Les frappes aériennes massives se poursuivent sur l'est et le sud du Liban. (Photo: Menahem Kahana Getty Images)
Beyrouth, Liban — Israël a promis jeudi de combattre le Hezbollah libanais «jusqu’à la victoire», rejetant un appel international à un cessez-le-feu de 21 jours, pendant que les frappes aériennes massives se poursuivent sur l’est et le sud du Liban.
Pour la quatrième journée consécutive, l’armée israélienne a mené des dizaines de frappes visant le Hezbollah qui a ouvert le 8 octobre 2023 un front contre Israël en soutien au Hamas palestinien, promettant de continuer ses attaques «jusqu’à la fin de l’agression à Gaza».
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L’armée israélienne a annoncé des « frappes précises » sur la capitale libanaise, affirmant avoir tué le chef de l’unité de drones du Hezbollah, Mohammed Srour. Selon le ministère libanais de la Santé, deux personnes ont été tuées et 15 autres blessées dans la frappe.
Elle a indiqué avoir attaqué jeudi 75 objectifs militaires du Hezbollah dans le sud et l’est du Liban, affirmant en soirée mener de nouvelles frappes contre la formation pro-iranienne dans le sud du Liban.
L’armée israélienne a fait état de dizaines de « projectiles » tirés jeudi depuis le Liban vers Israël, le Hezbollah indiquant de son côté avoir tiré une centaine de roquettes sur les villes de Safed et Haïfa dans le nord d’Israël.
Selon le ministère de la Santé libanais, 20 personnes, des ressortissants syriens pour la plupart, ont été tuées dans une frappe israélienne près de Baalbek, dans l’est du Liban.
« Écraser le Hezbollah »
Les bombardements israéliens, qui ont fait plus de 600 morts depuis lundi, dont de nombreux civils, ont jeté plus de 90 000 personnes sur les routes au Liban, selon l’ONU. Plus de 31 000 d’entre elles sont entrées en Syrie, selon Beyrouth.
Hassan Slim, un Libanais, est parti avec sa vieille mère, cherchant refuge en Syrie, un pays en miettes après des années de guerre civile. « On évitait la Syrie à cause de la guerre, mais aujourd’hui la guerre est à nos portes », explique le jeune chômeur de 24 ans.
Face à cette escalade, la France et les États-Unis, rejoints par des pays arabes et occidentaux, ont appelé mercredi à un « cessez-le-feu immédiat de 21 jours » pour « donner une chance à la diplomatie ».
Mais le premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, a déclaré que l’armée poursuivrait son combat contre le Hezbollah « avec toute la force nécessaire ».
Son ministre des Affaires étrangères, Israël Katz, a affirmé qu’il n’y aurait « pas de cessez-le-feu dans le nord » et que le combat contre le Hezbollah continuerait « jusqu’à la victoire ».
Deux ministres d’extrême droite Bezalel Smotrich et Itamar Ben Gvir ont également rejeté l’idée d’un cessez-le-feu. «La campagne [militaire au] nord ne doit se terminer que d’une seule façon: l’écrasement du Hezbollah», selon M. Smotrich.
M. Ben Gvir a menacé, lui, de boycotter les travaux du gouvernement si un cessez-le-feu temporaire est conclu au Liban.
Washington a affirmé que l’appel pour un cessez-le-feu a été lancé « en coordination » avec Israël.
« Dévastatrice »
Le ministre américain de la Défense, Lloyd Austin, a mis en garde contre une « guerre totale » qui « serait dévastatrice pour Israël et le Liban », estimant qu’un cessez-le-feu au Liban pourrait permettre de conclure un accord de trêve à Gaza.
Le ministère de la Défense israélien a annoncé un nouveau train d’aide militaire américaine, d’une valeur de 8,7 milliards de dollars « en soutien à l’effort militaire en cours d’Israël ».
Le chef d’état-major de l’armée israélienne, le général Herzi Halevi, avait demandé mercredi aux soldats de se préparer pour une possible offensive terrestre au Liban.
En guerre contre le Hamas palestinien dans la bande de Gaza depuis le 7 octobre 2023, Israël avait annoncé à la mi-septembre avoir déplacé le « centre de gravité » de ses opérations vers le nord du pays, pour permettre le retour de dizaines de milliers d’habitants déplacés, dans cette région frontalière du Liban visée par des tirs de roquettes du Hezbollah depuis près d’un an.
Les tirs transfrontaliers entre l’armée israélienne et le Hezbollah ont gagné en intensité depuis la vague d’explosions meurtrières des appareils de transmission de la formation libanaise, attribuée à Israël, les 17 et 18 septembre au Liban, puis une frappe israélienne le 20 septembre sur la banlieue sud de Beyrouth, qui a décapité l’unité d’élite du mouvement.
En près d’un an, ces violences ont causé la mort de 1.540 personnes au Liban, ont annoncé jeudi les autorités libanaises.
« Angoisse »
L’armée israélienne a affirmé avoir frappé « plus de 2.000 cibles » du Hezbollah depuis lundi. Selon le gouvernement, 9.360 roquettes et missiles ont été tirés sur Israël en près d’un an.
« C’est une véritable angoisse. Nous ne savons pas ce qui va se passer, si les roquettes vont se rapprocher, si elles vont atteindre Haïfa », a témoigné Fida Khoury, une habitante âgée de 28 ans.
Pendant ce temps, Israël poursuit son offensive dans la bande de Gaza où la Défense civile a annoncé jeudi la mort de 15 personnes dans une frappe israélienne contre une école accueillant des déplacés dans le camp de Jabaliya (nord).
La guerre a été déclenchée par l’attaque sans précédent du Hamas contre Israël, le 7 octobre 2023, qui a entraîné la mort de 1.205 personnes, majoritairement des civils, selon un décompte de l’AFP basé sur les chiffres officiels israéliens incluant les otages morts ou tués à Gaza.
Sur 251 personnes enlevées, 97 sont toujours retenues à Gaza dont 33 sont déclarées mortes par l’armée.
En représailles, Israël a promis de détruire le Hamas, au pouvoir à Gaza depuis 2007 et qu’il considère comme une organisation terroriste de même que les Etats-Unis et l’Union européenne.
Son offensive militaire à Gaza a fait jusqu’à présent 41.534 morts, majoritairement des civils, selon les données du ministère de la Santé du gouvernement du Hamas, jugées fiables par l’ONU, et y a provoqué un désastre humanitaire.