Fed: «Le temps est venu» pour une première baisse des taux selon Powell
AFP|Mis à jour le 23 août 2024Jerome Powell (Photo: La Presse Canadienne)
«Le temps est venu»: par ces mots, le président de la Réserve fédérale américaine (Fed) Jerome Powell a donné vendredi à Jackson Hole (Wyoming) le signal que les marchés attendaient, ouvrant grand la porte à une première baisse des taux lors de la prochaine réunion de l’institution, les 17 et 18 septembre.
«Le temps est venu pour un ajustement de politique» monétaire, a assuré le patron de la banque centrale américaine dans un discours très attendu lors d’un symposium rassemblant des banquiers centraux essentiellement américains à Jackson Hole.
«La direction à prendre est claire, le rythme des baisses de taux dépendra des données à venir, de l’évolution des perspectives et de l’équilibre des risques», entre maintien du plein emploi et contrôle de l’inflation, a précisé Jerome Powell.
Sa «confiance a augmenté quant au fait que l’inflation est sur la voie d’un retour durable à 2%», la cible fixée par le mandat de la banque centrale.
Dans le langage très codifié des banquiers centraux, il s’agit bien du signal que le comité monétaire de la Fed (FOMC) baissera ses taux lors de sa prochaine réunion, mi-septembre, la dernière avant la tenue des élections présidentielles américaines du 5 novembre.
Les régulières prises de parole de Jerome Powell n’avaient jusqu’ici pas donné d’indication sur la possibilité d’une baisse des taux d’intérêt de la Fed, action d’abord attendue par les marchés au premier semestre, avant que l’inflation persistante ne les amène à l’espérer pour septembre.
«Il n’a pas donné de précision quant à l’importance du mouvement à venir», a regretté dans une note le chef économiste de Pantheon Macroeconomics, Ian Shepherdson, qui note cependant que «le changement de ton comparé à la réunion de juillet est saisissant».
Wall Street a réagi plutôt positivement aux déclarations de Jerome Powell, le S&P500 terminant la séance en hausse de 1,15% et le Nasdaq de 1,47%, alors que le Dow Jones a terminé stable. Le discours avait déjà été en partie anticipé par les marchés ces derniers jours.
Mercredi, la publication des «minutes» de la Fed, le compte-rendu de la réunion précédente, avait en effet déjà évoqué cette possibilité: «La grande majorité (des membres, NDLR) souligne que, si les données poursuivent dans la direction attendue, il serait probablement approprié d’assouplir la politique (monétaire) lors de la prochaine réunion», indique le texte de la banque centrale.
«Répondre aux risques»
«Nous ferons tout ce qui est en notre pouvoir pour soutenir un marché de l’emploi solide», a en outre assuré Jerome Powell à Jackson Hole, signe que l’emploi revient dans les radars de l’institution, alors que le rythme de créations d’emplois revient au niveau qui était le sien avant la pandémie.
La révision mercredi des créations d’emplois sur l’année fiscale écoulée – la plus importante révision réalisée depuis 2009 – a montré que le marché de l’emploi était bien en phase de ralentissement avancée.
Les données publiées jusqu’ici avaient surestimé de plus de 800 000 le nombre d’emplois créés aux États-Unis entre début avril 2023 et fin mars 2024.
«Cela met en avant un rythme toujours positif» de créations d’emplois, mais «bien plus tempéré qu’envisagé initialement. La nuance est importante, car pour les économistes comme pour les décideurs, cela souligne que l’économie continue de progresser, mais à un rythme plus modéré», estime le chef économiste d’EY, Grégory Daco, interrogé par l’AFP.
Le président «Powell a noté qu’il y avait désormais suffisamment d’espace pour répondre aux risques qui pourraient apparaître, notamment en cas d’affaiblissement plus marqué des conditions du marché du travail», a-t-il estimé dans une note.
Jusqu’ici, les données montraient un ralentissement progressif dans les créations d’emplois, mais, avec la hausse relative du chômage à 4,3% en parallèle, le risque est désormais de voir ce dernier redevenir un sujet majeur.
Les responsables de la Fed soulignent d’ailleurs, selon les minutes, «un rééquilibrage des risques liés à l’inflation et à l’emploi».
La hausse du chômage a particulièrement inquiété les marchés, qui craignent que la «règle de Sahm» ne se vérifie encore: selon celle-ci, l’économie américaine entre en récession lorsque le chômage progresse de 0,5 point de pourcentage en moyenne sur trois mois.
La hausse de juillet était de 0,53 point par rapport au mois précédent.
La totalité des analystes table désormais sur une baisse des taux en septembre, la majorité l’envisageant à 25 points de base, mais près de 40% d’entre eux la voit à 50 points.