Israël menace de riposter à l’attaque de l’Iran et frappe de nouveau Beyrouth
AFP|Mis à jour le 01 octobre 2024Des chars israéliens et des véhicules blindés de transport de troupes se rassemblent à la frontière israélo-libanaise le 30 septembre 2024. (Photo: Erik Marmor Getty Images)
Jérusalem et Beyrouth — Israël et son allié américain ont menacé de riposter à l’attaque mardi de l’Iran qui a tiré environ 180 missiles sur le territoire israélien pour venger la mort de ses alliés, les chefs du Hezbollah libanais et du Hamas palestinien.
« L’Iran a commis une grave erreur ce soir et en paiera le prix », a déclaré mardi soir le premier ministre israélien Benjamin Nétanyahou. « Nous nous en tiendrons à ce que nous avons fixé: celui qui nous attaque, nous l’attaquons », a-t-il menacé.
L’attaque iranienne contre Israël, la deuxième du genre en près de six mois, est « terminée », a fait savoir Téhéran, promettant une réponse « plus forte et plus puissante » en cas de riposte israélienne.
Les États-Unis, qui ont aidé leur allié à abattre les missiles iraniens, ont dit vouloir « coordonner » avec les Israéliens une réponse à l’Iran, leur ennemi juré. « Les États-Unis soutiennent pleinement, pleinement, pleinement Israël », a déclaré à la presse le président Joe Biden.
Le Conseil de sécurité de l’ONU doit se réunir d’urgence mercredi pour discuter de l’escalade des hostilités au Moyen-Orient.
En pleine attaque iranienne, l’armée israélienne a tiré des missiles d’interception au-dessus de Jérusalem contre des projectiles, visibles à leurs traces lumineuses, ont constaté des journalistes de l’AFP.
Des dizaines de détonations ont été entendues et des explosions étaient visibles dans le ciel. Les sirènes d’alerte ont retenti à travers le pays et l’espace aérien israélien a été fermé pendant l’attaque.
Nombreux missiles interceptés
Il y a eu deux blessés légers en Israël, selon les secours. Un Palestinien a été tué à Jéricho, en Cisjordanie occupée, par des éclats de missile, selon un responsable palestinien.
Lorsque les sirènes ont retenti, des centaines de personnes à la gare routière centrale de Jérusalem-Ouest ont trouvé refuge dans un parking souterrain. Certains ont prié, d’autres consultaient leurs téléphones.
Environ une heure après l’attaque, l’armée a appelé la population à sortir des abris.
« Environ 180 missiles ont été tirés vers le territoire israélien depuis l’Iran », et un grand nombre ont été interceptés par le système de défense «Dôme de fer», a indiqué l’armée.
« En réponse aux martyrs d’Ismaïl Haniyeh, Hassan Nasrallah et Abbas Nilforoushan (un adjoint au chef des Gardiens), nous avons visé le cœur des territoires occupés », ont indiqué les Gardiens de la Révolution, armée idéologique d’Iran, en référence à Israël.
Ils ont affirmé avoir frappé « trois bases militaires » situées autour de Tel-Aviv. Après l’attaque, l’aéroport international de Téhéran a suspendu ses vols.
Des tirs de joie nourris ont éclaté dans la banlieue sud de Beyrouth après l’attaque iranienne. Le Hamas palestinien a salué « les tirs de missiles héroïques de l’Iran ».
«Réponse décisive»
L’Iran a exercé son « droit à l’autodéfense », a écrit sur X le ministre iranien des Affaires étrangères, Seyed Abbas Araghchi. « Nous avons agi ainsi après avoir fait preuve d’une immense retenue pendant près de deux mois, afin de laisser la place à un cessez-le-feu à Gaza », a-t-il poursuivi.
« Notre action est terminée à moins que le régime israélien ne décide d’inviter à de nouvelles représailles. Dans ce cas, notre réponse sera plus forte et plus puissante », a averti le ministre.
Israël est en guerre contre le Hamas à Gaza depuis une attaque sans précédent du mouvement islamiste palestinien contre le territoire israélien le 7 octobre 2023. Il combat aussi le Hezbollah libanais qui a ouvert un front contre Israël en soutien au Hamas, son allié, au lendemain du début de la guerre.
Vendredi, Hassan Nasrallah a été tué dans un raid dévastateur revendiqué par Israël dans la banlieue sud de Beyrouth.
Le 31 juillet, Ismaïl Haniyeh, le chef du Hamas, avait été tué dans une attaque alors qu’il se trouvait à Téhéran. L’Iran et le Hamas ont accusé Israël.
Le 13 avril, en riposte à une frappe meurtrière imputée à Israël sur le consulat iranien à Damas, l’Iran avait tiré vers Israël quelque 350 drones explosifs et missiles, la première attaque directe du genre. La plupart des missiles avaient été interceptés par Israël avec l’aide de pays étrangers, surtout les États-Unis.
En revanche, l’Union européenne, l’Espagne, et la Grande-Bretagne ont condamné l’attaque iranienne. Le chef de l’ONU Antonio Guterres a « condamné l’élargissement du conflit » au Moyen-Orient.
Attentat meurtrier à Tel-Aviv
Juste avant l’attaque iranienne, six civils ont été tués dans un attentat à l’arme automatique et à l’arme blanche à Tel-Aviv, mené par deux tireurs qui ont été « neutralisés », selon la police.
Après le coup dévastateur porté au Hezbollah dont plusieurs chefs militaires ont été tués par Israël, et après une semaine de frappes israéliennes qui ont fait des centaines de morts au Liban, Israël a averti que la guerre n’était pas finie contre le mouvement libanais.
« L’armée de l’air continue de fonctionner à plein régime et, ce soir, elle continuera de frapper avec puissance au Moyen-Orient », a averti le porte-parole de l’armée israélienne, Daniel Hagari.
Le ministère libanais de la Santé a annoncé mardi soir que 55 personnes avaient été tuées et 156 autres blessées par des « frappes de l’ennemi israélien » au cours des dernières 24 heures dans plusieurs régions du pays.
L’unité de gestion des catastrophes avait annoncé avant la publication de ce bilan quotidien que 1873 personnes avaient été tuées au Liban.
Mardi, l’armée israélienne a annoncé des raids au sol contre le Hezbollah dans le sud du Liban et la mobilisation de forces supplémentaires contre ce mouvement. Elle a appelé les habitants de 27 localités du sud du Liban à les évacuer.
La Force intérimaire de l’ONU au Liban, déployée à la frontière avec Israël, a néanmoins assuré ne pas avoir détecté d’incursion israélienne. L’armée libanaise et le Hezbollah ont également nié une telle incursion.
Raids au sol «localisés au Liban»
Selon un responsable israélien, il s’agit de « raids localisés d’une ampleur très limitée », destinés à « éloigner les menaces contre les communautés civiles du nord d’Israël », frontalier du sud du Liban et cible des tirs du Hezbollah.
L’armée de l’air israélienne a en outre mené des frappes meurtrières près de Beyrouth et dans le sud du Liban. Le Hezbollah a dit avoir tiré des roquettes vers une base près de Tel-Aviv (centre) et sur le nord d’Israël.
L’armée israélienne a annoncé avoir frappé tôt mercredi « des cibles terroristes du Hezbollah » dans la banlieue sud de Beyrouth, après avoir ordonné aux habitants du secteur d’évacuer. Une source sécuritaire libanaise a confirmé ce bombardement.
Mi-septembre, Israël a intensifié ses frappes contre le Hezbollah, avec l’objectif de faire cesser les tirs de ce mouvement vers son territoire et permettre le retour de dizaines de milliers d’habitants dans le Nord. Plus de 1000 personnes ont été tuées depuis, selon le ministère libanais de la Santé.
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