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La Fed laissera les taux bas pour encore longtemps

AFP|Publié le 23 février 2021

La Fed laissera les taux bas pour encore longtemps

Le président de la Fed, Jerome Powell (Photo: Getty Images)

La puissante Banque centrale américaine (Fed) n’abandonnera pas l’économie dans la tempête provoquée par la COVID-19, a assuré mardi son président, malgré l’« espoir » d’un retour à une situation « plus normale » cette année.

Jerome Powell a réitéré, lors d’une audition devant une commission sénatoriale, que l’institution allait maintenir sa politique accommodante de soutien à l’économie : des taux d’intérêt quasi nuls et des achats d’actifs à hauteur de 120 milliards de dollars par mois pour éviter un assèchement du crédit.

Il a aussi balayé les craintes des marchés et de certains économistes sur une possible inflation galopante dans les prochains mois.

Il reste un « long chemin » avant d’atteindre les objectifs de la Fed : s’approcher du plein emploi et être « en voie de dépasser durablement » les 2 % d’inflation annuelle, a expliqué M. Powell.

Et de prévenir : « cela prendra sûrement du temps pour que des progrès significatifs soient réalisés ».

La première économie du monde aura encore besoin d’être tenue par la main pour retrouver la forme présentée avant le début de la pandémie.

En attendant, la Réserve fédérale n’a pas l’intention de quitter le navire.

Ni rehaussement des taux, ni ralentissement du rythme des rachats d’actifs : elle continuera à soutenir la croissance par la consommation, et à injecter des liquidités pour soutenir le bon fonctionnement des marchés.

Et tant pis pour ceux qui jugent que cela fait un peu trop grimper le prix de certaines actions ou du bitcoin : « il y a certainement un lien », a reconnu Jerome Powell, évoquant toutefois « de nombreux facteurs qui contribuent à ce qui se passe sur les marchés ».

 

« Mettre la pandémie derrière nous »

Les taux ne devraient pas donc dans l’immédiat quitter leur plancher de 0 à 0,25 %, niveau auquel ils avaient été abaissés en urgence en mars, et les rachats d’actifs, resteront « au moins à leur rythme actuel », jusqu’à ce que « des progrès substantiels aient été réalisés vers nos objectifs ».

La situation devrait toutefois s’améliorer progressivement, à l’approche de l’été, lorsque la météo plus favorable permettra de reprendre des activités en extérieur, permettant de limiter les risques de contamination.

Et surtout, les campagnes de vaccination en cours aux États-Unis offrent un « espoir de retour à des conditions plus normales cette année ».

« La chose la plus importante pour les employés du secteur des services est de mettre la pandémie derrière nous pour que les gens puissent monter dans les avions, prendre des vacances », a encore relevé Jerome Powell.

« Je pense (…) qu’une fois que nous aurons maîtrisé la pandémie, nous pourrons sortir de tout cela beaucoup plus rapidement que nous ne l’avions craint et ce serait formidable, mais ce n’est pas encore fait. Le travail n’est pas terminé ».

 

Inflation temporaire

L’euphorie qui devrait succéder à une année particulièrement difficile devrait faire grimper la demande, et donc les prix. Et l’inflation pourrait faire son retour après un quart de siècle d’absence, craignent les marchés.

Les bons du Trésor américains ont ainsi augmenté ces derniers jours : le bon à 10 ans prenait plus de 1 % mardi à 1,3824 %. Il est en hausse de près de 50 % depuis janvier.

S’il anticipe une pression sur les prix « plus élevée lorsque l’économie rouvrira complètement », Jerome Powell estime que « c’est une bonne chose; je ne pense pas que ces effets soient étendus ».

D’après le banquier central, si l’inflation promet d’être très élevée en mars et avril, c’est surtout parce qu’un an plus tôt, les prix avaient plongé, sous l’effet des mesures de confinement.

« C’est ce qu’on appelle des effets de base qui seront temporaires et qui ne signaleront rien de plus important », a souligné le président de la Fed.

Comme lui, l’administration Biden et le Fonds monétaire international jugent ces craintes exagérées. Le FMI table par exemple sur une inflation de 2,25 % en 2022 aux États-Unis.

Les inquiétudes sont également alimentées par le plan d’aide de 1 900 milliards de dollars présenté par Joe Biden, que le Congrès veut adopter d’ici mi-mars.

Ce plan pourrait provoquer une surchauffe de l’économie, car l’offre ne serait alors pas suffisante face à la forte demande, estiment des économistes.

La Fed a des « outils » pour juguler une  hausse folle des prix, a tenté de rassurer Jerome Powell.