La dévastation économique des tarifs de Trump et des expulsions de migrants
Tom Creary|Mis à jour le 04 novembre 2024EXPERT INVITÉ. Il est difficile pour les gens à l’extérieur des États-Unis de comprendre comment tant d’Américains semblent être dupés par Donald Trump et voient en lui le sauveur du pays. Sur de nombreux sujets, ils sont entraînés sur la voie de réalités alternatives et de politiques qui finiront par leur nuire, et leur nuire gravement.
Commençons par son projet d’imposer des tarifs douaniers de 10 à 20% sur tous les biens importés.
Lors d’une récente réunion avec le comité de rédaction du Wall Street Journal, Trump a déclaré: «Pour finir, je pense que le mot “tarif” est le plus beau mot du dictionnaire. Je pense qu’il est plus beau que n’importe quel mot auquel je puisse penser, à part “foi” ou “amour”»
Il le fera s’il gagne, et les experts disent que la dévastation économique serait considérable.
«Si Trump tient sa promesse de campagne d’imposer des droits de douane généralisés, ce qu’il pourrait faire unilatéralement sans l’approbation du Congrès, le résultat serait la pire guerre commerciale mondiale depuis la Grande Dépression», a déclaré Jason Furman, économiste à l’Université Harvard et président du Conseil des conseillers économiques sous l’administration Obama.
Les tarifs affecteront les pauvres qui votent pour… Trump
David Weinstein, économiste à l’Université Columbia et expert en politique commerciale, a récemment déclaré:
«Les hausses de prix induites par les droits de douane vont probablement affecter les ménages à faibles revenus de manière disproportionnée… Les familles à faibles revenus dépensent une part plus importante de leurs revenus en biens échangeables, en grande partie parce que les ménages riches ont tendance à dépenser davantage en biens et services non échangeables, comme les résidences secondaires, les vacances, les adhésions à des country clubs, etc.»
Selon le Peterson Institute for International Economics, «les tarifs douaniers réduiraient les revenus après impôts de 3,5% pour les personnes se situant dans la moitié inférieure de l’échelle de distribution des revenus et coûteraient à un ménage moyen se situant au milieu de l’échelle des revenus environ 1 700 dollars par an.»
Trump affirme que son plan de réduction des impôts compenserait l’augmentation du coût des biens importés.
Il profiterait bien plus aux riches qu’aux autres.
En effet, 80% des Américains deviendraient des perdants nets. Mais les partisans de Trump ne lisent pas les journaux et ne regardent pas les chaînes d’informations qui présentent les faits. Ils ne savent donc pas ce qui les attend.
La promesse de Trump d’expulser les immigrants sans papiers
Les conséquences économiques négatives de la proposition de Trump concernant les droits de douane sont insignifiantes en comparaison des souffrances que son plan d’expulsion de millions d’immigrés sans papiers pourrait infliger.
Nous parlons de 11 millions d’immigrés sans papiers vivant aux États-Unis qui seront l’objet d’une expulsion.
Stephen Miller, principal conseiller de Trump en matière d’immigration, a déclaré: «Les expulsions massives seront une perturbation du marché du travail saluée par les travailleurs américains, qui se verront désormais offrir des salaires plus élevés et de meilleurs avantages sociaux pour occuper ces emplois.»
Les meilleures recherches économiques sur les déportations passées (2004 à 2008) suggèrent le contraire.
Les immigrants visés par l’expulsion constituent le moteur de plusieurs secteurs de l’économie américaine. Leur expulsion incitera plutôt les chefs d’entreprise américains à réorienter leurs investissements vers des technologies et des industries moins gourmandes en main-d’œuvre, tout en réduisant leur production pour tenir compte de la perte de consommateurs pour leurs produits.
L’analyse citée suggère que pour chaque million de travailleurs immigrés sans papiers arrêtés et expulsés des États-Unis, 88 000 travailleurs américains seraient chassés de leur emploi.
L’effet combiné des tarifs et des déportations
Brad DeLong, économiste à l’Université de Californie à Berkeley, a affirmé dans un article publié le 22 août sur X que «les droits de douane et les expulsions massives de Trump, pris ensemble, constitueraient le plus grand choc d’offre négatif jamais infligé à l’économie américaine. Ils généreraient très probablement une combinaison d’inflation et de dépression que l’Amérique n’a jamais connue auparavant.»
À Storm Lake, dans l’Iowa, une petite ville de 11 000 habitants, 75% des travailleurs de l’industrie locale de transformation de la viande sont des migrants d’Amérique latine.
Selon Art Cullen, propriétaire et éditeur du Storm Lake Times Pilot, le même pourcentage de 75% des élèves des écoles primaires locales sont des Latinos, enfants d’immigrés pour la plupart sans papiers.
«Il n’y a aucun problème ici avec ces gens. Ils travaillent dur, sont de bons citoyens et s’ils étaient expulsés, cette ville serait dévastée économiquement. D’autres résidents partiraient. Ce serait un désastre. Nous ne pouvons pas nous passer de ces travailleurs.»
Lors d’une récente discussion que j’ai eue avec lui, il m’a dit:
«Je ne comprends pas, Tom. Les gens d’ici voteront pour Trump de toute façon. C’est le même scénario pour tous les centres de transformation de la viande du pays. Dans les États très républicains producteurs de bœuf du Kansas, de l’Oklahoma, du Nebraska, la grande majorité de leurs travailleurs sont des Mexicains. Les communautés seront dévastées par les déportations. Il en va de même pour l’industrie laitière extrêmement importante du Wisconsin. L’industrie laitière dépend presque entièrement de la main-d’œuvre sans papiers qui travaille dans les étables laitières pour 10$ de l’heure. Mais les agriculteurs voteront presque certainement républicains. Si quelqu’un a un D à côté de son nom n’importe où sur le bulletin de vote, les habitants ruraux du Wisconsin voteront instinctivement pour la personne avec le R.»
Plus tôt cette année, j’ai visité avec un de mes clients une grande entreprise de logistique et d’entreposage dans l’État de New York pour discuter d’un accord commercial.
Pendant une pause dans les discussions, le propriétaire nous a fait visiter les vastes installations. Après un moment, j’ai fait remarquer au propriétaire qu’il semblait que la plupart de ses employés étaient des Latinos.
Il a répondu: «Oui, ils le sont, et nous sommes heureux de les avoir. Je ne saurais pas quoi faire sans eux. Nous ne pourrions jamais trouver des gars du coin pour les remplacer.»
Je ne lui ai pas demandé pour qui il voterait.