Riposte israélienne à l’attaque de missiles de l’Iran du 1er octobre: ce que l’on sait
AFP|Mis à jour le 26 octobre 2024Yoav Gallant (Photo: Ariel Hermoni / Anadolu / Getty Images)
Israël a indiqué samedi avoir mené des frappes sur le territoire iranien, en représailles à l’attaque de missiles de l’Iran le 1er octobre sur son sol et aux attaques de mouvements soutenus par Téhéran visant Israël depuis un an.
Voici ce que l’on sait:
En quoi consistent les représailles israéliennes?
L’armée israélienne a indiqué avoir mené des frappes « précises et ciblées » visant des installations de fabrication de missiles, des batteries de missiles sol-air et d’autres systèmes aériens.
L’Iran a confirmé une attaque d’Israël contre des sites militaires dans la capitale et dans deux autres provinces limitrophes de l’Irak.
Les premières détonations ont retenti vers 2h15 (22h45 GMT vendredi), principalement à l’ouest de Téhéran, selon l’agence de presse officielle Irna.
Après une série de six détonations rapportées dans la nuit par la télévision d’État, d’autres déflagrations accompagnées de traînées lumineuses dans le ciel ont été entendues et vues depuis le centre de Téhéran par des journalistes de l’AFP.
Les six premières explosions sont « liées à l’activation du système de défense aérienne contre l’opération du régime sioniste qui a attaqué trois sites à la périphérie de Téhéran », avait indiqué la télévision d’État, en référence à Israël que la République islamique ne reconnaît pas.
L’attaque israélienne a provoqué des « dégâts limités », selon l’Iran, qui a annoncé peu après que deux militaires iraniens avaient été tués.
L’aviation civile iranienne a annoncé dans la matinée la reprise progressive des vols dans son espace aérien après une brève suspension au cours de la nuit.
Peu après l’Iran, l’Irak voisin avait également annoncé suspendre le trafic aérien dans son espace.
Ni incendie ni explosion n’ont été signalés à la principale raffinerie de Téhéran, a précisé l’agence de presse iranienne Tasnim.
Dans un communiqué, le porte-parole de l’armée israélienne a expliqué que ces frappes donnaient à Israël « une plus grande liberté d’action » dans l’espace aérien iranien.
Pourquoi ces représailles?
Les frappes israéliennes ont été menées en représailles à deux attaques iraniennes.
Lors de la dernière et plus importante, le 1er octobre, l’Iran avait tiré quelque 200 missiles sur le territoire israélien, notamment et pour la première fois des missiles hypersoniques.
Téhéran avait présenté cette offensive comme une vengeance après des frappes israéliennes au Liban qui ont coûté la vie fin septembre à un général iranien et au chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah, à la tête pendant plus de trente ans de ce mouvement islamiste soutenu par l’Iran et contre lequel Israël est en guerre ouverte au Liban depuis fin septembre.
Les responsables iraniens avaient aussi invoqué une réponse à l’assassinat fin juillet sur leur territoire, imputé à Israël, d’Ismaïl Haniyeh, alors chef du Hamas. Ce mouvement islamiste palestinien a lancé une attaque sans précédent sur le sol israélien le 7 octobre 2023, déclenchant une guerre avec Israël dans la bande de Gaza.
Le ministre israélien de la Défense, Yoav Gallant, avait promis une riposte « mortelle, précise et surprenante » à l’attaque iranienne du 1er octobre.
Le président américain, Joe Biden, avait appelé début octobre son allié à épargner les sites pétroliers iraniens, tandis que le candidat républicain, Donald Trump, avait suggéré de viser les installations nucléaires de l’Iran.
Téhéran avait mis en garde contre toute attaque visant ses « infrastructures ».
Quelles sont les réactions?
Ces frappes aériennes israéliennes ont suscité de nombreuses condamnations de la part de pays de la région, ainsi que des appels à la retenue face aux craintes « d’escalade ». Voici les principales réactions.
Iran
Téhéran a condamné les frappes sur son territoire en affirmant que l’Iran avait « le droit et le devoir de se défendre ».
« L’Iran considère qu’il a le droit et le devoir de se défendre contre les actes d’agression étrangers, sur la base du droit inhérent de légitime défense qui figure à l’article 51 de la Charte des Nations unies », selon un communiqué de la diplomatie iranienne.
Russie
Moscou s’est inquiétée d’une « escalade explosive en cours entre Israël et la République islamique, qui fait peser de réelles menaces sur la stabilité et la sécurité de la région ».
« Nous demandons à toutes les parties concernées de faire preuve de retenue », a ajouté dans un communiqué la porte-parole Maria Zakharova.
Turquie
La diplomatie turque a appelé à « mettre fin à la terreur créée par Israël dans la région » et « condamné » les frappes israéliennes.
« Nous condamnons avec la plus grande fermeté l’attaque israélienne contre l’Iran. En commettant un génocide à Gaza, en se préparant à annexer la Cisjordanie et en tuant des civils chaque jour au Liban, Israël a amené notre région au bord d’une plus grande guerre » selon le ministère.
Arabie saoudite
Ryad a condamné les frappes israéliennes en Iran, mettant en garde contre toute extension du conflit dans la région, où Israël est en guerre contre le Hamas palestinien à Gaza et le Hezbollah au Liban.
« Le Royaume d’Arabie saoudite condamne » les frappes israéliennes en Iran et réitère sa « position ferme de rejet de l’escalade du conflit dans la région », qui « menace la sécurité et la stabilité des pays et des peuples » au Moyen-Orient, a indiqué le ministère des Affaires étrangères sur X.
Pakistan
Le Pakistan a également « condamné » les frappes israéliennes, faisant porter « l’entière responsabilité de l’escalade et de l’extension du conflit » à Israël, qu’il ne reconnaît pas.
Le Pakistan, grand allié régional des États-Unis, partage une longue frontière avec l’Iran.
Le Premier ministre pakistanais Shehbaz Sharif s’est dit sur X « très inquiet de l’agression israélienne contre l’Iran ».
Irak
Pour sa part, le gouvernement irakien a mis en garde contre les « conséquences dangereuses » résultant du « silence de la communauté internationale » face au « comportement brutal » d’Israël.
Le porte-parole du gouvernement, Basim Alawadi, a accusé Israël de poursuivre « l’expansion du conflit dans la région » avec des « attaques perpétrées dans l’impunité ».
Syrie
Exprimant sa « solidarité » avec la République islamique », la Syrie a soutenu « le droit légitime de l’Iran à se défendre » contre « l’agression israélienne » qu’elle a condamnée.
Le ministère syrien des Affaires étrangères a indiqué dans un communiqué soutenir « le droit légitime de l’Iran à se défendre et à protéger son territoire et la vie de ses ressortissants ».
Jordanie
La Jordanie a également « condamné » les frappes isréliennes. Le royaume a fait part de son « rejet absolu de l’escalade dangereuse dans la région et des violations du droit international ».
Afghanistan
Les talibans ont dénoncé « une tentative d’aggraver la violence dans la région qui complique » encore la situation.
Royaume-Uni
Le premier ministre britannique Keir Starmer a déclaré que « l’Iran ne doit pas répondre » aux frappes israéliennes.
« Il est clair qu’Israël a le droit de se défendre contre l’agression iranienne, et il est tout aussi clair que nous devons éviter une nouvelle escalade régionale, et j’exhorte toutes les parties à faire preuve de retenue », a-t-il indiqué lors d’une conférence de presse au sommet du Commonwealth aux Samoa.
France
La France a appelé les parties en présence « à s’abstenir de toutes escalade et action susceptibles d’aggraver le contexte d’extrême tension » au Moyen-Orient, selon un communiqué du ministère des Affaires étrangères.
Allemagne
Le chancelier allemand Olaf Scholz a aussi mis en garde samedi Téhéran contre toute « escalade ». « Cela doit cesser maintenant. C’est alors que s’ouvrira la possibilité d’une évolution pacifique au Proche-Orient », a dit M. Scholz, dans un message sur X.