Kamala Harris (Photo: Getty Images)
78%
À la cadence des fanfares, des étudiants et anciens étudiants s’avancent sur le campus de Howard, l’université historiquement noire qui a formé il y a quarante ans la candidate démocrate à la Maison-Blanche, Kamala Harris, en quête de soutien des Afro-Américains.
Lors des festivités tenues à quelques semaines du scrutin sur le campus, situé dans la capitale américaine Washington, le soutien à la vice-présidente est partout. Des marchandises aux couleurs de sa campagne sont vendues et des visiteurs s’immortalisent devant l’effigie de la candidate.
Venue pour voir son fils de Louisiane, dans le sud des États-Unis, Kacy Haynes assure ne «pas avoir vraiment entendu de soutien» pour Donald Trump.
Car dans une élection présidentielle extrêmement serrée, des sondages montrant la progression du candidat républicain Donald Trump auprès de l’électorat noir traditionnellement démocrate, et plus particulièrement des hommes, ont fait récemment les gros titres.
Selon une récente enquête d’opinion du New York Times/Siena College, la candidate démocrate, qui ne met pas particulièrement son identité en avant dans sa campagne, recueillerait 78% de soutien dans la communauté noire, contre 90% pour l’actuel président Joe Biden quatre ans plus tôt.
Pour se faire élire première femme noire présidente de l’histoire des Etats-Unis, Kamala Harris pourra toutefois compter sur le soutien et l’enthousiasme du réseau d’Howard, institution cultuelle membre d’un groupement d’universités historiquement noires créées aux Etats-Unis à l’époque de la ségrégation et conservant une grande influence.
Selon la chaîne américaine NBC, la démocrate pourrait même y établir son quartier général de campagne pour la soirée électorale le 5 novembre.
« Menace qu’ils ne votent pas »
La percée de Donald Trump dans le récent sondage ne doit pas être surinterprétée, estime Michael Strawbridge, qui enseigne les sciences politiques à l’université Washington de Saint Louis, dans le Missouri.
Selon l’enseignant, les sondages n’interrogent parfois qu’une petite fraction de l’électorat noir et les études continuent de montrer le soutien indéfectible de la communauté afro-américaine aux démocrates.
D’après lui, les républicains « ne gagnent personne qui ne soit déjà de leur côté ».
« La vraie question pour beaucoup de Noirs américains n’est pas (de choisir entre) démocrate ou républicain », observe-t-il. « La véritable menace qui pèse sur cet électorat c’est plutôt qu’ils ne votent pas le jour J et ne se sentent pas concernés ou soutenus par aucun des partis ».
Les deux camps redoublent donc d’efforts pour tenter de les convaincre. Donald Trump s’est ainsi rendu dans le quartier populaire latino et noir de Castle Hill, à New York, où il a fait étape chez un barbier, sous les lumières des caméras.
« Vous êtes comme moi. C’est la même chose. Nous sommes nés de la même manière. J’ai grandi dans le Queens et tout cela », a lancé sur place l’ancien président, qui a passé son enfance dans un quartier huppé et hérité de la fortune de son père.
« Elle a déjà notre vote »
Côté démocrate, l’équipe de campagne de Kamala Harris a annoncé fin septembre une tournée dans les campus des universités historiquement noires, au moment où se tiennent les homecomings, tradition américaine consistant au retour sur les campus d’anciens étudiants.
Ces festivités automnales sont particulièrement importantes dans les établissements comme Howard, où la démocrate a obtenu son diplôme en 1986.
Pour Kalyssa Gillespie, étudiante dans cette université, Kamala Harris n’a en réalité « pas vraiment besoin de s’occuper de nous, parce qu’elle a déjà notre vote ».
Mais ses efforts prouvent « qu’elle se soucie » de sa communauté et n’oubliera « pas d’où elle vient ».
Kamala Harris s’est aussi entretenue avec le célèbre animateur de radio noir Charlamagne tha God et a annoncé un plan économique visant spécifiquement à courtiser les hommes afro-américains.
Le week-end dernier, en visite en Géorgie, elle s’est également rendue dans des églises afro-américaines, notamment une méga-église baptiste de la périphérie d’Atlanta.
Ces institutions religieuses, tout comme les universités historiquement noires et les sororités y étant associées, jouent un rôle central dans les communautés afro-américaines. Les mobiliser est « crucial » pour la campagne de Kamala Harris qui cherche à « inciter les Noirs à voter », relève Michael Strawbridge.