Des pertes de plus de 550G$US liées à la guerre pour l’Ukraine
AFP et La Presse Canadienne|Publié le 28 mars 2022(Photo: Getty Images)
Ce texte regroupe toutes les réactions depuis l’invasion de la Russie en Ukraine pour la journée du 28 mars 2022. Il sera mis à jour au courant de la journée. Pour retrouver toute notre couverture sur le conflit, c’est ici.
10h29 | Kyiv — Le gouvernement ukrainien a estimé lundi à plus de 550 milliards de dollars américains les pertes économiques engendrées par la guerre avec la Russie, a annoncé lundi sur Facebook la ministre de l’Économie ukrainienne, Ioulia Sviridenko.
La ministre a chiffré à «564,9 milliards de dollars américains, l’impact direct des destructions» depuis le début de l’invasion russe le 24 février, auquel s’ajoutent «les effets indirects des combats» sur l’économie notamment liés à l’explosion du chômage, à la forte diminution de la consommation des ménages ou encore à la baisse des recettes de l’État.
C’est au niveau des infrastructures que les pertes sont les plus importantes, a indiqué Mme Sviridenko, avec «près de 8 000 kilomètres de routes endommagées ou détruites», ainsi que «des dizaines de gares, des aéroports», pour un montant de 108,5 milliards d’euros.
Dix millions de mètres carrés de logement et 200 000 voitures ont été détruits en plus d’un mois, a-t-elle ajouté.
Mme Sviridenko, également vice-première ministre, a par ailleurs estimé à 102 milliards d’euros la baisse du PIB en 2022, soit une contraction estimée de plus de 55% de l’économie par rapport à 2021.
Le budget de l’État ukrainien risque, lui, d’être amputé de 43,8 milliards d’euros, selon la ministre de l’Économie, soit une baisse de près de 90% sur le budget annuel prévu.
«Chaque jour les chiffres changent, et malheureusement ils augmentent», a déploré Mme Sviridenko sur sa page Facebook.
«Ainsi, l’Ukraine (…) exigera de l’agresseur une compensation financière», a-t-elle ajouté, «que ce soit par des décisions de justice ou bien en transférant directement à l’État les avoirs russes (actuellement) gelés en Ukraine».
La pression continue de monter pour sanctionner les avoirs russes en Suisse
10h20 | Zurich — La pression continue de monter en Suisse pour sanctionner les avoirs russes après un appel d’un conseiller du président ukrainien, le gel des avoirs trouvant un large écho dans l’opinion suisse, selon un sondage publié lundi.
Un sondage réalisé par l’institut Link entre le 17 et 21 mars montre que 57% des personnes interrogées sont favorables au gel des avoirs de hauts dignitaires russes proches du pouvoir, 26% estimant que les sanctions en la matière ne vont pas assez loin.
Quelque 56% sont favorables à l’idée de couper les banques russes du système financier suisse, 18% estimant même que les sanctions doivent aller plus loin.
Si 60% des ressortissants suisses interrogés pensent que le gouvernent a bien géré la situation et 10% très bien, 56% seraient favorables à des sanctions plus sévères même si cela doit entraîner des pénuries de gaz et de pétrole en Suisse, selon ce sondage réalisé auprès de 1 200 personnes.
Dans un entretien publié dimanche par le tabloïd suisse Blick, Alexander Rodnyansky, un proche du conseiller du président ukrainien, a appelé la Suisse à en faire davantage.
«Il y a énormément d’argent provenant de l’élite russe dans les banques suisses. Pour nous, il est vital que la Suisse soutienne la pression mondiale sur la Russie», a-t-il déclaré dans les colonnes du journal.
Le gouvernement suisse a imposé aux banques de déclarer au ministère de l’Économie les personnes ou entités visées par des sanctions parmi leurs clients, mais selon M. Rodnyansky, «cela ne suffit pas».
«La Suisse doit, comme d’autres États, rechercher activement ces avoirs. Une grande partie des élites russes continue d’agir dans l’ombre. Elles cachent leurs fonds», a-t-il insisté, estimant que la Suisse doit «intervenir plus fermement».
La Suisse a jusqu’à présent gelé l’équivalent de 5,75 milliards de francs suisses (5,62 milliards d’euros) d’avoirs russes depuis l’invasion de l’Ukraine, a indiqué la semaine passée un haut responsable du ministère de l’Économie, précisant que les montants sont encore susceptibles d’augmenter au fur et à mesure que les informations fournies par les banques vont lui parvenir.
G7: le paiement du gaz russe en roubles n’est «pas acceptable»
8h48 | Berlin — Les pays du G7 ont estimé lundi qu’exiger un paiement en roubles du gaz russe n’est «pas acceptable» et montre que le président russe Vladimir Poutine est «dos au mur», a déclaré le ministre allemand de l’Économie Robert Habeck.
«Tous les ministres du G7 sont tombés d’accord sur le fait qu’il s’agissait d’une violation unilatérale et claire des contrats existants (…) ce qui signifie qu’un paiement en roubles n’est pas acceptable», a dit M. Habeck, à l’issue d’une réunion virtuelle avec ses homologues du G7.
«Je pense qu’il faut interpréter cette demande comme le fait que Poutine est dos au mur», a-t-il ajouté.
Vladimir Poutine a annoncé la semaine dernière que la Russie n’accepterait plus de paiements en dollars ou en euros pour les livraisons de gaz à l’UE, donnant une semaine aux autorités russes pour élaborer un nouveau système de règlement en roubles.
«Nous demandons aux entreprises concernées de ne pas répondre à la demande de Poutine», a encore affirmé Robert Habeck lundi, qualifiant la Russie de «fournisseur pas fiable».
À travers cette exigence, «la tentative de Poutine de nous diviser est évidente», a ajouté le ministre dont le pays préside cette année le G7 (États-Unis, France, Grande-Bretagne, Canada, Japon, Allemagne et Italie).
Le président russe a expliqué que sa décision était une réaction au gel des actifs de la Russie décidée par les Occidentaux pour sanctionner Moscou après l’invasion de l’Ukraine.
Nombre des acheteurs européens du gaz russe — dont l’Allemagne, la Pologne ou encore la France – ont dénoncé cette demande, estimant que la Russie violait par ce biais ses contrats avec les entreprises européennes achetant du gaz.
Malgré l’invasion de l’Ukraine par Moscou, le gaz russe continue d’affluer vers l’Union européenne, qui refuse d’imposer un embargo, comme les États-Unis.
Certains pays européens, comme l’Allemagne, sont en effet particulièrement dépendants de cette ressource pour leur économie.
Berlin, qui se fournissait avant la guerre à plus de 55% auprès de la Russie, cherche à réduire rapidement sa dépendance en démarchant d’autres producteurs, mais n’envisage pas pouvoir se passer de gaz russe avant mi-2024.
Le gouvernement allemand va notamment accélérer la construction de terminaux GNL en vue d’importer du gaz liquéfié.
Un accord a été signé mi-mars avec le Qatar, important exportateur de GNL (gaz naturel liquéfié), pour une «fourniture de long terme», lors d’une visite de M. Habeck dans ce pays du Golfe.
Heineken annonce son retrait de la Russie
8h07 | La Haye — Le brasseur néerlandais Heineken (HEIA.AS, 88,26 €) a annoncé lundi qu’il quitterait la Russie, où il compte 1 800 employés, à cause de la guerre en Ukraine qui se poursuit et continue à «s’intensifier».
L’activité en Russie de Heineken n’est «plus viable dans l’environnement actuel», indique dans un communiqué le deuxième plus gros brasseur mondial. «Par conséquent, nous avons décidé de quitter la Russie», ajoute-t-il.
«Nous visons une cession ordonnée de notre entreprise à un nouveau propriétaire en pleine conformité avec les lois internationales et locales», a précisé Heineken, qui avait annoncé le 9 mars l’arrêt de la production et de la vente de sa marque de bière en Russie.
Le brasseur a souligné qu’il ne profiterait pas d’une cession de propriété et prévoit que la transaction lui coûtera 400 millions d’euros en raison de la perte de valeur de cet actif et autres «charges exceptionnelles».
«Nous continuons d’espérer qu’une voie vers une issue pacifique émerge à court terme», a souhaité Heineken.
Le groupe a garanti le paiement des salaires de ses 1 800 collaborateurs en Russie jusqu’à fin 2022.
Fondé au XIXe siècle à Amsterdam, Heineken produit et vend plus de 300 marques de bière et de cidre, dont Heineken, Strongbow et Amstel, et emploie plus de 85 000 personnes à l’échelle mondiale.
Des centaines d’entreprises et groupes internationaux ont ces dernières semaines annoncé, certaines sous-pressions, la suspension de leurs activités en Russie ou leur retrait progressif du pays en raison de l’invasion de l’Ukraine.
La semaine dernière, le président Zelensky, dans un message au Parlement français, avait exhorté les entreprises françaises implantées en Russie à cesser de soutenir «la machine de guerre» russe et à quitter ce pays, citant Renault, Auchan et Leroy Merlin.
Auchan, qui emploie 30 000 personnes en Russie, a annoncé qu’il maintenait ses activités dans le pays, arguant notamment de la nécessité de soutenir le pouvoir d’achat des Russes.