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Combats à «intensité maximale» dans l’est de l’Ukraine

AFP|Mis à jour le 16 avril 2024

Combats à «intensité maximale» dans l’est de l’Ukraine

L'Ukraine souhaite recevoir des unités mobiles capables d'envoyer plusieurs roquettes simultanément. (Photo: Getty Images)

Ce texte regroupe tous les derniers développements à propos de l’invasion de la Russie en Ukraine pour la journée du 26 mai. Pour retrouver toute notre couverture sur le conflit, c’est ici. NDLR. Certains contenus sont explicites et peuvent être difficiles à lire.

11h15 | L’Ukraine a décrit jeudi une offensive militaire russe d’« intensité maximale » et une situation extrêmement difficile dans l’est de son territoire, demandant plus d’armes lourdes et dénonçant par avance toute concession « pacifiste » à la Russie, qui a rejeté avec dédain un plan de paix italien.

« C’est dur, mais nous tenons le coup. Nous combattons pour chaque centimètre de la ligne de front, pour chaque village. Les armes occidentales nous aident à rejeter l’ennemi hors de notre terre », a écrit sur Telegram le commandant en chef des forces armées ukrainiennes Valeriï Zaloujny.

« Nous avons grand besoin d’armes qui permettront de frapper l’ennemi à grande distance », a-t-il ajouté, soulignant que « tout délai (dans ces livraisons d’armes lourdes) se paie par la vie de gens qui protègent le monde du Ruscisme », la contraction de « Russie » et « fascisme » employée en Ukraine pour désigner le régime instauré à Moscou par Vladimir Poutine.

Car sur le terrain, l’armée russe, qui après avoir échoué à prendre Kyiv et Kharkiv a concentré ses efforts sur la conquête complète du Donbass, le bassin industriel de l’est déjà partiellement contrôlé par des séparatistes prorusses depuis 2014, continue de progresser lentement.

 

« Pas de pacifisme faible »

Appuyée par un déluge de bombes, elle menace directement Severodonetsk, une ville de 100 000 habitants avant la guerre, qui pourrait connaître le même sort que Marioupol, la grande ville portuaire du sud-est en grande partie détruite après des semaines de siège qui ont fait 20 000 morts selon Kyiv.

« La mission est extrêmement difficile dans la région de Lougansk après trois mois d’attaques et de bombardements permanents. Et maintenant toutes les forces des Russes sont concentrées ici et nous devons contenir cette horde », a dit le gouverneur de cette région du Donbass, Serguiï Gaïdaï, sur Telegram.

« Il est clair que petit à petit nos gars reculent vers des positions mieux fortifiées », a-t-il ajouté.

Dans certaines zones de l’est, « l’ennemi est nettement supérieur, en équipement, en nombre de soldats », avait reconnu mercredi le président ukrainien Volodymyr Zelensky, au moment où son ministre des Affaires étrangères Dmytro Kouleba plaidait à Davos pour des sanctions encore renforcées contre Moscou.

« Les combats ont atteint leur intensité maximale et une étape longue et extrêmement difficile nous attend », à résumé à Kyiv jeudi la vice-ministre de la Défense Ganna Malyar au cours d’un point de presse. 

Elle s’est élevée contre ceux qui « ressortent encore une fois, du tiroir honteux de Munich, l’idée traîtresse d’apaiser l’agresseur ».

« Nous rejetons ce pacifisme faible. L’Ukraine se battra pour la libération complète de ses territoires dans leurs frontières internationalement reconnues. Et Poutine peut sauver la face en se retirant de nos territoires », a-t-elle ajouté, dans une allusion apparente aux appels, notamment de Paris, à ne pas « humilier » la Russie.

 

Rejet du plan italien

Comme symétriquement, la Russie, qui selon des analystes veut consolider ses gains territoriaux dans l’est et le sud de l’Ukraine avant toute solution négociée, a rejeté avec dédain un plan de paix italien.

Celui-ci qui prévoyait, sous garantie de l’ONU, un cessez-le-feu et le retrait des troupes, l’entrée de l’Ukraine dans l’UE, mais pas dans l’OTAN, et un statut d’autonomie pour le Donbass et la Crimée qui resteraient sous la souveraineté ukrainienne.

« Il y est question que la Crimée (péninsule ukrainienne annexée par la Russie en 2014) et le Donbass (région séparatiste dont l’indépendance a été reconnue par Moscou à la veille de la guerre en février) appartiennent à l’Ukraine avec une large autonomie », a dit M. Lavrov dans un entretien au média russe d’État RT.

« Des responsables politiques sérieux qui veulent des résultats ne peuvent pas proposer des choses comme ça », a-t-il ajouté, s’adressant apparemment à son homologue italien Luigi Di Maio.

La Russie poursuit donc son offensive lancée le 24 février, bombardant à nouveau jeudi Kharkiv, deuxième ville du pays qui avait entamé un retour à une vie normale mi-mai et où la circulation du métro avait repris.

« Selon des informations préliminaires, sept personnes ont été blessées et malheureusement quatre sont mortes », a déclaré le gouverneur régional Oleg Sinegoubov sur Telegram.

Selon un journaliste de l’AFP, au moins un secteur résidentiel du quartier de Pavlové Polé, au centre nord de la ville, a été touché. 

Selon la présidence ukrainienne, au cours des dernières 24 heures au moins trois personnes ont été tuées à Lyssytchansk dans la région de Lougansk, et quatre civils ont péri dans la région de Donetsk.

La présidence avait également indiqué que dans la zone de Kharkiv, deux personnes étaient mortes dans un bombardement à Balakliya, et que deux morts avaient également été recensés dans le sud du pays, dans la région de Mykolaïv.

« Les pays qui traînent des pieds sur la fourniture d’armes lourdes à l’Ukraine doivent comprendre que chaque journée qu’ils passent à décider, peser différents arguments, des gens sont tués », a martelé mercredi à Davos le ministre ukrainien des Affaires étrangères.

 

Passeport russe

Face aux inquiétudes quant à l’incapacité actuelle de l’Ukraine à exporter ses céréales en raison du blocage de ses ports par les Russes, il a fait état de discussions de Kyiv avec les Nations unies sur la possibilité d’un passage sécurisé à partir du port d’Odessa.

Le Kremlin a balayé jeudi les accusations occidentales.

« Nous rejetons catégoriquement ces accusations et accusons à l’inverse les pays occidentaux d’avoir pris une série de mesures illégales qui ont mené à ce blocus », a déclaré le porte-parole de la présidence russe, Dmitri Peskov. 

Sur le front méridional, Moscou s’affaire à consolider son emprise sur les territoires conquis depuis trois mois.

La Russie a ainsi annoncé qu’elle allait permettre aux habitants des régions de Zaporijjia et de Kherson de demander un passeport russe via « une procédure simplifiée ». L’Ukraine a aussitôt dénoncé un octroi « forcé » de la nationalité russe démontrant la volonté de Moscou de mener une annexion pure et simple de ces territoires.

Jeudi, à Marioupol, un responsable de la mairie a annoncé que les enfants allaient, en lieu et place des vacances d’été, suivre un programme de « dé-ukrainisation » et de préparation au programme russe, avec notamment des cours de langue, de littérature et d’histoire.

Sur le front diplomatique, le président du Conseil européen Charles Michel a déclaré qu’il restait « confiant » en un accord sur un embargo de l’UE sur le pétrole russe d’ici au début du Conseil européen lundi, malgré le blocage hongrois. 

Le chancelier allemand Olaf Scholz s’est dit « convaincu » jeudi à Davos que la Russie ne gagnerait pas la guerre et que le président Vladimir Poutine ne serait pas autorisé à « dicter » la paix.

 

5h59 | Kyiv — L’armée russe continue de progresser vers Severodonetsk, dans l’est de l’Ukraine et Kyiv, inquiet d’un risque de débordement, réclame davantage d’armes lourdes pour égaler la puissance de feu russe.

Dans certaines régions de l’est de l’Ukraine où se concentre l’offensive russe depuis des semaines, «l’ennemi est nettement supérieur, en équipement, en nombre de soldats», a reconnu mercredi soir le président ukrainien Volodymyr Zelensky. Mais les forces ukrainiennes «résistent à (cette) offensive extrêmement violente», a-t-il ajouté dans son message vidéo quotidien.

«Nous avons besoin de l’aide de nos partenaires, et particulièrement d’armes», a-t-il plaidé, quelques heures après que son ministre des Affaires étrangères Dmytro Kouleba eut réclamé davantage d’armes lourdes.

L’Ukraine souhaite recevoir des unités mobiles capables d’envoyer plusieurs roquettes simultanément. «C’est vraiment l’arme dont nous avons grandement besoin», a affirmé M. Kouleba après des discussions avec des responsables gouvernementaux et des chefs d’entreprises, dans le cadre du Forum économique de Davos (Suisse).

«La bataille pour le Donbass ressemble beaucoup aux batailles de la Deuxième Guerre mondiale», a-t-il expliqué devant la presse. 

Certains villages et villes y «ont été réduits en ruines par les tirs d’artillerie russe, par des systèmes russes de lancement de multiples roquettes» — un type d’armes manquant à son pays, a détaillé le ministre.

Les forces russes se rapprochent chaque jour un peu plus de Severodonetsk, dont la prise leur est indispensable pour contrôler totalement le Donbass, un bassin minier déjà en partie occupé par des séparatistes prorusses.

Elles sont assez proches pour pouvoir tirer au mortier sur la ville, peuplée d’environ 100 000 habitants avant la guerre, qui «est tout simplement en train d’être détruite», avec, déjà, des combats en périphérie, a assuré mercredi Serguiï Gaïdaï, le gouverneur de la région.

 

«Pas encerclée»

Pour autant, selon lui la ville «n’est pas encerclée», contrairement à ce qu’a affirmé un responsable des séparatistes prorusses. 

Environ 15 000 personnes s’y trouvent encore ainsi que dans les villages proches, malgré les bombardements incessants, a-t-il indiqué.

Dans cette région, les villes sur la ligne de front se sont vidées de leurs habitants, les récalcitrants, souvent âgés, passant la plupart de leur temps à se cacher dans des caves.

Comme dans la ville de Soledar, à quelques dizaines de kilomètres de Severodonetsk, où Natalia, 47 ans, est remontée à l’air libre «juste pour voir des gens». «Nous avons besoin de savoir que nous ne sommes pas seuls et qu’il y a toujours de la vie par ici», dit-elle.

Dans la ville voisine de Lysychansk, la police a pris le relais des services funéraires pour enterrer les morts, a encore dit M. Gaïdaï. Au moins 150 personnes ont dû y être enterrées dans une fosse commune, a-t-il ajouté.

Selon la présidence ukrainienne, au cours des dernières 24 heures au moins trois personnes ont été tuées dans cette ville de la région de Lougansk, et quatre civils ont péri dans la région de Donetsk.

Par ailleurs, dans la zone de Kharkiv (nord-est), deux personnes sont mortes dans le bombardement de Balakliya tandis que deux morts ont également été recensés dans le sud du pays, dans la région de Mykolaïv.

«Les pays qui traînent des pieds sur la fourniture d’armes lourdes à l’Ukraine doivent comprendre que chaque journée qu’ils passent à décider, peser différents arguments, des gens sont tués», a martelé à Davos le ministre ukrainien des Affaires étrangères. 240 enfants notamment sont morts depuis le lancement de l’offensive russe, selon les services du procureur général. Face aux inquiétudes quant à l’incapacité actuelle de l’Ukraine à exporter ses céréales en raison du blocage de ses ports par les Russes, il a fait état de discussions de Kyiv avec les Nations unies sur la possibilité d’un passage sécurisé à partir du port d’Odessa.

S’adressant par visioconférence à Davos, le président Zelensky a de son côté appelé mercredi ses alliés occidentaux à cesser de ménager la Russie ou ses intérêts.

«Quoi que fasse l’État russe, il y a toujours quelqu’un pour dire: prenons en compte ses intérêts. Cette année à Davos, on l’a encore entendu», a-t-il déploré.

«Nous devons faire tout ce qui est possible pour que (…) les intérêts des Ukrainiens ne soient pas supplantés par les intérêts de ceux qui sont toujours pressés de se précipiter à un autre rendez-vous avec le dictateur», a-t-il déclaré, sans nommer le président russe Vladimir Poutine.

 

«Europe unie»

Plus tôt mercredi, il avait réclamé le «soutien d’une Europe unie», déplorant le manque de cohésion des Occidentaux face à cette guerre qui vient d’entrer dans son quatrième mois. 

Sur le front méridional, Moscou s’affaire à consolider son emprise sur les territoires conquis depuis trois mois.

La Russie a ainsi annoncé qu’elle allait permettre aux habitants des régions de Zaporijjia et de Kherson de demander un passeport russe via «une procédure simplifiée». L’Ukraine a aussitôt dénoncé une mesure démontrant la volonté de Moscou de mener une annexion pure et simple de ces territoires.

«L’octroi forcé de passeports aux Ukrainiens à Kherson et Zaporijjia est une nouvelle preuve de l’objectif criminel de la guerre de la Russie contre l’Ukraine», a déclaré dans un communiqué le ministère ukrainien des Affaires étrangères.

Sur le front diplomatique, le président du Conseil européen Charles Michel a déclaré qu’il restait «confiant» en un accord sur un embargo de l’UE sur le pétrole russe d’ici au début du Conseil européen lundi, malgré le blocage hongrois. 

De son côté, Dmytro Kouleba a indiqué jeudi sur twitter avoir eu sa première conversation téléphonique avec sa nouvelle homologue française Catherine Colonna et «être convenu avec elle de la nécessité d’intensifier la pression des sanctions sur la Russie, y compris un embargo pétrolier».

Une mesure indispensable selon Kyiv qui a appelé mercredi à Davos la communauté internationale à «tuer les exportations russes».

À Davos également, le chancelier allemand Olaf Scholz s’est dit «convaincu» jeudi que la Russie ne gagnerait pas la guerre et que le président Vladimir Poutine ne serait pas autorisé à «dicter» la paix.