Les colistiers de Donald Trump et Kamala Harris, J.D. Vance et Tim Walz, seront en débat télévisé mardi à New York. Ils incarnent deux visions radicalement différentes de la masculinité. (Photo: Getty Images)
Washington — Les colistiers de Donald Trump et Kamala Harris, en débat télévisé mardi à New York, incarnent deux visions radicalement différentes de la masculinité, dans une campagne qui divise comme jamais les hommes et les femmes d’Amérique.
J.D. Vance, qui deviendrait vice-président en cas de retour de l’ancien président républicain à la Maison-Blanche, porte une conception très conservatrice de la famille.
Le sénateur de l’Ohio a été assailli de critiques pour avoir dénigré les femmes politiques démocrates sans enfant, les qualifiant de «femmes à chats malheureuses» n’ayant pas d’«intérêt direct» au bien du pays.
Ancien militaire, il se veut le porte-voix de l’Amérique déclassée dont il est issu.
Radicalement opposé à l’avortement, J.D. Vance pourfend les idées progressistes qui selon lui inciteraient «à changer de conjoint comme de sous-vêtements».
Le démocrate Tim Walz, colistier de la vice-présidente américaine, s’astreint lui à projeter une image différente du bon père de famille, qui n’hésite pas à se montrer vulnérable en évoquant les problèmes de fertilité rencontrés avec sa femme.
« Je me souviens de prier chaque soir en attendant que le téléphone sonne, puis d’avoir la gorge nouée quand il sonne enfin, et le désespoir absolu en apprenant que les traitements n’ont pas fonctionné », avait-il raconté pendant la convention démocrate.
Le gouverneur du Minnesota, ancien enseignant, rappelle souvent qu’il avait soutenu la création de la première association d’élèves LGBT+ de son lycé
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«Tirer le faisan»
L’ancien entraîneur de football américain joue aussi sur un registre masculin plus classique, en parlant de son magasin de bricolage préféré sur TikTok ou en vantant son habileté de chasseur.
De J.D. Vance, Tim Walz a par exemple dit: « Je parie qu’il ne sait pas tirer le faisan aussi bien que moi ».
«La stratégie de campagne de Harris consiste à offrir une alternative à la « masculinité toxique » qui s’est emparée du Parti républicain. Elle met en avant des hommes qui sont assez sûrs d’eux pour ne pas se sentir menacés par l’autorité et le succès des femmes», avance Karrin Vasby Anderson, professeure en communication à la Colorado State University.
La chercheuse pointe le rôle « inédit » que jouent les hommes dans la campagne démocrate.
Ainsi l’époux de Kamala Harris, Doug Emhoff, qui la soutient avec enthousiasme et recourt volontiers à l’autodérision, par exemple en évoquant un message maladroit laissé sur le répondeur de son épouse après leur premier rendez-vous.
Très loin donc de la posture de « Macho Man » de Donald Trump – il diffuse ce tube des Village People en ouverture de ses meetings.
« Les avancées faites par les femmes et les minorités raciales et sexuelles ces trente dernières années ont forcé les hommes blancs à évoluer dans la manière dont ils parlent, dans les blagues qu’ils font, dans la manière dont ils se comportent dans une relation amoureuse, au travail, etc. Or certains hommes ne veulent pas changer », analyse Karrin Vasby Anderson.
Influenceurs
Une proportion grandissante de jeunes hommes se tourne selon les sondages vers le candidat républicain, dont la rhétorique tourne autour de la force, de l’autorité, voire de la violence.
L’ancien président multiplie les rencontres avec des influenceurs amateurs de jeux vidéo, de cryptomonnaies ou de sports de combat, suivis par plusieurs dizaines de millions de personnes, en majorité par des hommes.
Dans une course à la Maison Blanche extrêmement indécise, il espère motiver un électorat qui historiquement ne se rend pas en masse aux urnes.
Kamala Harris, de son côté, répète à l’envi que « la vraie force ce n’est pas d’écraser les autres, c’est de les élever ».
La démocrate, qui défend avec vigueur le droit à l’avortement, compte elle sur la mobilisation des femmes, lesquelles votent en plus grand nombre que les hommes aux États-Unis.
En 2020, 82,2 millions d’Américaines étaient allées aux urnes, pour 72,5 millions d’Américains, selon le Center for American Women and Politics.
Alors que dans les sondages la divergence n’a jamais été aussi grande entre les électrices, majoritairement favorables à Kamala Harris, et les électeurs, davantage acquis à Donald Trump, qui a récemment promis qu’il serait le « protecteur » des femmes en cas de victoire.
« Elles seront enfin à nouveau en bonne santé, pleines d’espoir et en sécurité », a dit l’ancien président, sans préciser comment il comptait s’y prendre.