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Élections américaines: le chiffre du jour

AFP|Mis à jour le 06 novembre 2024

Élections américaines: le chiffre du jour

(Photo: Getty Images)

69%

Quelques dizaines de personnes sont étendues les yeux fermés pendant que retentit un gong, dans un studio de yoga de Virginie. Préoccupées par l’élection de mardi, comme beaucoup d’Américains, elles sont venues chercher là un peu de tranquillité d’esprit.

Les candidats à la Maison-Blanche, Donald Trump et Kamala Harris, ont dramatisé l’enjeu pour leurs électeurs, les implorant de protéger la nation d’une issue tragique si l’adversaire venait à l’emporter.

Après une campagne où les invectives ont volé, le pays est à cran. Fatigués ou sur les nerfs, beaucoup de gens attendent avec impatience la conclusion d’une élection que les sondages annoncent extrêmement serrée.

«J’ai l’impression de ne rien y pouvoir. Il y a un niveau plancher de stress», explique Cheryl Stevens, 55 ans, après cette séance de yoga et méditation samedi à Reston, destinée à se libérer du stress des élections.

«Que se passera-t-il si nous devons à nouveau vivre ça?», demande-t-elle en évoquant la possibilité d’un nouveau mandat de Donald Trump.

Supportrice de la vice-présidente Kamala Harris, elle se dit tellement angoissée par l’élection qu’elle dort seulement quatre heures par nuit et se retrouve dans un état d’anxiété permanente.

Les dizaines de millions d’électeurs américains doivent choisir entre l’ex-président républicain, qui n’a jamais reconnu sa défaite en 2020, et la démocrate, qui pourrait devenir la première femme présidente du pays.

Deux Amériques s’opposent et ce fossé a créé des conflits entre époux, amis et parents, tout en étant une réelle source d’inquiétude pour beaucoup.

«Martelé par les médias»

«Les Américains se sentent de plus en plus stressés par la politique», affirme un article sur le site de l’Organisation psychologique américaine (APA).

«Ça a été une campagne tumultueuse, avec des tentatives d’assassinat, un changement de candidat de dernière minute (ndlr: Mme Harris a tardivement remplacé le président sortant Joe Biden, qui a renoncé à se présenter), des débats dramatiques et des batailles judiciaires.»

Selon une étude de l’APA publiée en octobre, 69% des adultes américains considèrent que l’élection leur cause du stress.

Un chiffre encore plus élevé qu’en 2020 (68%), quand le pays sortait du mandat agité de M. Trump, la pandémie de Covid faisait des ravages et les manifestations pour la justice sociale se multipliaient.

C’est aussi bien plus que les 52% rapportés en 2016, avant que le milliardaire ne créé la surprise et soit élu devant Hillary Clinton.

Exploitant agricole et producteur de marijuana, Joe Upcavage figurait parmi des partisans de M. Trump réunis samedi à Salem, en Virginie, à quatre heures et un monde d’écart de Reston, ville solidement démocrate.

«On est martelé à droite et à gauche par les médias et toutes les fausses conneries. Vous ne pouvez rien dire sur les réseaux sociaux sans que ce soit qualifié de faux», fait-il valoir.

«Déprimer devant (ses) écrans»

«Dans ma ville natale, Levittown, en Pennsylvanie, il a tout un tas de fraudes électorales, et tout le monde là-bas est sur les nerfs parce que c’est le bazar complet, un désastre absolu», ajoute-t-il.

«Notre manière de déstresser, c’est de s’en tenir à ce qu’on sait faire: s’occuper des poulets et couper du bois», souligne M. Upcavage.

À l’approche du scrutin, une multitude d’articles en ligne offrent des conseils sur la manière de gérer le stress, via des exercices de respiration ou en évitant de regarder les réseaux sociaux avant d’aller se coucher.

«Nous avons tous des niveaux de tolérance différents. Ca peut conduire à tout voir de manière catastrophique, à envisager le scénario du pire», a déclaré à ABC News Susan Albers, une psychologue de la Cleveland Clinic.

Dans la salle de yoga de Reston, Reggie Hubbard presse ses élèves de prendre soin d’eux.

«Je suis content que vous soyez tous venus pour être avec des étrangers plutôt que déprimer devant vos écrans», dit-il en déclenchant des rires dans l’assistance.

«On est tous dans la même barque, qu’on le veuille ou non. Alors pourquoi ne pas essayer d’aimer ça», ajoute-t-il.

Ce sentiment de cohésion sera toutefois mis à l’épreuve mardi, quand les Américains devront, quoi qu’il se passe, se faire à l’idée qu’une moitié du pays est en désaccord avec le résultat.