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Guerre en Ukraine: la situation sur le terrain au 126e jour

AFP|Publié le 29 juin 2022

Guerre en Ukraine: la situation sur le terrain au 126e jour

(Photo: Getty Images)

Ce texte regroupe tous les derniers développements à propos de l’invasion de la Russie en Ukraine pour la journée du 29 juin. Pour retrouver toute notre couverture sur le conflit, c’est ici. NDLR. Certains contenus sont explicites et peuvent être difficiles à lire. 

12h00 | Paris — La guerre d’usure se poursuit dans l’est de l’Ukraine, la ville de Lyssychansk étant devenue la principale cible russe depuis la prise de la cité voisine de Severodonetsk, alors que l’OTAN a lancé formellement le processus d’intégration de la Suède et de la Finlande.

Voici un point de la situation au 126e jour de la guerre à partir d’informations des journalistes de l’AFP sur place, de déclarations officielles ukrainiennes et russes, de sources occidentales, d’analystes et d’organisations internationales.

 

Combats dans l’est

Les forces russes continuent à avancer en direction de Lyssytchansk, poche de résistance stratégique du Donbass, mais leur progression reste modérée, affirme le ministère britannique de la Défense sur Twitter.

En quatre jours, les troupes de Moscou ont progressé de «deux kilomètres supplémentaires» à peine vers la raffinerie de Lyssytchansk, dans le sud de la ville, selon Londres.

Voisine de Severodonetsk, prise récemment par les Russes après des semaines de «défense acharnée» qui a entraîné «un coût élevé» pour l’adversaire, selon l’Institut pour l’étude de la guerre (ISW) américain, Lyssytchansk se situe en hauteur par rapport aux territoires avoisinants, donnant un avantage stratégique aux troupes de Kyiv.

 

Le sud

Les Ukrainiens poursuivent leur «contre-offensive» dans le sud-est sous contrôle russe et se rapprochent de Kherson, relève l’ISW. À quelques dizaines de kilomètres de là, une roquette russe a touché un immeuble résidentiel de Mykolaïev, faisant 4 morts et 5 blessés, selon le maire de la ville.

Kyiv a par ailleurs annoncé mercredi avoir échangé avec la Russie 144 soldats, dont 95 «défenseurs d’Azovstal» à Marioupol (sud-est), qui avaient défendu cette ville portuaire assiégée par l’armée russe pendant plusieurs semaines dans cette aciérie géante avant de se rendre. C’est le plus gros échange de prisonniers depuis le début de la guerre, selon Kyiv.

 

Centre commercial

Interrogés par l’AFP, des riverains du centre commercial de Krementchouk, dont le bombardement a fait au moins 18 morts et des dizaines de blessés et de disparus, ont jugé «absurde» la justification des autorités russes. 

Pour Moscou, ses missiles ont touché un entrepôt d’armements livrés par les Occidentaux, dont l’explosion a par ricochet provoqué l’incendie du centre commercial voisin, «qui n’était pas ouvert» au moment des faits.

«Il existe une probabilité réaliste que l’attaque de missiles (…) visait une cible proche», a toutefois estimé le ministère de la Défense britannique, qui a souligné «l’imprécision de la Russie dans ses frappes à longue portée», déjà cause de «pertes civiles massives».

Alors que les planificateurs russes sont disposés à «accepter un niveau élevé de dommages collatéraux», il est «presque certain» selon Londres que la Russie «continuera à mener des frappes pour empêcher le réapprovisionnement des forces ukrainiennes», causant «très probablement de nouvelles pertes civiles».

 

Élargissement de l’OTAN

Les dirigeants de l’OTAN ont lancé formellement le processus d’adhésion de la Suède et de la Finlande, lors d’un sommet à Madrid après la levée du véto de la Turquie. Moscou a dénoncé un mouvement «agressif» et «profondément déstabilisateur». 

L’alliance a annoncé que l’Ukraine pourrait compter sur son soutien «aussi longtemps» que nécessaire. «La Russie représente une menace directe pour notre sécurité», a déclaré le secrétaire général de l’organisation, Jens Stoltenberg. Une «position lucide», selon Kyiv.

Le président américain Joe Biden a pour sa part annoncé un renforcement des troupes américaines en Europe. La Russie a fait savoir qu’elle ne se sentait pas «intimidée».

 

«Toxicité masculine»

«Si Poutine était une femme, ce qu’il n’est pas, bien évidemment, vraiment je ne pense pas qu’il se serait embarqué dans cette guerre folle de macho», a déclaré le premier ministre britannique Boris Johnson. Cette guerre est «un exemple parfait de toxicité masculine». 

Réponse du porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov: «ce bon vieux Freud aurait adoré avoir de son vivant pour ses recherches un tel sujet» que le chef du gouvernement britannique.

 

Tensions russo-norvégiennes

Moscou a menacé de «représailles» la Norvège, l’accusant de bloquer le transit de marchandises à destination des Russes installés sur l’archipel arctique norvégien du Svalbard.

Selon la Russie, la Norvège a bloqué des approvisionnements en matériel et nourriture destinés à des mineurs russes. Oslo a par ailleurs annoncé le don de trois systèmes de lance-roquettes multiples à l’Ukraine.

 

330 G$ US russes gelés

Les États-Unis et leurs alliés ont gelé plus de 330 milliards de dollars américains d’avoirs russes depuis le début du conflit en Ukraine, dont 30 G$ US détenus par des oligarques ou membres de l’élite russe et 300 milliards de la Banque centrale russe, selon le Trésor américain.

 

Dizaines de milliers de morts

Il n’existe aucun bilan global des victimes civiles du conflit. Sur le plan militaire, des sources de sécurité occidentales évoquent désormais de 15 000 à 20 000 soldats russes tués. Les forces ukrainiennes perdent chaque jour une centaine de soldats, selon Kyiv.

Aucun chiffre indépendant n’est disponible.

 

Un tiers des Ukrainiens déplacés ou réfugiés

Plus de six millions d’Ukrainiens sont déplacés à l’intérieur de leur pays, selon un nouveau décompte mardi de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) et le Haut Commissariat aux réfugiés de l’ONU (HCR). Ils s’ajoutent aux plus de 5,2 millions de réfugiés ukrainiens enregistrés comme réfugiés dans d’autres États européens depuis le début du conflit le 24 février.

 

La Russie accélère l’incorporation du sud de l’Ukraine

10h27 | Moscou — Lignes de train et de bus, service d’état civil, retraites, écoles et banques: les administrations d’occupation du sud de l’Ukraine ont multiplié les annonces mercredi portant sur l’intégration de ces régions à la Russie.

Le «ministère» de l’Intérieur, autoproclamé, de la région de Kherson, occupée depuis mars par les troupes russes, a indiqué que des bus relieraient dès vendredi les villes de Kherson et Simferopol, la capitale de la Crimée, péninsule ukrainienne annexée par la Russie en 2014.

Des bus relieront aussi à partir du 1er juillet Simferopol aux villes conquises de Mélitopol et Berdiansk, dans la région ukrainienne de Zaporijjia, partiellement occupée par l’armée russe.

Et une ligne ferroviaire fonctionnera entre la ville criméenne de Djankoï et celles de Kherson et Mélitopol. 

«La sécurité des transports sera assurée par Rosgvardia», la garde nationale russe, a précisé le ministère autoproclamé dans un communiqué. 

Sur Telegram, l’administration d’occupation de la région de Kherson a quant à elle annoncé l’ouverture mercredi du Fonds de pension de la Fédération de Russie, chargé du versement des retraites.

Selon l’administration d’occupation, une première banque russe a ouvert mercredi à Kherson. Il s’agit d’une agence de Promsvyazbank, une banque privée connue pour financer le secteur de la défense et se trouvant sous sanctions occidentales.

Un service d’état civil obéissant «aux standards de la Russie» a également ouvert ses portes à Kherson pour enregistrer les naissances, les décès et célébrer les mariages, selon la même source. 

«Les services ne s’adressent pas seulement aux ressortissants russes, mais aussi à tous ceux qui n’ont pas encore eu le temps de faire la demande de citoyenneté russe», a indiqué l’administration, qui depuis le 11 juin délivre des passeports russes.

À Melitopol, le Service fédéral russe de supervision de l’éducation a commencé mercredi à remettre aux lycéens leurs certificats de fin de scolarité, selon l’administration d’occupation, citée par l’agence Ria Novosti.      

Depuis la prise de ces territoires du sud de l’Ukraine, Moscou mène une politique de russification: le rouble a été introduit, des passeports russes émis, les voix critiques sont réprimées et l’activité économique est largement sous contrôle des administrations d’occupation.

Vladimir Poutine avait affirmé en lançant son offensive contre l’Ukraine que son pays n’occuperait pas l’Ukraine. 

Depuis, le Kremlin se borne à dire que les habitants choisiront leur avenir, laissant entendre ainsi être favorable à un référendum pour organiser une annexion, comme cela avait été le cas en Crimée.

Le chef adjoint de l’administration d’occupation de Kherson, Kirill Stremooussov, a réaffirmé mercredi sur Telegram qu’un tel vote était en préparation, sans donner de calendrier. 

Mais parallèlement, plusieurs attentats ont visé dans la région ces dernières semaines des représentants acquis au Kremlin. Le 24 juin, un responsable prorusse a été tué à Kherson dans l’explosion de sa voiture, un acte qualifié de «terroriste» par Moscou.

Ces dernières semaines, les forces ukrainiennes sont repassées à l’offensive dans la région de Kherson et ont repris du terrain aux Russes.