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De violents combats font rage dans le sud de l’Ukraine

AFP et La Presse Canadienne|Mis à jour le 16 avril 2024

De violents combats font rage dans le sud de l’Ukraine

«De puissantes explosions ont eu lieu toute la journée (lundi) et toute la nuit dans la région de Kherson.» (Photo: Getty Images)

Ce texte regroupe toutes les réactions depuis l’invasion de la Russie en Ukraine pour la journée du 30 août 2022. Il sera mis à jour au courant de la journée. Pour retrouver toute notre couverture sur le conflit, c’est ici.

Kyiv — L’Ukraine a affirmé mardi avoir détruit des ponts et des dépôts de munitions ainsi que pilonné des postes de commandement lors d’une vague de combats dans le sud du pays occupé par la Russie, alimentant la spéculation selon laquelle sa contre-offensive tant attendue pour tenter de renverser le cours de la guerre était en cours. La Russie a déclaré avoir repoussé l’attaque et infligé de lourdes pertes.

Les affrontements ont eu lieu dans la région de Kherson, où les forces de Moscou ont engrangé des gains importants au début de la guerre. Les autorités ukrainiennes ont laissé le monde deviner leurs intentions lors de la dernière série de combats et ont mis en garde contre un optimisme excessif dans un conflit qui a déjà connu des renversements de situation.

Alors que la vérification indépendante des faits sur le champ de bataille est difficile, le ministère britannique de la Défense a indiqué dans un rapport du renseignement que plusieurs brigades ukrainiennes avaient intensifié leurs tirs d’artillerie dans les secteurs du front du sud de l’Ukraine.

La ville portuaire de Kherson est un pôle économique important à proximité de la mer Noire et fut la première grande ville à tomber aux mains des Russes dans la guerre qui a commencé il y a six mois.

Le bureau présidentiel ukrainien a rapporté que «de puissantes explosions se sont poursuivies jour et nuit dans la région de Kherson. Des batailles acharnées se déroulent pratiquement dans toute la région». Les forces ukrainiennes ont détruit les dépôts de munitions et tous les grands ponts sur le fleuve Dniepr qui sont vitaux pour acheminer le ravitaillement des troupes russes, a ajouté le bureau.

L’armée ukrainienne a également signalé avoir détruit un pont flottant sur le Dniepr que les forces russes étaient en train d’installer et avoir frappé une douzaine de postes de commandement dans la région avec des tirs d’artillerie.

L’agence de presse d’État russe Tass a rapporté que cinq explosions ont secoué Kherson mardi matin — des explosions très probablement causées par des systèmes de défense aérienne.

Au milieu des discussions sur une contre-offensive majeure, le président ukrainien Volodymyr Zelensky a annoncé lundi dans son discours vidéo nocturne que personne «n’entendra de détails d’aucune personne vraiment responsable» sur les intentions de Kyiv, «parce que c’est la guerre».

Le ministère britannique de la Défense a souligné que la plupart des unités russes autour de Kherson «sont probablement sous-équipées et dépendent de lignes d’approvisionnement fragiles» tandis que ses forces là-bas subissent une réorganisation importante.

Le porte-parole du ministère russe de la Défense, le lieutenant-général Igor Konachenkov, a affirmé que ses forces avaient bien résisté et que l’Ukraine avait perdu des centaines de soldats, de chars et d’autres véhicules blindés lors de la bataille de lundi. Son affirmation n’a pas pu être vérifiée de manière indépendante.

L’analyste militaire ukrainien indépendant Oleh Zhdanov a déclaré à l’Associated Press qu’«il ne sera possible de parler de l’efficacité des actions ukrainiennes qu’après la reprise des grandes villes». Il a ajouté que les forces ukrainiennes avaient percé les première et deuxième lignes de défense dans la région de Kherson à plusieurs reprises dans le passé, «mais cela n’a pas donné de résultats».

«La chose la plus importante est le travail de l’artillerie ukrainienne sur les ponts, que l’armée russe ne peut plus utiliser», a expliqué M. Zhdanov.

La guerre s’est retrouvée dans une impasse au cours des derniers mois, le nombre de victimes augmentant et la population locale supportant le poids des souffrances lors des bombardements incessants dans l’est et le sud.

Parmi les craintes que les combats autour de la centrale nucléaire de Zaporijjya, occupée par la Russie, ne conduisent à une catastrophe, une équipe d’experts de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) des Nations unies a été envoyée en mission pour visiter et protéger le complexe. L’Ukraine et la Russie se sont mutuellement accusées de bombarder la zone à plusieurs reprises.

Nikopol, une ville située sur l’autre rive du Dniepr par rapport à l’usine, a de nouveau subi un déluge de bombardements intensifs, ont déclaré les autorités locales, avec une gare routière, des magasins et une bibliothèque pour enfants endommagés. La ville de Zaporijjya, à environ 50 kilomètres de l’usine, a été ciblée par une frappe de missile russe, selon l’Ukraine.

– Avec les informations de Yuras Karmanau à Tallinn, en Estonie et de Paul Byrne, The Associated Press

 

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Mykolaïv — De «violents combats» se déroulent mardi dans le sud de l’Ukraine où les troupes de Kyiv ont lancé une contre-offensive, dans l’espoir de reprendre la ville de Kherson aux mains des Russes.

«De puissantes explosions ont eu lieu toute la journée (lundi) et toute la nuit dans la région de Kherson. De violents combats se déroulent sur la quasi-totalité du territoire de la région», a indiqué la présidence ukrainienne dans son breffage matinal.

À Bereznehuvate, une ville de l’arrière-front à 70 km au nord de Kherson, de nombreux militaires se reposent au passage constant des blindés, a constaté l’AFP alors que de nombreux tirs d’artillerie raisonnent dans les environs. 

Certains sont en route vers le front, comme ce petit groupe de soldats attendant que leur char T74, dont le moteur en surchauffe, soit réparé. D’autres en reviennent et se reposent.

«On les a bien enfoncés», dit Victor, un soldat d’infanterie d’une soixantaine d’années qui ne veut pas en dire plus. Son commandant, Oleksandre, vétéran de l’Afghanistan, affirme que la reconquête de Kherson sera «longue et compliquée».

 

Couper l’approvisionnement

«Les forces armées ukrainiennes ont lancé des actions offensives dans diverses directions», a-t-elle poursuivi, affirmant avoir détruit «un certain nombre de dépôts de munitions» et «tous les grands ponts» permettant aux véhicules de traverser le fleuve Dniepr, afin de couper l’approvisionnement de l’armée russe en provenance de la Crimée annexée par Moscou en 2014.

Selon une note du ministère de la Défense britannique, «la plupart des unités (russes) autour de Kherson sont probablement en sous-effectifs et doivent compter sur un approvisionnement fragile par traversier et ponts flottants».

La contre-attaque ukrainienne vise pour l’essentiel à reprendre Kherson — une ville de 280 000 habitants avant le conflit — prise par les Russes dès le début de la guerre le 24 février, selon des responsables locaux.

Le député Serguiï Khlan a évoqué à la télévision ukrainienne «de puissantes attaques d’artillerie sur les positions ennemies (…) sur l’ensemble du territoire de la région occupée de Kherson».

La Russie a pour sa part affirmé dès lundi avoir repoussé des «tentatives d’offensive» ukrainiennes dans les régions de Kherson et de Mykolaïv, dans le sud de l’Ukraine.

Selon un communiqué du ministère russe de la Défense publié mardi, «en raison de l’échec de l’offensive ukrainienne (…) l’ennemi a subi de lourdes pertes», soit «1 200 militaires ukrainiens en un jour», ainsi que des dizaines de véhicules militaires. 

Selon le commandement «Sud» de l’armée ukrainienne, les Russes ont bombardé Mikolaïv lundi avec 16 missiles antiaériens S-300 qui ont provoqué des dégâts «importants» notamment sur des bâtiments d’habitation. Deux civils ont été tués et 24 blessés, selon cette source.

Ces informations étaient invérifiables de sources indépendantes.

«L’Ukraine est en train de reprendre ce qui est à elle et reprendra tout au final — les régions de Kharkiv, Lougansk, Donetsk, Zaporijjia, Kherson, la Crimée, les eaux de la mer Noire et de la mer d’Azov (…)», a martelé lundi soir dans son message quotidien le président ukrainien Volodymyr Zelensky.

Les bombardements russes n’ont par ailleurs pas cessé sur la ligne de front qui s’étend du nord au sud.

Dans le centre de Kharkiv (nord-est), la deuxième ville d’Ukraine, au moins cinq personnes ont été tuées dans des bombardements russes, ont annoncé le maire et le gouverneur régional mardi.

 

Risque nucléaire

Le gouverneur de la région de Zaporijjia (sud) Oleksandre Staroukh a fait savoir mardi à l’aube que la Russie avait lancé une attaque avec des missiles contre la ville éponyme. Il n’y a pas eu de victimes ni de dégâts importants, selon la même source.

C’est dans cette région que des experts de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) sont attendus afin d’inspecter la centrale nucléaire de Zaporijjia, la plus grande d’Europe, occupée depuis début mars par les Russes et au centre de toutes les tensions.

L’organisme onusien a envoyé une mission, conduite par son directeur général Rafael Grossi, à Zaporijjia, afin de visiter «plus tard cette semaine» les installations.

M. Grossi réclamait depuis plusieurs mois de pouvoir s’y rendre, avertissant du «risque réel de catastrophe nucléaire» après une série de bombardements dont les deux belligérants se rejettent la responsabilité.

Accusée par Kyiv d’avoir positionné des pièces d’artillerie sur le site de la centrale, la Russie a dit mardi «espérer que cette mission aura lieu», par la voix du porte-parole du Kremlin Dmitri Peskov. «Nous l’attendons», a-t-il ajouté.

L’opérateur ukrainien Energoatom a néanmoins affirmé que les soldats russes «mettaient la pression sur le personnel de la centrale pour l’empêcher de révéler des preuves des crimes de l’occupant».

Par ailleurs, les autorités ukrainiennes préparaient la rentrée scolaire prévue jeudi. À Kyiv, 132 000 enfants sont attendus dans les classes le 1er septembre, selon le maire Vitali Klitschko.

En outre, alors que l’automne approche, un pas de plus vers le tarissement des flux de gaz russe vers la France a été franchi mardi avec l’annonce par le groupe Engie d’une nouvelle réduction des livraisons du géant Gazprom.

Les livraisons de gaz russe à l’énergéticien français Engie avaient déjà diminué depuis le début du conflit en Ukraine, passant récemment à seulement 1,5 TWh (térawatt-heure) par mois.

Pour sa part, l’Allemagne est «en meilleure position» pour contrer la menace du gaz russe, a affirmé le chancelier Olaf Scholz.

Parallèlement, un navire affrété par l’ONU transportant 23 000 tonnes de blé ukrainien à destination de l’Éthiopie, où des millions d’habitants souffrent de la faim, est arrivé mardi au port de Djibouti, a annoncé le Programme alimentaire mondial (PAM).