Logo - Les Affaires
Logo - Les Affaires

Débat: Macron et Le Pen s’opposent sur l’âge de la retraite

AFP|Publié le 20 avril 2022

Débat: Macron et Le Pen s’opposent sur l’âge de la retraite

La candidate du RN répondant être «une femme absolument et totalement libre». (Photo: 123RF)

Paris — Emmanuel Macron et Marine Le Pen se sont opposés mercredi lors de leur débat sur l’âge de départ à la retraite, que le chef de l’État souhaite porter progressivement à 64 ou 65 ans tandis que la présidente du RN veut rester «entre 60 et 62 ans».

Marine Le Pen a assuré qu’avec elle les salariés «partiront à la retraite entre 60 et 62 ans» et que «pour avoir une retraite pleine, il leur faudra entre 40 et 42 annuités».

Elle a aussi défendu un système «progressif» où «ceux qui auront eu un premier emploi significatif avant 20 ans pourront partir à la retraite à 60 ans, après 40 annuités». « Progressivement, au fur et à mesure de l’âge auquel on rentre dans le système, on atteindra maximum 42 annuités 62 ans », a-t-elle assuré.

«C’est évidemment fort différent du projet de monsieur Macron qui veut faire travailler tout le monde jusqu’à 65 ans», a-t-elle ajouté, voyant là «une injustice absolument insupportable».

Car «envisager que plus personne ne puisse avoir une retraite pleine, car plus personne n’arrivera à cet âge-là avec le nombre d’annuités qui va évidemment augmenter» est «profondément injuste» et «absolument pas justifié sur le plan budgétaire», a martelé Marine Le Pen.

«Je veux garder ce trésor qu’est notre système par répartition» a répliqué Emmanuel Macron, selon qui «il n’y a qu’une manière de financer, c’est de travailler progressivement plus» avec d’une part «le plein emploi» mais aussi en «décalant l’âge légal» de départ à la retraite «de 4 mois par an».

Cela signifie porter cet âge «en 2028 à 64 ans, et en 2031 à 65 ans», a-t-il ajouté, en défendant un dispositif de «carrières longues» et un autre de « pénibilité». «Vous vous proposez de supprimer le système de pénibilité, je pense que c’est une mauvaise idée», a assuré le chef de l’État.

Il a aussi prôné de passer le montant minimum des retraites «à 1 100 euros» pour «ceux qui ont une carrière complète» et de «supprimer les principaux régimes spéciaux».

Sur ce sujet des retraites aussi Emmanuel Macron a taclé son adversaire: «vous n’expliquez jamais comment vous financez (…) vous n’êtes pas honnête avec les gens» et «soit vous avez des impôts cachés, soit vous allez mettre en péril les pensions des retraités», a-t-il lancé.

L’Europe

Emmanuel Macron et Marine Le Pen se sont écharpés sur le sujet européen, le président sortant accusant son adversaire de « mentir sur la marchandise », la candidate de l’extrême droite considérant n’avoir « jamais vu les dirigeants français défendre les intérêts des Français » dans l’UE.

«L’Europe, c’est pas tout ou rien, ce n’est pas on prend tout et on ne dit rien ou alors on ne prend rien », a entamé Marine Le Pen, en disant «souhaiter rester dans l’Union européenne », mais « profondément la modifier pour faire émerger une alliance européenne des nations».

«Il y a toute une série de politiques de l’Union européenne avec lesquelles je suis en désaccord », a poursuivi celle qui concourt pour la troisième fois à l’élection présidentielle, en citant « la multiplication des accords de libre-échange où l’on vend des voitures allemandes, en sacrifiant des éleveurs à la concurrence des poulets du Brésil ou du bœuf du Canada », en référence au projet d’accord de libre-échange avec le marché américain.

«Quel poulet du Brésil ?», a demandé Emmanuel Macron rappelant qu’il s’était «opposé» à l’accord de l’UE avec le Mercosur car «quand, nous, on demande à nos agriculteurs des choses, on demande la même chose en face».

« Ce que vous décrivez, ça ressemble à une bande à part », lui a rétorqué Emmanuel Macron, en l’accusant de «mentir sur la marchandise». «L’Europe est une copropriété, on ne peut pas décider seul de ripoliner la façade. Vouloir changer tout seul un club, c’est faire bande à part», a-t-il insisté.

«Vous proposez une alliance avec la Russie, c’est toujours dans votre programme, c’est étonnant», a-t-il encore dit.

 

 

 

La Russie

Emmanuel Macron a accusé mercredi Marine Le Pen de « dépendre du pouvoir russe » et « de Vladimir Poutine » pour avoir « contracté un prêt auprès d’une banque russe », au cours du débat avant le second tour de la présidentielle.

«Vous parlez à votre banquier quand vous parlez de la Russie, c’est ça le problème, madame Le Pen», a déclaré le président candidat au cours d’un échange tendu consacré à la guerre en Ukraine.

«Monsieur Macron, c’est faux et c’est assez malhonnête», a réagi Marine Le Pen. «Je suis une femme absolument et totalement libre».

Le candidat a estimé que ce n’était « pas un hasard si, il y a 5 ans, la Russie était intervenue dans la campagne » de la présidentielle à son détriment. «Vous avez toujours été ambigüe sur le sujet parce que vous n’êtes pas dans une situation de puissance à puissance, que vous ne pouvez pas défendre correctement sur ce sujet les intérêts de la France parce que vos intérêts sont liés à des gens proches du pouvoir russe», a-t-il ajouté en s’adressant à son adversaire pour le second tour de dimanche.

La candidate avait été reçue en grande pompe par Vladimir Poutine pendant la campagne de 2017 et son parti continue de rembourser un prêt de 9 millions d’euros auprès d’un créancier lié à d’anciens militaires russes. 

«C’est long à rembourser et nous remboursons sous le contrôle de la Commission nationale des comptes de campagne», qui «est extrêmement sévère et rigoureuse», a précisé Marine Le Pen. 

Emmanuel Macron l’a également critiquée pour avoir été « l’une des premières responsables politiques européennes, dès 2014, à reconnaître le résultat de l’annexion de la Crimée » par la Russie.

«La Crimée n’a pas dû vous poser énormément de problèmes non plus puisque vous avez reçu monsieur Poutine en grande pompe à Versailles» puis « à Brégançon sur votre lieu de vacances », a répondu Marine Le Pen.

Et Emmanuel Macron de répondre: «j’ai reçu Vladimir Poutine comme un chef d’État, mais pas comme un banquier, Marine Le Pen».

La candidate du RN a exprimé sa « solidarité et (sa) compassion absolue avec le peuple ukrainien » et considéré que « l’agression dont l’Ukraine a été victime n’est pas admissible ». Elle a salué « les efforts» développés par le président «pour tenter de trouver, au nom de la France, les moyens, les voix de la paix».

Emmanuel Macron a répété que sa priorité était d’«éviter l’élargissement du conflit, parce que nous ne sommes les vassaux de personnes, et de progressivement ramené la Russie à la raison».

 

 

 

Les salaires et primes

Emmanuel Macron et Marine Le Pen se sont accrochés mercredi en débat d’entre deux tours sur leurs propositions respectives d’incitations à augmenter les salaires et primes, chacun accusant l’autre de faire croire que les hausses seront « automatiques ».

«Vous n’allez pas faire les salaires, Marine Le Pen ». « Tout comme vous n’allez pas faire les primes, Emmanuel Macron», se sont répondu les deux candidats à la présidentielle, en évoquant la thématique du pouvoir d’achat.

La cheffe de file du Rassemblement national a défendu sa proposition de geler « les cotisations patronales » en cas d’augmentation de «10% des salaires jusqu’à 3 fois le SMIC»

«C’est certes un manque à gagner» pour l’État, mais « ça n’est pas une dépense directe », a assuré Marine Le Pen.

De son côté, Emmanuel Macron est revenu sur le dispositif de prime versée par les entreprises, qui sera défiscalisée jusqu’à 6000 euros.

«Mais dans la vraie vie, quand vous allez chercher un prêt auprès de votre banquier, il vous demande votre salaire et il se moque des primes», a argué Marine Le Pen, «parce qu’il sait qu’un coup, vous aurez la prime et puis peut être un coup, vous ne l’aurez pas». 

«Donc on voit bien que la mesure que je propose d’augmentation des revenus est quelque chose qui est capable d’améliorer la vie quotidienne des Français», a-t-elle plaidé.

En retour, Emmanuel Macron a rétorqué que dans sa proposition comme celle de Marine Le Pen existait «une part d’aléa».

«Vous n’augmentez pas les revenus, car vous n’administrez pas les salaires», a-t-il souligné.

«Je ne voudrais pas que celles et ceux qui nous écoutent pensent qu’avec vous, leur salaire va augmenter de 10%, ce n’est pas automatique», a-t-il insisté.

 

 

 

 

Plus de détails sur le débat suivront.