(Photo: Getty Images)
Ce texte regroupe tous les derniers développements à propos de l’invasion de la Russie en Ukraine pour la journée du 29 mars. Pour retrouver toute notre couverture sur le conflit, c’est ici. NDLR. Certains contenus sont explicites et peuvent être difficiles à lire.
11h21 | Paris — L’entretien téléphonique entre Emmanuel Macron et Vladimir Poutine est «en cours», a annoncé mardi l’Élysée, au moment où Washington et Londres ont exprimé des doutes sur l’annonce d’avancées dans les discussions entre Kyiv et Moscou à Istanbul.
Le président français Emmanuel Macron avait auparavant déclaré qu’il voulait discuter avec son homologue russe «pour sécuriser l’opération humanitaire à Marioupol», précisant que l’objectif était de la lancer «dans les tout prochains jours», en reprochant à la Russie un «non-respect du droit humanitaire international».
Le point sur l’invasion russe de l’Ukraine
11h19 | Paris — Situation sur le terrain, réactions internationales, sanctions: le point sur l’invasion de l’Ukraine par la Russie.
Mykolaïv: au moins sept morts
Au moins sept personnes ont été tuées mardi et 22 autres blessées, selon le président ukrainien, lors d’une frappe russe ayant partiellement détruit le bâtiment de l’administration régionale de Mykolaïv, ville ukrainienne proche d’Odessa.
Volodymyr Zelensky a par ailleurs qualifié les attaques russes contre Marioupol de «crime contre l’humanité, qui se déroule en direct sous les yeux de la planète.» En visioconférence devant le Parlement danois, il a accusé Moscou de bombarder volontairement les abris des civils dans cette ville assiégée.
Près de 4 millions de réfugiés
Le nombre de réfugiés ayant fui l’Ukraine depuis l’invasion ordonnée par Vladimir Poutine se rapproche de la barre symbolique des 4 millions qui pourrait être franchie dans les tout prochains jours, selon l’ONU, estimant à presque 6,5 millions le nombre de déplacés à l’intérieur du pays.
Avec 3 901 713 réfugiés ukrainiens, principalement des femmes et des enfants, l’Europe n’a pas connu de tels flots de réfugiés depuis la Deuxième Guerre mondiale.
La Croix-Rouge se dit victime de désinformation
Le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) se heurte à des accusations visant ses efforts pour faciliter les évacuations de villes assiégées.
Une des accusations contre le CICR circulant sur les réseaux sociaux assure qu’il a aidé des évacuations forcées vers la Russie d’Ukrainiens depuis la ville assiégée de Marioupol.
Le CICR «ne soutiendrait jamais une quelconque opération qui irait à l’encontre de la volonté des gens et de nos principes», a insisté un porte-parole de l’organisation.
À la page suivante, Kyiv acceptera la neutralité si elle a un accord sur sa sécurité
9h14 | Istanbul — L’Ukraine acceptera d’être neutre si elle obtient un «accord international» pour garantir sa sécurité, dont seraient signataires plusieurs pays agissant en tant que garants, a indiqué mardi le négociateur en chef ukrainien après plusieurs heures de pourparlers russo-ukrainiens à Istanbul.
Le négociateur en chef, David Arakhamia, a aussi estimé qu’après ces pourparlers, les conditions étaient «suffisantes» pour une rencontre au sommet entre les présidents russe Vladimir Poutine et ukrainien Volodymyr Zelensky. Depuis le début de l’invasion russe le 24 février, Moscou a toujours refusé une telle proposition de Kyiv.
«Nous insistons pour qu’il s’agisse d’un accord international qui sera signé par tous les garants de la sécurité», a déclaré David Arakhamia lors d’un point de presse informel. «Nous voulons un mécanisme international de garanties de sécurité où les pays garants agiront de façon analogue à l’article 5 de l’OTAN et même de façon plus ferme», a-t-il ajouté.
L’article 5 du traité de l’Alliance atlantique stipule qu’une attaque contre l’un de ses membres est une attaque contre tous.
M. Arakhamia a cité, parmi les pays que l’Ukraine voudrait avoir comme garants, les États-Unis, la Chine, la France et le Royaume-Uni — membres du Conseil de sécurité de l’ONU — mais aussi la Turquie, l’Allemagne, la Pologne et Israël.
«L’Ukraine acceptera un statut neutre si le système de garantie de sécurité fonctionne», a-t-il ajouté.
Avec de telles garanties, l’Ukraine «ne déploiera sur (son) territoire aucune base militaire étrangère» et ne rejoindra «aucune alliance militaro-politique», a souligné un autre négociateur, Olexandre Tchaly.
Des exercices militaires pourraient néanmoins être organisés en Ukraine avec l’accord des pays garants, a-t-il précisé.
Kyiv demande également que cet accord international n’interdise en rien l’entrée de l’Ukraine dans l’UE, et que les pays garants s’engagent à contribuer à ce processus.
Pour que ces garanties puissent prendre effet dans les plus brefs délais, la Crimée et les territoires du Donbass sous contrôle des séparatistes prorusses seraient «temporairement exclus» de l’accord, a précisé M. Arakhamia.
Pour résoudre la question spécifique de la Crimée, annexée par la Russie en 2014, Kyiv propose «15 ans» de pourparlers russo-ukrainiens séparés, selon un autre négociateur ukrainien, Mykhaïlo Podoliak.
Moscou va réduire «radicalement» son activité militaire en Ukraine
8h32 | Istanbul — La Russie a promis mardi de «radicalement» réduire son activité militaire en direction de Kyiv et Tcherniguiv en Ukraine, après des pourparlers russo-ukrainiens «substantiels» à Istanbul.
«Les négociations sur un accord sur la neutralité et le statut non nucléaire de l’Ukraine entrant dans une dimension pratique (…), il a été décidé, pour accroître la confiance, de réduire radicalement l’activité militaire en direction de Kyiv et Tcherniguiv», a déclaré à Istanbul le vice-ministre russe de la Défense, Alexandre Fomine, à l’issue des discussions.
Le chef de la délégation russe et représentant du Kremlin, Vladimir Medinski, a fait état de «discussions substantielles» et dit que les propositions «claires» de l’Ukraine en vue d’un accord allaient être «étudiées très prochainement et soumises au président» Vladimir Poutine.
Selon lui, une rencontre des dirigeants ukrainien Volodymyr Zelensky et russe Vladimir Poutine, et de représentants d’États garants, serait possible en cas d’accord pour mettre fin aux hostilités.
«En ce qui concerne une rencontre des deux présidents, nous avons dit depuis le début qu’elle sera possible lorsqu’il y aura un accord (…) La rencontre pourrait être multilatérale, avec la participation d’États garants», a-t-il dit.
«Après la discussion substantielle d’aujourd’hui, nous nous sommes entendus et proposons que la rencontre se fasse pour parapher l’accord», a-t-il dit.
«À condition d'(effectuer) un travail rapide sur l’accord, et de trouver les compromis nécessaires, la possibilité de conclure la paix se rapprochera», a dit M. Medinski.
À la page suivante, reprise des pourparlers russo-ukrainiens en Turquie
7h16 | Istanbul — De nouvelles négociations russo-ukrainiennes étaient en cours mardi à Istanbul, alors que l’Ukraine affirme avoir repris un peu de terrain, notamment près de Kyiv, plus d’un mois après le début de l’invasion russe.
Arrivés lundi à Istanbul pour une première session de pourparlers en face à face depuis le 10 mars, les négociateurs russes et ukrainiens ont débuté leurs discussions peu après 3h30, heure du Québec, selon l’agence officielle turque Anadolu. Les discussions se tiennent dans le palais de Dolmabahçe à Istanbul, dernière résidence des sultans sur le Bosphore, où la présidence turque dispose de bureaux.
«Les deux parties ont des préoccupations légitimes», a déclaré le président turc Recep Tayyip Erdogan en accueillant les délégations, les appelant à «mettre un terme à cette tragédie», qui a déjà contraint près de 3,9 millions d’Ukrainiens à fuir leur pays, selon l’ONU.
Le négociateur en chef côté russe Vladimir Medinski a dit aux agences russes espérer pouvoir «faire une déclaration» à l’issue des pourparlers, «dans quelques heures».
À la mi-journée, son homologue ukrainien Mykhaïlo Podoliak a résumé sur Twitter les conditions posées par Kyiv: «Garanties de sécurité inconditionnelles pour l’Ukraine, cessez-le-feu, décisions efficaces sur les couloirs humanitaires et les convois humanitaires, respect par les parties des lois et coutumes de la guerre», qualifiant de «difficiles» les négociations.
Lundi soir, le chef de la diplomatie ukrainienne Dmytro Kouleba avait souligné que «les personnes, le territoire et la souveraineté» n’étaient «pas négociables».
Abramovitch médiateur
L’oligarque russe Roman Abramovitch, visé par des sanctions européennes et qui tente de jouer les médiateurs entre Moscou et Kyiv, était présent dans la salle des négociations, selon une photo diffusée par la présidence turque.
Après une réunion dans la capitale ukrainienne début mars, le milliardaire a présenté des symptômes qui font penser à un possible empoisonnement, a indiqué lundi à l’AFP une source proche du dossier, confirmant des informations du Wall Street Journal. Selon le journal, certains soupçonnent les partisans d’une ligne dure à Moscou qui voudraient saboter les pourparlers.
Le porte-parole du Kremlin Dmitri Peskov a confirmé que l’oligarque jouait le rôle de médiateur et balayé les accusations d’empoisonnement, estimant qu’elles faisaient «partie de la guerre de l’information».
La dernière séance de négociations en présentiel, au niveau des ministres des Affaires étrangères à Antalya, en Turquie, n’avait débouché sur aucune avancée. Les discussions s’étaient depuis poursuivies par visioconférence.
Un des points importants des discussions porte sur «les garanties de sécurité et la neutralité, le statut dénucléarisé de notre État», avait déclaré dimanche le président ukrainien Volodymyr Zelensky à des médias russes, soulignant que l’accord éventuellement trouvé devrait être ensuite approuvé par référendum.
La Constitution ukrainienne interdit cependant la tenue d’un référendum en temps de guerre.
Reprise de terrain
Quant aux combats sur le terrain, le ministre russe de la Défense a estimé que «dans l’ensemble, les objectifs de la première étape (de l’offensive lancée le 24 février) étaient atteints».
«Le potentiel militaire des forces armées ukrainiennes a été réduit de manière significative, ce qui permet de concentrer l’attention et les efforts sur le but principal: la libération du Donbass», a déclaré Sergueï Choïgou.
Les autorités ukrainiennes ont annoncé lundi avoir «libéré» Irpin, théâtre de féroces combats à 20 km au nord-ouest de Kyiv.
«Les occupants sont repoussés d’Irpin, repoussés de Kyiv. Cependant, il est trop tôt pour parler de sécurité dans cette partie de notre région. Les combats continuent. Les troupes russes contrôlent le nord de la région de Kyiv, disposent de ressources et de main-d’œuvre», a déclaré M. Zelensky dans une vidéo lundi soir.
Mardi, la situation semblait relativement calme dans cette localité, où l’on entendait toutefois des tirs sporadiques, selon des journalistes de l’AFP.
Des soldats bloquaient néanmoins l’accès des journalistes au pont détruit permettant d’entrer dans la ville, expliquant que les forces ukrainiennes étaient toujours en train de «nettoyer» la zone.
«À mon avis, environ 70 à 80% de la ville est libérée, les limites extérieures sont toujours aux mains» des Russes, a déclaré à l’AFP Roman Kovalevskiï, 48 ans, un habitant de la ville qui en sortait à vélo avec des bidons d’essence vides pour aller s’approvisionner à Kyiv.
Dans les régions de Tcherniguiv, Soumy, Kharkiv, du Donbass, et dans le sud de l’Ukraine, «la situation reste partout tendue, très difficile», a cependant souligné lundi soir le président Zelensky.
Autour de Kharkiv, deuxième ville d’Ukraine, proche de la frontière russe, des mercenaires russes du groupe Wagner ont été déployés, selon le ministère britannique de la Défense, qui estime que plus d’un millier de ces hommes pourraient être amenés à combattre dans le pays.
Frappe à Mykolaïv
À 4 km à l’est de Kharkiv, les soldats ukrainiens ont repris lundi le contrôle du petit village de Mala Rogan, a constaté l’AFP, qui a vu deux corps de soldats russes gisant dans une allée et plusieurs blindés russes détruits.
Dans le sud, une frappe russe a touché mardi matin le bâtiment de l’administration régionale de Mykolaïv, ville proche d’Odessa qui connaissait un répit dans les bombardements ces derniers jours, a indiqué Vitaly Kim, le gouverneur de cette région sur Facebook.
Au moins trois personnes sont mortes et 22 autres blessées, a indiqué sur Telegram le ministère des Situations d’urgence. Des journalistes de l’AFP ont vu les secours sortir deux corps des gravats, et le bâtiment éventré sur toute sa hauteur.
«J’étais en train de prendre mon petit déjeuner chez moi», a déclaré à l’AFP Donald, un retraité canadien de 69 ans habitant dans la ville. «J’ai entendu un sifflement, puis un boum et mes vitres ont tremblé», a-t-il raconté.
Reprise des couloirs humanitaires
Dans le sud, trois couloirs humanitaires ont été mis en place mardi pour évacuer des civils, notamment depuis la ville assiégée de Marioupol, a indiqué la vice-première ministre ukrainienne Iryna Verechtchouk sur Telegram. Lundi, Kyiv avait décidé de ne pas ouvrir de couloir, affirmant craindre des «provocations» russes.
M. Zelensky a dénoncé dimanche un blocus total de Marioupol, cité portuaire stratégique sur la mer d’Azov dont l’armée russe tente de s’emparer depuis fin février, où environ 160 000 personnes seraient toujours coincées.
Selon Tetyana Lomakina, conseillère de la présidence ukrainienne, «environ 5 000 personnes» y ont été enterrées, mais il pourrait y avoir en réalité «autour de 10 000 morts».
Emmanuel Macron doit s’entretenir avec Vladimir Poutine au téléphone à 10h30, heure du Québec, «pour sécuriser l’opération humanitaire à Marioupol», précisant que l’objectif était de la lancer «dans les tout prochains jours», a annoncé l’Élysée. Le président français a reproché à la Russie un «non-respect du droit humanitaire international».
Un sentiment partagé par l’ONG Amnesty International: «Nous sommes dans des attaques intentionnelles d’infrastructures civiles, d’habitations», des bombardements d’écoles, a déclaré mardi à l’AFP la secrétaire générale de l’ONG Agnès Callamard, accusant la Russie de permettre des couloirs humanitaires pour les transformer en un «piège mortel».
Sécurité des centrales
Autre sujet de préoccupation: la situation des centrales nucléaires de l’Ukraine, menacée pour certaines par les combats. Le pays est doté de 15 réacteurs et abrite plusieurs dépôts de déchets radioactifs, dont celui de Tchernobyl, théâtre de la pire catastrophe nucléaire de l’histoire en 1986.
Le directeur général de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) Rafael Grossi se trouve en Ukraine «pour des discussions avec des responsables du gouvernement» afin de fournir «une assistance technique» garantissant la sécurité des installations nucléaires, selon un communiqué de l’agence onusienne.
«Nous avons déjà évité de justesse plusieurs incidents. Nous ne pouvons pas perdre plus de temps», a déclaré M. Grossi, cité dans le communiqué.