquête fédérale sur ses efforts pour annuler les résultats des élections de 2020.
D’énormes enjeux pour les États-Unis et le monde
Les turbulences potentielles d’un second mandat de Donald Trump ont été amplifiées par son adhésion à l’extrême droite du Parti républicain et son mépris des normes démocratiques.
Donald Trump a utilisé une rhétorique dure contre Kamala Harris et d’autres démocrates, les qualifiant de «démoniaques», et a suggéré une action militaire contre des personnes qu’il qualifie d’«ennemis de l’intérieur».
Kamala Harris, se référant aux avertissements des anciens collaborateurs de Donald Trump, a qualifié son rival de «fasciste» et a accusé Donald Trump d’avoir mis la vie des femmes en danger en nommant à la Cour suprême trois des juges qui ont annulé l’arrêt Roe contre Wade, qui protégeait l’accès à l’avortement à l’échelle nationale.
Dans les dernières heures de la campagne, elle a essayé d’adopter un ton plus positif et a passé toute la journée de lundi sans prononcer le nom de son adversaire républicain.
À l’approche du jour du scrutin, les responsables fédéraux, étatiques et locaux ont exprimé leur confiance dans l’intégrité des systèmes électoraux du pays. Ils sont néanmoins prêts à faire face à ce qu’ils disent être un niveau sans précédent de désinformation étrangère – en particulier de la part de la Russie et de l’Iran – ainsi qu’à la possibilité de violences physiques ou de cyberattaques.
Les deux camps disposent d’armées d’avocats en prévision de contestations judiciaires. Et les forces de l’ordre sont en état d’alerte maximale dans tout le pays en prévision d’éventuelles manifestations de violence.
L’issue de la course est surveillée de près dans le monde entier, puisque l’avenir du soutien américain à l’Ukraine, la fidélité des États-Unis à ses alliances mondiales et l’engagement du pays à tenir tête aux autocrates sont en jeu.
Plus de 82 millions de personnes ont voté par anticipation, soit un peu moins que le record établi pendant la pandémie de 2020.
Par Zeke Miller, Michelle L. Price et Will Weissert