Le gouverneur régional de Kyiv, Oleksiy Kuleba, a déclaré sur Telegram qu’une municipalité dans le district de Vyshgorod avait été ciblée tôt jeudi matin. (Photo: La Presse Canadienne)
Ce texte regroupe toutes les réactions depuis l’invasion de la Russie en Ukraine pour la journée du 28 juillet 2022. Il sera mis à jour au courant de la journée. Pour retrouver toute notre couverture sur le conflit, c’est ici.
11h06 | Paris — De multiples frappes de missiles russes se sont abattues jeudi dans plusieurs régions d’Ukraine, dans le centre, le sud et le nord du pays.
Au moins cinq personnes ont été tuées et 25 autres blessées, dont des militaires, dans une frappe russe sur des hangars à Kropyvnytskyï (centre), à environ 300 kilomètres au sud de Kyiv, a annoncé le gouverneur régional.
Ces frappes ont endommagé du «matériel aéronautique», un avion civil An-26 et des avions d’entraînement, ainsi que des bâtiments avoisinants.
Plus tôt jeudi matin, des missiles de croisière russes tirés depuis la Crimée ont partiellement détruit une base militaire située près de Kyiv, selon l’état-major ukrainien.
D’autres bombardements au lance-roquette multiple ont visé la région de Tcherniguiv dans le nord de l’Ukraine, tirés depuis le Bélarus voisin, un allié de Moscou.
«C’est une matinée agitée. Encore une fois, nous avons la terreur des missiles», a commenté le président ukrainien Volodymyr Zelensky sur Telegram, assurant pour autant que Kyiv «ne se rendra pas et ne baissera pas les bras».
Voici un point sur la situation en Ukraine, au 155e jour de la guerre, à partir d’informations des journalistes de l’AFP sur place, de déclarations officielles ukrainiennes et russes, de sources occidentales, d’analystes et d’organisations internationales.
Est
D’après l’état-major ukrainien, les forces russes continuent de tenter d’avancer près de Siversk et de Bakhmout, dans la région industrielle du Donbass, que Moscou ambitionne de conquérir.
Kharkiv, la deuxième ville du pays dans le nord-est, a subi deux frappes de missiles S-300 qui ont provoqué des incendies, selon le maire, Igor Terekhovassène.
«Les agresseurs essayent de transformer Kharkiv en une ville lamentable, similaire à celles qu’ils ont en Russie», a-t-il déclaré à l’AFP.
Quelque 30% des maisons et appartements de la ville ont été détruits, poursuit le maire, qui estime le nombre de sans-abri à 150 000.
Sud
Dans la région occupée de Kherson, dans le sud du pays, où les forces ukrainiennes mènent une contre-offensive, trois villages ont été repris aux Russes ces deux dernières semaines.
Le gouverneur de la région de Mykolaïv, dans le sud du pays, a fait état d’un bombardement «massif» de missiles qui a détruit une école et fait au moins un blessé.
Les forces d’occupation russes ont par ailleurs annoncé jeudi l’arrestation d’une vingtaine de «complices» de l’armée ukrainienne dans les régions occupées de Kherson et de Zaporijjia.
Cette annonce est intervenue au lendemain des frappes ukrainiennes qui ont partiellement détruit un important pont de Kherson, stratégique, et clé pour le ravitaillement des forces russes et de la ville.
«La 49e armée russe est stationnée sur la rive ouest du fleuve Dniepr et apparaît très vulnérable. Quant à la ville de Kherson, le centre urbain le plus significatif occupé par les Russes, elle est désormais virtuellement coupée des autres territoires occupés» et «sa perte fragiliserait considérablement les efforts russes pour décrire son occupation comme un succès», commente le ministère britannique de la Défense.
Des dizaines de milliers de morts
Il n’existe aucun bilan global des victimes civiles du conflit. Pour la seule ville de Marioupol (sud-est), les autorités ukrainiennes évoquent quelque 20 000 morts.
Sur le plan militaire, environ 15 000 soldats russes ont perdu la vie en Ukraine depuis le début de la guerre, estiment les agences de renseignement américaine et britannique. Le chef d’état-major des armées britanniques, l’amiral Tony Radakin, avait évalué dimanche à 50 000 les pertes militaires russes, que les soldats soient tués ou blessés.
L’Ukraine a fait état pour sa part il y a plusieurs semaines de 10 000 morts dans ses troupes.
Aucune statistique indépendante n’est disponible.
Ukrainiens déplacés ou réfugiés
Plus de six millions d’Ukrainiens sont déplacés à l’intérieur de leur pays, selon l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) et le Haut Commissariat aux réfugiés de l’ONU (HCR).
Ils s’ajoutent aux 5,8 millions d’Ukrainiens réfugiés dans d’autres États européens depuis le début de l’invasion.
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Kyiv — Les forces russes ont lancé jeudi des frappes massives de missiles sur les régions ukrainiennes de Kyiv et de Tchernihiv, des zones qui n’ont pas été ciblées depuis des semaines, tandis que des responsables ukrainiens annonçaient une opération visant à libérer une région occupée dans le sud du pays.
Le gouverneur régional de Kyiv, Oleksiy Kuleba, a déclaré sur Telegram qu’une municipalité dans le district de Vyshgorod avait été ciblée tôt jeudi matin ; un «objet d’infrastructure» a été touché. Il n’était pas immédiatement clair s’il y avait des victimes.
Vyshhgorod est située à 20 kilomètres au nord du centre-ville de Kyiv. M. Kuleba a lié les frappes à la Journée de l’État, que l’Ukraine marquait pour la première fois jeudi.
«La Russie, avec l’aide de missiles, se venge de la résistance populaire généralisée, que les Ukrainiens ont pu organiser précisément en raison de leur statut d’État, a déclaré M. Kuleba à la télévision ukrainienne. L’Ukraine a déjà contrecarré les plans de la Russie et continuera à se défendre.»
Le gouverneur de Tchernihiv, Vyacheslav Chaus, a rapporté que plusieurs missiles avaient été tirés depuis le territoire de la Biélorussie sur le village de Honcharivska.
Les troupes russes se sont retirées des régions de Kyiv et de Tchernihiv il y a des mois, après avoir échoué à capturer l’une ou l’autre. Les frappes renouvelées sur les zones surviennent un jour après que le chef des séparatistes pro-Kremlin à l’Est, Denis Pushilin, ait publiquement appelé les forces russes à «libérer les villes russes fondées par le peuple russe — Kyiv, Tchernihiv, Poltava, Odessa, Dnipropetrovsk, Kharkiv, Zaporijjia, Loutsk».
Kharkiv, la deuxième plus grande ville d’Ukraine, a également été bombardée pendant la nuit, a annoncé son maire Ihor Terekhov. La ville méridionale de Mykolaïv a aussi été la cible de tirs, et une personne a été blessée.
Pendant ce temps, l’armée ukrainienne a continué de contre-attaquer dans la région sud occupée de Kherson, frappant mercredi un pont clé sur le Dniepr.
Les médias ukrainiens ont cité jeudi le conseiller présidentiel ukrainien, Oleksiy Arestovich, disant que l’opération de libération de Kherson «a déjà commencé». M. Arestovich a ajouté que les forces de Kyiv prévoyaient d’y isoler les troupes russes et de leur laisser trois options: «battre en retraite, si possible, se rendre ou être détruites».
Oleksiy Danilov, le secrétaire du Conseil ukrainien de la sécurité nationale et de la défense, a lancé mercredi dans une allocution télévisée qu’il était «prudent» dans l’évaluation du calendrier d’une éventuelle contre-offensive. «J’aimerais vraiment que ce soit beaucoup plus rapide», a-t-il dit, ajoutant que «l’ennemi concentre maintenant le nombre maximum (de forces) précisément dans la direction de Kherson».
«Un mouvement à très grande échelle de leurs troupes a commencé, ils rassemblent des forces supplémentaires», a averti M. Danilov.
L’armée britannique a estimé jeudi que la contre-offensive de l’Ukraine à Kherson «prend de l’ampleur».
«Leurs forces ont très probablement établi une tête de pont au sud de la rivière Ingoulets, qui forme la frontière nord de Kherson occupée par la Russie», a indiqué jeudi le ministère britannique de la Défense.
Il a ajouté que l’Ukraine a utilisé sa nouvelle artillerie à longue portée pour endommager au moins trois des ponts sur le Dniepr, «sur lesquels la Russie compte pour approvisionner les zones sous son contrôle». Le pont Antonivsky, long de 1000 mètres, que les forces ukrainiennes ont frappé mercredi, sera probablement «inutilisable», a conclu le ministère britannique de la Défense.
Le bureau présidentiel ukrainien a annoncé jeudi matin que les bombardements russes de villes et de villages au cours des dernières 24 heures avaient tué au moins cinq civils, tous dans la région orientale de Donetsk, et en avaient blessé neuf autres.
Les combats de ces dernières semaines se sont concentrés sur la région de Donetsk. Ils se sont intensifiés ces derniers jours, alors que les forces russes semblaient sortir d’une «pause opérationnelle» signalée après avoir capturé la région voisine de Louhansk.
Un missile a frappé un immeuble résidentiel à Toretsk tôt jeudi matin, détruisant deux étages. «Encore une fois la terreur des missiles. Nous n’abandonnerons pas… Nous ne serons pas intimidés», a lancé le gouverneur régional de Donetsk, Pavlo Kyrylenko, sur Telegram.
Les analystes de l’Institut pour l’étude de la guerre estiment que les forces russes concentrent leurs efforts sur la capture des villes de Bakhmut et Siversk dans la province de Donetsk.
«Les forces russes ont engagé suffisamment de ressources pour mener des assauts terrestres quasi quotidiens et s’emparer de territoire sur ces deux axes, mais elles n’ont pas été en mesure de maintenir un rythme opérationnel offensif similaire ou de réaliser des gains territoriaux similaires ailleurs en Ukraine», a analysé l’Institut.