Yoav Gallant (Photo: Ariel Hermoni / Anadolu / Getty Images)
Jérusalem — Le premier ministre israélien, Benjamin Nétanyahou, a limogé mardi son ministre de la Défense, Yoav Gallant, après des divergences sur la conduite de la guerre à Gaza, et l’a remplacé par l’actuel chef de la diplomatie Israël Katz.
Cette annonce surprise intervient dans l’attente du résultat de l’élection présidentielle aux États-Unis, le principal allié d’Israël, pays qui bataille sur deux fronts, contre le Hamas palestinien à Gaza et le Hezbollah au Liban.
«En pleine guerre, la confiance est plus que jamais requise entre le premier ministre et son ministre de la Défense», mais «ces derniers mois, cette confiance s’est érodée», a affirmé Benjamin Nétanyahou dans une lettre adressée à Yoav Gallant.
«Des différences importantes sont apparues entre Yoav Gallant et moi-même dans la conduite de la campagne [militaire], accompagnée de déclarations et d’actes qui contredisaient les décisions du gouvernement et du cabinet», a-t-il ajouté.
Benjamin Nétanyahou a ajouté avoir «choisi de nommer le ministre Israël Katz» pour remplacer Yoav Gallant, un général en retraite qui était devenu l’une des principales figures du gouvernement.
Ancien ministre des Finances, ministre du renseignement et siégeant «depuis longtemps» au cabinet de sécurité, Israël Katz, surnommé le «bulldozer», «allie la responsabilité et les qualités de résolution des problèmes avec calme qui sont essentielles pour diriger cette campagne», a encore dit le premier ministre israélien.
Gideon Saar, actuel ministre sans portefeuille, succède à Israël Katz. Il était entré au gouvernement en septembre, permettant à Benjamin Nétanyahou d’élargir sa majorité dans la coalition de droite.
Les proches des otages «inquiets»
Israël Gallant s’était imposé en Israël comme une figure de proue de la guerre qu’Israël mène depuis septembre contre le Hezbollah au Liban voisin.
Mais il s’était attiré les foudres des partis ultra-orthodoxes, alliés clés de la coalition du premier ministre, en ordonnant la conscription de 10 000 hommes de cette communauté religieuse bénéficiant jusque-là d’une exemption en vertu d’une règle instaurée à la création d’Israël en 1948.
En 2018, la question de leur conscription avait créé une crise telle qu’elle avait précipité le pays vers plusieurs élections législatives en quatre ans, sans que le sujet ne soit clos.
Le ministre limogé plaidait aussi pour une trêve avec le Hamas à Gaza en vue d’obtenir la libération des otages encore détenus à Gaza depuis l’attaque sans précédent du Hamas le 7 octobre 2023 contre Israël, alors que l’objectif martelé par Benjamin Nétanyahou est un anéantissement du mouvement islamiste palestinien.
Le Forum des familles, principale association des proches d’otages, s’est dit «profondément inquiet» du limogeage de Yoav Gallant, appelant son successeur à «donner la priorité» à un accord avec le Hamas pour la libération des captifs à Gaza.
Dans la soirée, des centaines de manifestants se sont rassemblés à Tel-Aviv pour exiger que le gouvernement trouve un accord avec le Hamas pour libérer les otages.
Sur 251 personnes enlevées le 7 octobre 2023, 97 restent otages à Gaza dont 34 déclarées mortes par l’armée.
Depuis une seule et unique trêve en novembre 2023, ayant permis la libération de 105 otages en échange de celle de prisonniers palestiniens détenus par Israël, tous les efforts diplomatiques en vue d’un cessez-le-feu à Gaza se sont avérés infructueux.
«Mission de ma vie»
«La sécurité d’Israël a été et restera la mission de ma vie», a réagi sur X, Yoav Gallant, à l’annonce de son limogeage.
Israël a juré de détruire le Hamas après l’attaque du 7-octobre qui a entraîné la mort de 1206 personnes, majoritairement des civils, selon un décompte de l’AFP basé sur les données officielles israéliennes, incluant les otages tués ou morts en captivité.
L’offensive israélienne lancée en représailles à Gaza a fait 43 391 morts, en majorité des civils, selon le ministère de la Santé du Hamas et provoqué un désastre humanitaire.
Mardi, l’armée israélienne a mené mardi de nouvelles frappes meurtrières sur le territoire palestinien assiégé au Liban.
Yoav Gallant avait réitéré ces dernières semaines son objectif de repousser les combattants du Hezbollah de la frontière nord d’Israël, afin de sécuriser la zone pour permettre aux quelque 60 000 déplacés de rentrer chez eux.
En soutien au Hamas, le Hezbollah avait ouvert un front contre Israël le 8 octobre 2023. Après un an de tirs transfrontaliers, la situation a dégénéré en septembre en guerre ouverte avec des raids intensifs sur les fiefs du mouvement libanais.
Selon Calev Ben-Dor, ancien analyste au ministère israélien des Affaires étrangères, Yoav Gallant était «perçu comme se concentrant sur la victoire et sur l’intérêt national», «plutôt que sur de la politique de bas étage».
Un profil le rendant plus «rassembleur» que Benjamin Nétanyahou, selon Michaël Horowitz, expert en géopolitique pour le cabinet de conseil en sécurité Le Beck, basé au Moyen-Orient.