Guerre: le Canada offrira une aide à l’emploi aux Ukrainiens
lesaffaires.com, AFP et Presse canadienne|Publié le 29 mars 2022Les candidatures ont été ouvertes le 17 mars pour un programme permettant à un nombre illimité d’Ukrainiens fuyant la guerre dans leur pays d’origine de venir au Canada jusqu’à trois ans en attendant qu’ils décident s’ils souhaitent demander la résidence permanente. (Photo: La Presse Canadienne)
Pour retrouver toute notre couverture sur l’invasion de l’Ukraine par la Russie, c’est ici. NDLR. Certains contenus sont explicites et peuvent être difficiles à lire.
Ottawa — Le gouvernement aidera les Ukrainiens arrivant au Canada à trouver un emploi et à apprendre à parler anglais ou français, a déclaré lundi le ministre de l’Immigration, Sean Fraser.
Les candidatures ont été ouvertes le 17 mars pour un programme permettant à un nombre illimité d’Ukrainiens fuyant la guerre dans leur pays d’origine de venir au Canada jusqu’à trois ans en attendant qu’ils décident s’ils souhaitent demander la résidence permanente.
Ceux qui sont approuvés peuvent travailler ou étudier au Canada pendant leur séjour.
Le ministère de l’Immigration affirme que près de 60 000 Ukrainiens et les membres de leur famille ont jusqu’à présent postulé pour le programme.
«Nous élargissons le programme fédéral d’établissement pour offrir des services clés tels que la formation linguistique, l’orientation, l’aide à l’emploi et d’autres soutiens aux Ukrainiens alors qu’ils s’installent dans leurs nouvelles communautés», a déclaré M. Fraser dans une série de gazouillis lundi.
Plus de détails sont attendus mardi.
Deux semaines pour traiter chaque demande
Le ministère a estimé qu’il faudrait environ deux semaines pour traiter chaque demande, afin que les Ukrainiens puissent commencer à arriver dans le cadre du nouveau programme dès ce week-end.
L’invasion de l’Ukraine par la Russie a déclenché un exode, principalement des femmes et des enfants qui ont fui les violences qui ont éclaté il y a un mois.
L’agence des Nations Unies pour les réfugiés estime que 3,8 millions de personnes ont fui l’Ukraine depuis le 24 février.
Le programme temporaire pour les personnes qui ont quitté l’Ukraine est différent du processus régulier pour les réfugiés, qui comprend une aide pour trouver un logement et une orientation communautaire.
L’équipe de M. Fraser travaille sur d’autres moyens d’aider à installer les milliers d’Ukrainiens qui pourraient venir au Canada au cours des prochaines semaines.
«Nous continuerons à soutenir les Ukrainiens, avant et après leur arrivée au Canada», a écrit sur Twitter le ministre.
Un «chaos» pour venir au Canada
Pourtant, selon un reportage de Radio-Canada publié lundi, les formalités administratives exigées par le gouvernement Trudeau afin de voyager vers le Canada sont «extrêmement compliquées».
À part l’ambassade, il n’y a qu’un centre agréé dans toute la Pologne pour effectuer les démarches administratives.
Rencontré sur place, à Varsovie, par Radio-Canada, un Canadien d’origine ukrainienne venu aider sa famille a parlé de «chaos» pour obtenir les documents administratifs nécessaires afin de prendre l’avion vers le Canada.
Le député du Bloc Québécois Alexis Brunelle-Duceppe a repris ce terme, parlant de «chaos administratif».
«On réglera la paperasse après. Là, ça suffit le niaisage. Quand est-ce que le gouvernement va noliser des avions, créer une passerelle aérienne et aller chercher les familles», a-t-il questionné lors de la période des questions à la Chambre des communes, lundi.
«Comment est-ce possible qu’après 33 jours de guerre, il n’y ait qu’un seul centre en Pologne (…) où les réfugiés peuvent faire faire leurs données biométriques ; qu’après 33 jours, le service offert aux réfugiés, c’est de faire “’refresh” sur un site internet qui plante dans l’espoir d’obtenir un rendez-vous quasi inexistant dans l’unique centre mis à contribution», a-t-il ajouté.
La secrétaire parlementaire du ministre de l’Immigration et députée libérale Marie-France Lalonde a répondu que le gouvernement travaillait depuis le début avec ses partenaires, y compris les partenaires aériens.
«Nous envoyons des lettres d’instruction biométriques aux clients toutes les quatre heures. Ce qu’on fait aussi c’est qu’on augmente le nombre d’employés d’unités biométriques dans les régions et on va envoyer plus d’employés pour répondre à l’augmentation», a-t-elle dit.
Aide à l’aéroport
À partir de vendredi, une aide sera disponible dans certains aéroports pour accueillir les Ukrainiens, avec une assistance et des informations sur l’arrivée dans leur langue.
Le Congrès ukrainien a appelé le gouvernement à fournir aux nouveaux arrivants un soutien financier pour la nourriture et le logement pendant une période de transition de trois mois.
Programme pour étudiants et chercheurs
Lundi, le gouvernement a annoncé un programme spécial de subventions pour les étudiants diplômés et les chercheurs postdoctoraux touchés par l’invasion.
«Nous établissons cette mesure comme une autre façon de démontrer notre soutien à l’Ukraine, pour aider les chercheurs et étudiants ukrainiens travaillant au Canada à poursuivre leur important travail, a déclaré le ministre de la Santé, Jean-Yves Duclos, dans un communiqué.
Cela contribuera également à protéger la croissance future de la communauté scientifique ukrainienne.»
Le programme offrira des subventions pouvant atteindre 45 000 $ aux Ukrainiens qui souhaitent poursuivre leurs études et leurs recherches au Canada ainsi qu’aux Ukrainiens au Canada qui ne peuvent pas rentrer chez eux à cause de la guerre.
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Discussions entre Zelensky et Trudeau sur les besoins de l’Ukraine.
Ottawa — Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a fait le point lundi avec le premier ministre Justin Trudeau sur les nouveaux pourparlers de cessez-le-feu avec la Russie.
M. Zelensky a déclaré aux médias russes avant les négociations prévues en Turquie que l’Ukraine était prête à déclarer la neutralité, ce qui serait une concession à la demande du président russe Vladimir Poutine. Ce dernier souhaite que le gouvernement de Kyiv abandonne son ambition de rejoindre l’alliance militaire de l’OTAN.
Mais M. Zelensky a clairement indiqué que l’Ukraine aurait besoin de garanties de la part de la Russie, qui a envahi le pays le 24 février, déplaçant des millions de personnes.
Sur Twitter, le président ukrainien a dit avoir discuté de coopération avec Justin Trudeau relativement à «la défense et la pression des sanctions».
Il a également parlé des crimes de la Russie et du déroulement du processus de négociation.
«Je suis reconnaissant de la volonté d’envisager une aide macrofinancière supplémentaire pour l’Ukraine», a mentionné M. Zelensky.
Avant les pourparlers avec la Russie, il a également déclaré qu’il était ouvert à un compromis sur l’avenir de la région ukrainienne du Donbass, que le Kremlin a revendiquée comme son territoire et où huit années de combats avant la récente invasion russe ont fait 14 000 morts.
L’avancée russe sur la capitale semblait être en perte de vitesse alors que selon le maire d’Irpin, une banlieue située au nord-est de Kyiv, sa ville avait été libérée des forces russes. Plus tôt ce mois-ci, des images de civils ukrainiens morts, dont une mère et deux enfants, ont émergé d’Irpin.
«Le premier ministre et le président ont discuté de l’agression militaire russe constante et de ses effets dévastateurs sur le peuple, l’infrastructure et l’économie de l’Ukraine», a indiqué le bureau du premier ministre Trudeau dans un résumé de l’appel avec M. Zelensky.
Les deux dirigeants ont évoqué les prochaines étapes, notamment un soutien humanitaire, financier et militaire dont l’Ukraine a besoin, ainsi que de nouvelles sanctions contre la Russie, est-il aussi mentionné dans le communiqué. Mais celui-ci ne fait pas état des dernières positions de négociation du président Zelensky avec Moscou.
«Le premier ministre Trudeau a réitéré le soutien indéfectible du Canada à l’égard de l’intégrité territoriale, de la souveraineté et de l’indépendance de l’Ukraine», a aussi détaillé le bureau de M. Trudeau.
Enjeux énergétiques
Plus tôt lundi, le premier ministre canadien a soutenu que même si l’invasion russe pouvait faire grimper les prix de l’énergie, elle continuait de donner l’impulsion nécessaire pour amener la planète à développer des sources d’énergie plus vertes.
«La détermination du monde à réduire sa dépendance vis-à-vis du pétrole et du gaz russe se transforme en une urgence accrue pour la transformation de notre combinaison énergétique vers une réduction des émissions de carbone dans nos énergies dans les années à venir», a déclaré M. Trudeau lors d’un événement dans le sud de l’Ontario.
Ses commentaires sont intervenus alors que le G7 a repoussé les demandes russes concernant l’accès au pétrole et au gaz à une Europe dépendante de l’énergie.
Le ministre allemand de l’Énergie a affirmé que le G7 n’avait pas l’intention de céder à la demande de la Russie pour que les pays paient les exportations de gaz naturel en roubles.
«Tous les ministres du G7 étaient entièrement d’accord sur le fait que cela (serait) une violation unilatérale et claire des contrats existants», a déclaré Robert Habeck aux journalistes lundi, à Berlin.
La décision a été prise après une réunion vendredi entre des responsables du Canada et de ses alliés du G7.
La semaine dernière, Vladimir Poutine a déclaré qu’il obligerait les pays «inamicaux» à payer le gaz naturel russe en roubles et qu’il mettrait en place un système leur permettant d’acheter la monnaie russe. Cette intention a grandement été considérée comme une tentative du président Poutine de soutenir le rouble, dont la valeur a chuté sous le poids des sanctions occidentales.
«Il y a une réelle opportunité de comprendre que la terrible décision erronée de Vladimir Poutine d’envahir un pays pacifique et voisin donne au monde, oui, des difficultés en ce moment autour des prix de l’énergie, autour de l’insécurité alimentaire. Mais aussi d’autant plus de motivation pour se soutenir les uns les autres, pour soutenir les familles alors que nous réduisons complètement notre dépendance au pétrole et au gaz», a déclaré M. Trudeau lundi.
Il a affirmé qu’il a discuté d’aider l’Europe à faire face à sa dépendance à l’égard des approvisionnements énergétiques russes, notamment lors de sa visite en Allemagne au début du mois où lui et le chancelier Olaf Scholz ont parlé d’une plus grande coopération sur le développement de l’hydrogène comme source d’énergie propre.
Tandis que le Canada et ses alliés occidentaux ont resserré l’étau autour de l’économie russe avec des sanctions et d’autres mesures commerciales depuis l’invasion de l’Ukraine par Moscou, l’interdiction de l’énergie russe en Europe a été problématique, car l’Europe reçoit 40% de son gaz et 25% de son pétrole de la Russie.