«Il faut reconnaître» que l’Ukraine ne pourra pas intégrer l’OTAN
AFP et La Presse Canadienne|Publié le 15 mars 2022Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a toutefois regretté que l'OTAN, «qui semble hypnotisée par l'agression russe», refuse de créer une zone d'exclusion aérienne au-dessus de l'Ukraine. (Photo: 123RF)
Ce texte regroupe toutes les réactions depuis l’invasion de la Russie en Ukraine pour la journée du 15 mars 2022. Il sera mis à jour au courant de la journée. Pour retrouver toute notre couverture sur le conflit, c’est ici.
10h47 | Kyiv — «Il faut reconnaître» que l’Ukraine ne pourra pas adhérer à l’OTAN, a déclaré mardi le président ukrainien Volodymyr Zelensky, alors que ce dossier est un des motifs avancés par la Russie pour justifier son invasion du pays.
«Nous avons entendu pendant des années que les portes étaient ouvertes, mais nous avons aussi entendu que nous ne pourrions pas adhérer. C’est la vérité et il faut le reconnaître», a déclaré le président ukrainien pendant une visioconférence avec des dirigeants des pays de la Joint Expeditionary Force, une coalition militaire menée par le Royaume-Uni.
«Je suis content que notre peuple commence à le comprendre et à ne compter que sur ses forces», a-t-il ajouté.
Il a toutefois regretté que l’OTAN, «qui semble hypnotisée par l’agression russe», refuse de créer une zone d’exclusion aérienne au-dessus de l’Ukraine.
«On entend des arguments selon lesquels la “Troisième Guerre mondiale” pourrait commencer si l’OTAN ferme son ciel pour les avions russes. C’est pour cela que la zone humanitaire aérienne n’a pas été créée au-dessus de l’Ukraine et c’est pour cela que les Russes peuvent bombarder les villes et tuer des gens, faire sauter des hôpitaux et des écoles», a-t-il lancé.
Le président Zelensky avait déjà tempéré sa position sur l’OTAN la semaine dernière dans un entretien à la chaîne américaine ABC.
«S’agissant de l’OTAN, j’ai tempéré ma position sur cette question il y a déjà un certain temps, lorsque nous avons compris» que «l’OTAN n’était pas prête à accepter l’Ukraine», a-t-il déclaré dans cette interview le 8 mars.
La Russie a envahi le 24 février l’Ukraine et mène une guerre dans cette ex-république soviétique.
Moscou affirme vouloir la garantie que Kyiv n’entrera jamais dans l’OTAN, une alliance transatlantique créée pour protéger l’Europe de la menace de l’URSS au début de la guerre froide et qui s’est ensuite progressivement élargie jusqu’aux portes de la Russie.
Nouvelles sanctions de Washington contre la Russie et le président du Bélarus, Loukachenko
10h35 | Washington — Washington a annoncé mardi de nouvelles sanctions visant le président biélorusse Alexandre Loukachenko et son épouse, ainsi que des personnes et une entité russe, pour corruption et atteinte aux droits de la personne, a indiqué le Trésor dans un communiqué.
Ces sanctions visent Alexandre Loukachenko, allié du président russe Vladimir Poutine, et «chef d’un gouvernement corrompu en Biélorussie dont le réseau de favoritisme profite à son entourage et à son régime», ainsi que sa femme, précise le Trésor.
Ces mesures ne sont pas directement liées à la guerre en Ukraine, mais s’inscrivent dans un mouvement de sanctions internationales visant la Russie et la Biélorussie. Certaines des troupes russes entrées en Ukraine étaient passées par la Biélorussie.
Par ailleurs, une juge moscovite est ciblée par ces sanctions dans le cadre de la loi dite «Magnitsky», qui vise à lutter contre la corruption et les atteintes aux droits de la personne.
Trois responsables tchétchènes et le ministère auquel ils étaient rattachés sont également sous le coup de sanctions, pour leur participation à l’arrestation de Oïoub Titiev, responsable en Tchétchénie de l’ONG de défense des droits humains Memorial, qui avait été condamné dans une affaire de drogue dénoncée comme un coup monté puis libéré quelques mois plus tard.
«Les désignations d’aujourd’hui démontrent que les États-Unis continueront à imposer des conséquences concrètes et importantes à ceux qui se livrent à la corruption ou sont liés à des violations flagrantes des droits de l’homme», a déclaré, citée dans le communiqué, la directrice du Bureau de contrôle des avoirs étrangers (OFAC) du département du Trésor, Andrea Gacki.
«Nous condamnons les attaques de la Russie contre les couloirs humanitaires en Ukraine et appelons la Russie à cesser sa guerre non provoquée et brutale contre l’Ukraine», a-t-elle ajouté.
Le département d’État américain a par ailleurs annoncé, mardi également, des sanctions à l’encontre de 11 responsables du ministère de la Défense russe en réponse à l’invasion de l’Ukraine.
Michelin suspend la production de son usine et ses ventes en Russie
10h24 | Paris — Michelin a annoncé mardi l’arrêt de la production de son usine de Davydovo, près de Moscou, et de ses exportations vers la Russie.
«Dans ce contexte très difficile et incertain, la priorité de Michelin est d’accompagner tous ses salariés affectés par cette crise et notamment ses salariés de Michelin Russie», a indiqué le groupe français dans un communiqué.
Le fabricant de pneus emploie environ 1 000 personnes dans le pays, dont 750 dans l’usine. Ces salariés continueront à être payés, a précisé un porte-parole du groupe.
Le géant japonais du pneu Bridgestone avait également annoncé lundi la suspension à partir de vendredi de la production de son usine d’Oulianovsk, ainsi que de ses ventes et investissements en Russie.
Michelin fabrique 1,5 à 2 millions de pneumatiques par an en Russie, principalement pour les voitures du marché local.
Après une première aventure russe au début du XXe siècle, Michelin avait ouvert en 2004 l’usine de Davydovo, un de ses 68 sites de production dans le monde.
Les ventes de Michelin en Russie représentent 2% de ses ventes totales, qui étaient de 23,795 milliards d’euros en 2021, et 1% de sa production mondiale de pneus pour voitures de tourisme.
Le guide Michelin, bible gastronomique mondiale, avait également annoncé début mars qu’il suspendait ses activités en Russie en raison de la guerre en Ukraine.
Parmi les marques automobiles, Toyota, Volkswagen, Stellantis et Ferrari ont également suspendu leurs opérations en Russie.
Sanctions: 84% des PME russes se disent affectées
10h00 | La grande majorité des petites et moyennes entreprises russes se dit affectée d’une manière ou d’une autre par les sanctions liées à l’Ukraine contre la Russie, selon une étude présentée lundi par le représentant des entrepreneurs auprès du Kremlin, Boris Titov.
La part des entreprises russes indiquant subir un impact est passée de 26,4% avant la dernière salve de sanctions liées à l’entrée des troupes russes en Ukraine, à 84,1% après celles-ci, une proportion d’une ampleur sans précédent.
Cette étude a été menée auprès de 6 000 entreprises de l’ensemble du territoire russe par l’Institut économique Stolypine en deux phases: d’abord du 14 au 18 février (soit avant l’offensive militaire débutée le 24 février), puis du 3 au 7 mars 2022.
«Le problème le plus important lié aux nouvelles sanctions, en plus d’autres grandes difficultés, reste l’augmentation des prix d’achat», a déclaré Boris Titov, membre de la direction de cet institut, cité par des médias russes. «Cela peut avoir un impact systémique sur la croissance des coûts des entreprises russes et donc mener à une forte baisse de leur compétitivité», a-t-il ajouté.
Les entreprises sondées, en plus des prix d’approvisionnement, citent parmi leurs inquiétudes une baisse des revenus, une dépréciation du rouble et une perturbation des chaînes d’approvisionnement.
Boris Titov, lui-même entrepreneur, a indiqué que plus de la moitié des entreprises sondées estimaient ne pas encore être remises des effets de la pandémie de coronavirus, et que cette nouvelle épreuve pourrait être encore plus dévastatrice.
Qualifiant les mesures gouvernementales de «cosmétiques», le représentant des entrepreneurs a affirmé qu’«aujourd’hui, près de 90% des entreprises doivent être soutenues».
Le ministre russe de l’Économie, Maxime Rechetnikov, a déclaré récemment qu’afin de soutenir les entreprises, le gouvernement envisageait la possibilité de réduire temporairement à zéro les droits d’importation sur certains produits.
Boris Titov a par ailleurs demandé une amnistie pour plus de 2 000 entrepreneurs emprisonnés pour des crimes économiques (fraude, détournement de fonds, évasion fiscale, etc.).
«Ces crimes ne sont pas violents (…) nombre de ces personnes ont été victimes d’affrontements sans scrupules entres concurrents», a-t-il affirmé.
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Suspension des achats d’or pour les banques russes
8h02 | Moscow — La Banque centrale russe a annoncé lundi suspendre ses achats d’or auprès des banques afin qu’elles puissent satisfaire la demande de la population pour ce métal.
«Afin de créer les conditions pour répondre à la demande de la population, la Banque de Russie suspend l’achat d’or auprès les établissements de crédit à partir du 15 mars 2022», a indiqué la Banque de Russie dans un communiqué.
«Actuellement, la demande de la population pour l’achat de lingots d’or physiques a augmenté, en raison notamment de la suppression de la TVA sur ces transactions», a noté l’institution.
La Banque centrale de Russie a recommencé à acheter de l’or sur le marché intérieur des métaux précieux le 28 février 2022, près de deux ans après la suspension de ces opérations, après l’entrée des forces russes en Ukraine.
L’abolition de la TVA sur les achats d’or par des particuliers a ensuite été mise en place, dans la foulée de la chute du rouble à cause des sanctions occidentales imposée par les Occidentaux.
Cette mesure est destinée à éviter les achats par la population de devises étrangères, qui, en masse, affaiblissent encore la monnaie nationale.
D’importantes restrictions ont été introduites sur l’achat, le retrait et la sortie du territoire de devises étrangères.
Le rouble a perdu 40% de sa valeur depuis le début de l’intervention militaire.
Une partie des réserves de devises étrangères de la Banque centrale russes à l’étranger ont été gelées par les Occidentaux, limitant sa capacité d’action.
Le Royaume-Uni impose des sanctions commerciales contre la Russie axées sur le luxe
7h44 | Londres — Le gouvernement britannique a imposé des sanctions commerciales contre la Russie en réaction à l’invasion de l’Ukraine, avec notamment des droits de douane punitifs sur la vodka et une interdiction d’exporter des produits de luxe.
«La vodka russe est l’un des produits emblématiques touchés par la hausse des droits de douane», qui représente une augmentation de «35 points de pourcentage comparé aux taux actuels», indique mardi le ministère du Commerce international dans un communiqué.
Les biens de luxe concernés seront notamment les voitures haut de gamme, la mode ou les œuvres d’art, précise le ministère.
«Nous voulons causer le maximum de dommages à la machine de guerre de Poutine tout en minimisant l’impact sur les entreprises britanniques, tandis que les dirigeants du G7 s’unissent sur une nouvelle vague de sanctions économiques contre Moscou», justifie le ministère dans son communiqué.
«L’interdiction des exportations va entrer en vigueur rapidement et pour s’assurer que les oligarques et autres membres de l’élite qui s’est enrichie sous le règne du président (russe Vladimir) Poutine, et soutient son invasion illégale, sont privés de produits de luxe», insiste-t-il.
Le gouvernement britannique dit travailler avec ses partenaires internationaux et «soutient l’Organisation mondiale du commerce (OMC) pour empêcher ceux qui ne respectent pas les règles de l’ordre international d’en toucher les bénéfices» pour financer l’offensive en Ukraine.
Londres a déjà infligé une série de sanctions contre des intérêts et ressortissants russes, avec une interdiction des importations de pétrole et des sanctions visant personnellement des oligarques ayant des intérêts au Royaume-Uni, dont le milliardaire Roman Abramovitch, propriétaire du club anglais de football de Chelsea.
Au total, le Royaume-Uni a déjà sanctionné plus de 200 Russes les plus puissants, notamment près de 400 membres de la Douma, depuis le début de l’invasion de l’Ukraine.
Un projet de loi sur la criminalité économique a été approuvé au Parlement lundi dans la nuit et doit à présent être ratifié par la Reine.
La nouvelle législation doit permettre de sanctionner plus facilement les cas de «richesse inexpliquée» appartenant à des personnes n’ayant pas de source connue de revenus légitimes, et donc de lutter contre l’argent sale, y compris celui des oligarques.
L’Allemagne déconseille l’utilisation du logiciel antivirus russe Kaspersky
6h08 | Berlin — L’office allemand responsable des questions de cybersécurité a recommandé mardi d’éviter l’utilisation des logiciels antivirus de l’éditeur Kaspersky, avertissant que l’entreprise russe pourrait être impliquée, de gré ou de force, dans d’éventuelles attaques informatiques.
Depuis l’invasion de l’Ukraine, l’action des forces militaires et/ou des services de renseignement en Russie (…) «est associée à un risque considérable d’attaque informatique», a expliqué dans un communiqué l’Office fédéral de la sécurité des technologies de l’information (BSI).
«Un fabricant informatique russe peut lui-même mener des opérations offensives, être contraint d’attaquer des systèmes cibles contre sa volonté, ou être lui-même victime d’une cyberattaque à son insu, espionné ou utilisé comme outil pour lancer des attaques contre ses propres clients», a-t-elle précisé.
Le BSI prévient qu’outre les entreprises, les particuliers utilisant le logiciel antivirus pourraient aussi être vulnérables. L’office de cybersécurité allemand invite ainsi toute personne ayant un doute à la contacter.
Début mars, les autorités françaises ont émis un avertissement similaire.
Les États-Unis avaient déjà interdit aux agences gouvernementales d’utiliser les logiciels Kaspersky dès 2017.
Le groupe russe, l’un des grands éditeurs de logiciels au monde équipant plusieurs millions d’ordinateurs, réfute les accusations de collaboration avec le Kremlin.
Plusieurs experts en informatique ont prévenu que l’invasion en Ukraine par la Russie pouvait entraîner des cyberattaques de grande ampleur. Toutefois, elles sont restées peu nombreuses jusqu’à présent.
Ces dernières années, l’Allemagne a accusé à plusieurs reprises la Russie de tentatives de cyberespionnage.
L’incident le plus médiatisé imputé à ce jour à des pirates russes est une cyberattaque qui, en 2015, a paralysé le réseau informatique de la chambre basse du Bundestag, obligeant l’ensemble de l’institution à rester hors ligne pendant plusieurs jours.
La Russie nie être à l’origine de telles activités.
Début septembre, la justice allemande avait également ouvert une enquête pour cyberespionnage de députés, derrière lequel Berlin soupçonne la main du Kremlin.