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La Russie retourne à l’accord céréalier, le trafic reprend

AFP|Publié le 02 novembre 2022

La Russie retourne à l’accord céréalier, le trafic reprend

Vladimir Poutine a en revanche averti que la Russie se réservait le droit de «se retirer» de l'accord «en cas de violation de ces garanties par l'Ukraine». (Photo: Getty Images)

Kyiv — La Russie a repris mercredi sa participation à l’accord sur les exportations de céréales ukrainiennes après avoir reçu des «garanties écrites» de la part de l’Ukraine sur la démilitarisation du couloir utilisé pour leur transport.

Les États-Unis se sont de leur côté dits «de plus en plus préoccupés» quant à une potentielle utilisation de l’arme nucléaire par la Russie en Ukraine, alors que Moscou a multiplié ces derniers mois et encore récemment tant les menaces que les tentatives de rassurer.

Le président turc Recep Tayyip Erdogan, dont le pays est garant de l’accord céréalier, crucial pour l’approvisionnement alimentaire mondial, a confirmé la reprise à partir de mercredi à la mi-journée des exportations ukrainiennes en mer Noire par le couloir sécurisé.

«La Russie considère que les garanties reçues jusqu’à présent semblent suffisantes et reprend la mise en œuvre de l’accord», a indiqué le ministère russe de la Défense sur Telegram.

Le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres, autre garant de l’accord, a salué «chaleureusement» la décision de la Russie.

Moscou avait suspendu samedi sa participation à l’accord céréalier après une attaque menée aux drones sur sa flotte basée en baie de Sébastopol, en Crimée annexée. L’armée russe a imputé cette opération à l’Ukraine avec l’aide «d’experts britanniques» et assuré qu’elle avait été menée notamment depuis le couloir maritime réservé aux exportations ukrainiennes.

Une série d’appels téléphoniques ces derniers jours entre responsables russes et turcs, notamment mardi entre M. Erdogan et le président Vladimir Poutine, et l’intercession de l’ONU, semble avoir convaincu Moscou de revoir sa position.

 

Menaces nucléaires

«Grâce à l’implication d’une organisation internationale, ainsi qu’à la coopération de la Turquie, des garanties écrites nécessaires ont été obtenues de la part de l’Ukraine sur la non-utilisation du couloir humanitaire et des ports ukrainiens désignés pour l’exportation de produits agricoles pour des actes hostiles contre la Russie», a indiqué l’armée russe.

Vladimir Poutine a en revanche averti que la Russie se réservait le droit de «se retirer» de l’accord «en cas de violation de ces garanties par l’Ukraine».

Les craintes sur une potentielle frappe nucléaire en Ukraine se faisaient, elles, plus pressantes après de nouvelles inquiétudes formulées par les États-Unis, qui sont devenus «au fil des mois» de «plus en plus préoccupés par cette éventualité», selon John Kirby, porte-parole du Conseil de sécurité nationale rattaché au président américain Joe Biden.

Ces propos font suite à une information du journal américain New York Times, selon lequel des chefs militaires russes ont discuté récemment de la possibilité d’utiliser une arme nucléaire tactique en Ukraine, soit une bombe moins puissante qu’une ogive nucléaire classique.

Le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov a jugé mercredi «irresponsable» que les médias occidentaux «gonflent délibérément le sujet des armes nucléaires».

La veille, l’ex-président russe et actuel numéro 2 du Conseil de sécurité, Dmitri Medvedev, avait pourtant une nouvelle fois invoqué l’arme nucléaire, mettant en garde l’Ukraine contre sa volonté de reprendre tous les territoires occupés par la Russie.

Le ministère russe des Affaires étrangères s’est lui fendu d’un communiqué affirmant que la «principale priorité» était d’éviter une guerre entre puissances nucléaires, qui aurait des «conséquences catastrophiques».

La Russie a accusé récemment l’Ukraine de chercher à se doter d’une «bombe sale», des allégations balayées par Kyiv et ses alliés occidentaux, qui ont estimé qu’elles pouvaient servir de prétexte à Moscou pour une escalade, alors que son armée enchaîne les revers.

 

«On s’y est habitué»

Sur le terrain, les affrontements se poursuivaient mercredi en Ukraine avec des combats surtout dans l’est et des bombardements sur 25 localités dans l’est, le centre et le sud, selon le commandement militaire ukrainien.

Le gouverneur de la région de Donetsk, dans l’est, Pavlo Kyrylenko, a rapporté la mort de 4 civils ces dernières 24 heures.

Les journalistes de l’AFP ont constaté d’importantes destructions dans le village de Bilozirka, sur le front de Kherson, dans le Sud, la capitale régionale où les forces russes fortifient leurs positions en vue d’un prochain assaut ukrainien.

À Bilozirka, les forces russes tirent des salves depuis l’extrémité sud de la route, où elles sont retranchées depuis leur retrait de ce village au cours du mois de mars.

«Au début, on ne pensait qu’au moment où ça allait enfin se terminer. Mais maintenant, cela semble normal. On s’y est habitué», a raconté une jeune habitante, Angelika Boryssenko, âgée de 20 ans.

La Russie avait mené lundi une nouvelle vague de frappes massives sur les infrastructures critiques ukrainiennes, provoquant des coupures de l’approvisionnement en eau et électricité, notamment à Kyiv.

L’opérateur ukrainien Ukrenergo a annoncé mercredi de nouvelles restrictions d’électricité, tandis que le maire de la capitale ukrainienne, Vitaly Klitschko, a promis de déployer un millier de «points de chauffage» pour les habitants d’ici l’hiver.

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a précisé que les frappes russes avaient endommagé 40% des installations énergétiques ukrainiennes, ce qui a poussé le pays à stopper ses exportations vers l’UE, où les prix flambent.