Files d’attente géantes de camions à la frontière polonaise
AFP et La Presse Canadienne|Publié le 07 septembre 2022Les pompiers de la ville ont creusé profondément dans les décombres encore fumants d’un immeuble et en ont retiré au moins un sac mortuaire. (Photo: La Presse Canadienne)
Ce texte regroupe toutes les réactions depuis l’invasion de la Russie en Ukraine pour la journée du 07 septembre 2022. Il sera mis à jour au courant de la journée. Pour retrouver toute notre couverture sur le conflit, c’est ici.
Kyiv — Des files d’attente géantes de camions se sont formées en Ukraine à la frontière polonaise, les routiers mettant en cause la lenteur des contrôles, en pleine invasion russe de ce pays, ont constaté des journalistes de l’AFP.
«Cela fait trois jours qu’on attend. La file d’attente n’a pas avancé d’un seul mètre de toute la nuit. Personne ne fait attention à nous», témoigne Mykola, un routier de 65 ans, qui refuse de donner son nom de famille.
«Je suis debout depuis lundi, ça fait huit heures sans mouvement. Et après avoir atteint la frontière, nous aurons à y rester pendant une journée ou une journée et demie», raconte Pavlo Ponomarenko, 47 ans, qui a peur que sa cargaison d’huile ne se gâte du fait de cette attente.
«Personne n’a besoin de nous, on marche ici comme des sans-abri, sans eau, sans nourriture, rien», renchérit Dmytro, un chauffeur de 45 ans.
Selon les routiers interrogés par l’AFP sur ce segment de route, cette file d’attente longue de 18 kilomètres s’est formée il y a trois jours et n’a avancé que d’un kilomètre et demi ces dernières 24 heures.
Les autorités ukrainiennes ont de leur côté signalé une queue de 54 kilomètres sur un autre segment.
Les camions coincés transportent des marchandises en direction de la Pologne ou bien arrivent à vide pour en emmener au retour vers l’Ukraine, où le transport maritime est quasiment à l’arrêt du fait de la guerre contre la Russie, hormis pour le transport crucial de céréales.
Les routiers ukrainiens dénoncent la lenteur des contrôles phytosanitaires et vétérinaires à la frontière.
Selon le vice-ministre ukrainien des Infrastructures, Moustafa Naïem, si jusqu’à 80 camions pouvaient être inspectés chaque jour avant la guerre, ce chiffre a chuté à 12 à 25 véhicules ces derniers jours.
«S’il existe des raisons objectives à un tel ralentissement du travail, nous sommes prêts à faire tout ce qui est en notre pouvoir pour accélérer le processus», a-t-il plaidé sur Facebook, tout en disant attendre «les mêmes progrès» côté polonais.
Kyiv propose une mission internationale à Zaporijjia
Kyiv — Au lendemain de la publication du rapport de l’AIEA, Kyiv a proposé mercredi une mission internationale sur le site de la centrale nucléaire de Zaporijjia, où la population a été appelée à évacuer sur fond de risque d’escalade entre Russes et Ukrainiens.
«Nous proposons de créer une mission internationale avec la participation de l’UE, de l’ONU et d’autres organisations. Celle-ci faciliterait le retrait de l’armée russe de la centrale et du territoire autour dans un rayon de 30 km», a indiqué lors d’une réunion du gouvernement ukrainien le premier ministre Denys Chmygal.
Ces propos interviennent au lendemain de la publication d’un rapport de l’AIEA jugé «sans résultats tangibles» par M. Chmygal. Ce rapport de l’agence onusienne appelait notamment à la création d’une «zone de sécurité» sur le site de la plus grande centrale d’Europe face à une situation sécuritaire «intenable».
La vice-première ministre ukrainienne, Iryna Verechtchouk, a pour sa part demandé la mise en place d’«un couloir humanitaire pour l’évacuation de la population civile du territoire temporairement occupé (par les Russes) et adjacent à la centrale nucléaire».
«Évacuez! Trouvez un moyen d’accéder aux territoires contrôlés (par Kyiv)», a-t-elle lancé aux habitants de la zone sur Telegram.
Un accident nucléaire à la centrale de Zaporijjia, occupée par les Russes depuis mars, risque d’affecter non seulement l’Ukraine, mais aussi des pays voisins, avait averti plus tôt de son côté l’agence d’inspection chargée de la sécurité nucléaire en Ukraine.
En cas d’incident grave, «il y aura des conséquences non seulement pour l’Ukraine, mais aussi, clairement, des conséquences au-delà des frontières», a prévenu Oleg Korikov, le chef par intérim de cette structure, lors d’une conférence de presse en ligne.
Selon lui, cette centrale située dans le sud du pays et actuellement débranchée du réseau électrique risque de se retrouver dans une situation où ses systèmes de sécurité seront alimentés grâce à des puissances de réserve fonctionnant avec du diesel.
«Mais en temps de guerre, il est très difficile de refaire le plein des réserves de diesel» dont il faut quatre citernes par jour, a expliqué M. Korikov.
«On peut potentiellement se retrouver face au manque de diesel ce qui peut conduire à un accident endommageant le cœur du réacteur et par conséquent, au rejet de produits radioactifs dans l’environnement», a indiqué le responsable.
Selon des experts, la perte de l’alimentation électrique des réacteurs pourrait entraîner l’arrêt de leur refroidissement et une fusion du cœur des réacteurs.
Les troupes russes ont pris début mars le contrôle de la centrale comptant six réacteurs nucléaires d’une puissance de 1 000 mégawatts chacun et qui produisait 20% de l’électricité ukrainienne avant l’invasion russe.
Son site subit des bombardements depuis plusieurs semaines dont Kyiv et Moscou se rejettent mutuellement la responsabilité.
Les bombardements se poursuivent autour de Zaporijjia
Kyiv — La Russie a repris ses bombardements dans la zone de la centrale nucléaire ukrainienne de Zaporijjia, a déclaré mercredi un responsable local, un jour après que l’agence de surveillance atomique de l’ONU ait fait pression pour que les parties belligérantes y créent une zone de sécurité pour se protéger contre une éventuelle catastrophe.
La ville de Nikopol, située sur la rive opposée du Dniepr à la plus grande centrale nucléaire d’Europe, a été la cible de tirs de roquettes et d’artillerie lourde, a déclaré le gouverneur régional Valentyn Reznichenko.
Les rapports de bombardements à proximité, qui n’ont pas pu être vérifiés de manière indépendante, ont provoqué une alarme internationale. Le chef de l’Agence internationale de l’énergie atomique, Rafael Grossi, a averti mardi le Conseil de sécurité de l’ONU que «quelque chose de très, très catastrophique pourrait se produire» à Zaporijjia.
«Il y a des incendies, des pannes d’électricité et d’autres choses à (l’usine) qui nous obligent à préparer la population locale aux conséquences du danger nucléaire», a déclaré M. Reznichenko.
Le péril potentiel a conduit l’agence de surveillance atomique de l’ONU à exhorter la Russie et l’Ukraine à établir une «zone de protection et de protection de la sécurité nucléaire» autour de la centrale.
On craint que les combats ne déclenchent une catastrophe de l’ampleur de celle de Tchernobyl en 1986. La centrale a été construite à l’époque soviétique et est l’une des dix plus grandes au monde.
Ni les responsables de Moscou ni ceux de Kiev ne s’engageaient immédiatement dans l’idée d’une zone de sécurité, affirmant que plus de détails sur la proposition étaient nécessaires.
Le président russe Vladimir Poutine a défié les pressions pour arrêter la guerre, déclarant mercredi que Moscou poursuivra son offensive militaire en Ukraine jusqu’à ce qu’elle atteigne ses objectifs. Il s’est également moqué des tentatives occidentales d’arrêter la Russie avec des sanctions.
La ville orientale de Sloviansk a essuyé des tirs russes mercredi matin, endommageant une école et un autre bâtiment, selon le chef de l’administration municipale Vadym Lyakh.
Les pompiers de la ville ont creusé profondément dans les décombres encore fumants d’un immeuble et en ont retiré au moins un sac mortuaire.
Des morceaux de briques, de maçonnerie et de béton gisaient parmi les branches déchirées des arbres voisins, mélangés avec du verre brisé et des tuiles. Les portes métalliques, déformées par la force de l’explosion, pendaient de leurs gonds.
La frappe a eu lieu vers 4 heures du matin, a déclaré Raisa Smelkova, une habitante de 75 ans, qui vit dans une autre partie du bâtiment. Elle et son mari sont indemnes.
Trois civils ont été tués dans des bombardements russes dans la région de Donetsk, a indiqué le bureau présidentiel ukrainien. La ville de Kharkiv a été touchée par des roquettes à deux reprises au cours de la nuit.
Mais les forces ukrainiennes ont pris le contrôle d’un nombre indéterminé de villes dans la région de Kherson, selon Nataliya Humenyuk, porte-parole du commandement militaire du sud. Elle a dit que les détails viendraient plus tard de la direction militaire.
Le ministère britannique de la Défense a indiqué qu’il y avait eu de violents combats sur trois fronts: dans le nord, près de Kharkiv ; à l’est, dans le Donbass ; et au sud, dans l’oblast de Kherson.
Au milieu d’une contre-attaque ukrainienne à l’est, «de multiples menaces simultanées réparties sur 500 kilomètres mettront à l’épreuve la capacité de la Russie à coordonner la conception opérationnelle et à réaffecter les ressources entre plusieurs groupes de forces», a précisé mercredi le ministère.
L’armée russe a organisé des exercices militaires à grande échelle qui ont commencé la semaine dernière et se sont terminés mercredi dans l’est du pays, impliquant des forces chinoises. Cela a été considéré comme une autre manifestation de liens de plus en plus étroits entre Moscou et Pékin au milieu des tensions avec l’Occident à propos de l’action militaire en Ukraine.