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La Russie sanctionne des sociétés énergétiques occidentales

AFP et La Presse Canadienne|Mis à jour le 16 avril 2024

La Russie sanctionne des sociétés énergétiques occidentales

Les opérations militaires ont été enrayées par la farouche résistance des Ukrainiens, si bien qu'hormis Kherson et la prise d'une partie de la région de Zaporijjia, les succès russes sur le terrain sont restés limités. (Photo: Getty Images)

Ce texte regroupe toutes les réactions depuis l’invasion de la Russie en Ukraine pour la journée du 11 mai 2022. Il sera mis à jour au courant de la journée. Pour retrouver toute notre couverture sur le conflit, c’est ici.     

14h00 | Moscou — La Russie a imposé des sanctions contre plus de 30 sociétés de l’Union européenne, des États-Unis et de Singapour, en représailles contre les sanctions dont elle est frappée pour son offensive militaire contre l’Ukraine, selon un décret publié mercredi par le gouvernement.

La liste des sociétés sanctionnées comprend 31 compagnies, dont la plupart appartiennent à Gazprom Germania, la filiale allemande du géant gazier russe, que l’État allemand a placé sous son contrôle en raison de son importance stratégique. Gazprom a de son côté annoncé début avril son « retrait » de cette filiale, sans en dire davantage.

Les sanctions concernent également EuRoPol GAZ S. A., le propriétaire de la partie polonaise du gazoduc Yamal-Europe.

Les sanctions incluent une interdiction de transactions et de l’entrée dans les ports russes de navires liés aux sociétés concernées.

Les sanctions occidentales contre la Russie, sans précédent, vont du gel des réserves russes à un embargo sur des produits stratégiques, et des sanctions financières.

 

 

11h23 | Berlin — Le ministre allemand des Finances s’est déclaré mercredi «ouvert» à l’idée d’utiliser des capitaux de la Banque centrale russe gelés dans le cadre des sanctions occidentales pour aider à la reconstruction de l’Ukraine.

«Je suis ouvert à une discussion au niveau international concernant la confiscation de capitaux de la Banque centrale russe», a déclaré Christian Lindner lors d’une conférence de presse.

Il était interrogé sur l’opportunité d’utiliser les avoirs visés dans le cadre des sanctions contre la Russie pour aider à reconstruire l’Ukraine.

«Je peux me l’imaginer au point de vue politique, si cela est souhaité», a-t-il ajouté.

Concernant les biens gelés des personnes privées et des entreprises, la situation est plus compliquée, car les expropriations sont soumises «à des normes de droit dont nous ne pouvons pas ne pas tenir compte au niveau politique», a-t-il dit.

Le président du Conseil européen Charles Michel s’était prononcé la semaine dernière pour une confiscation des avoirs russes gelés dans l’UE afin de les rendre «disponibles» pour la reconstruction de l’Ukraine.

«Personnellement, je suis absolument convaincu que c’est extrêmement important non seulement de geler les avoirs, mais aussi de rendre possible leur confiscation, afin de les rendre disponibles pour le pays qui se reconstruit», avait-il déclaré à l’agence de presse ukrainienne Interfax.

Le président américain Joe Biden a de son côté demandé au Congrès fin avril de lui donner la possibilité de confisquer les avoirs des oligarques russes bloqués aux États-Unis pour les utiliser au bénéfice de l’Ukraine. Le Canada est sur la même ligne.

Un avis a été demandé au service juridique du Conseil européen sur la faisabilité d’une telle mesure, car «il existe 27 systèmes juridiques dans l’UE et dans de nombreux États membres de l’UE, une décision par un tribunal est nécessaire», avait toutefois souligné M. Michel.

«C’est un processus difficile et long», a-t-il reconnu.

 

 

Russie: les réserves étrangères de la Banque centrale baissent

 

Russie: les réserves étrangères de la Banque centrale baissent

10h10 | Moscou — Les réserves en devises étrangères de la Banque centrale russe, qui atteignaient des records juste avant le début de l’offensive en Ukraine le 24 février, sont en train de baisser, selon les données publiées mercredi par cette institution.

Ces réserves — dont environ la moitié est gelée à l’étranger — ont baissé de 14 milliards de dollars américains en une semaine, s’établissant à 593,1 G$ US le 29 avril.

Les sanctions occidentales avaient porté un coup dur et inattendu à Moscou en bloquant la partie de ces réserves détenue à l’étranger, soit environ 300 G$ US, peu après le début du conflit en Ukraine. 

Ces réserves, un pilier de l’économie russe, avaient culminé à 643,2 G$ US le 18 février, avant de commencer à reculer.

Elles sont un instrument essentiel qui sert à soutenir le rouble et payer des créances internationales, deux points sur lesquels la Russie s’est retrouvée en difficulté du fait des sanctions occidentales. 

Pour l’instant, Moscou a trouvé des solutions dans ces deux domaines.

Face à l’effondrement du rouble dans les premières semaines après le début du conflit, les autorités ont ainsi demandé aux grandes entreprises exportatrices de convertir une grande partie de leurs devises étrangères en roubles, afin de soutenir la devise nationale. 

Mais si la baisse de l’argent étranger détenu par Moscou se poursuit à ce rythme, les autorités pourraient se retrouver en difficulté.

Lundi, le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell, dans une interview accordée au Financial Times, s’est dit en faveur de la saisie et de l’utilisation des milliards russes gelés à l’étranger pour reconstruire l’Ukraine.

 

Les transferts d’argent vers l’Ukraine vont bondir de plus de 20%

10h02 | Washington — Les transferts d’argent vers les pays à revenus faibles et intermédiaires devraient augmenter de 4,2% cette année et l’Ukraine, qui subit l’offensive russe, en sera la principale bénéficiaire avec un bond attendu de plus de 20%, selon un rapport de la Banque mondiale publié mercredi.

Au total, les migrants devraient envoyer 630 G$ US, précisent les auteurs du rapport. 

«Les flux d’envois de fonds vers de nombreux pays d’Asie centrale, dont la principale source est la Russie, chuteront probablement de façon spectaculaire», a prévenu l’institution de Washington qui publie deux fois par an ce rapport.

«Ces déclins, combinés à la hausse des prix des denrées alimentaires, des engrais et du pétrole, sont susceptibles d’accroître les risques pour la sécurité alimentaire et d’exacerber la pauvreté dans nombre de ces pays», ajoute-t-elle. 

«La crise ukrainienne a détourné l’attention (…) des autres régions en développement», note Dilip Ratha, auteur principal du rapport cité dans un communiqué. Mais il observe qu’il y a une prise de conscience du besoin de soutenir «les communautés» qui ont reçu un afflux «massif de migrants».

Il recommande «la création d’un mécanisme de financement» pour soutenir ces pays et régions concernées.

Comme dans les rapports précédents, la Banque mondiale épingle les coûts excessifs de ces transferts d’argent.

«À l’échelle mondiale, le coût moyen pour l’envoi de 200 $ US était de 6% au quatrième trimestre 2021, soit le double de l’objectif de 3%», selon la base de données de la Banque mondiale. 

L’institution souligne qu’il est moins cher d’envoyer de l’argent en Asie du Sud (4,3%). Les coûts les plus élevés sont a contrario pour les transferts à destination de l’Afrique subsaharienne (7,8%). 

Enfin, elle note que les coûts d’envoi d’argent vers l’Ukraine sont élevés: 7,1% depuis la République tchèque, 6,5% depuis l’Allemagne, 5,9% depuis la Pologne et 5,2% depuis les États-Unis. 

Les transferts d’argent sont souvent la principale ressource des familles des pays pauvres.

Mardi, la directrice générale du Fonds monétaire international (FMI), Kristalina Georgieva, avait plaidé pour la modernisation du système de paiement international lors d’une conférence en Suisse.

Elle avait alors déploré les coûts pour les transferts d’argent des migrants vers leur famille.

«Le coût moyen d’un transfert est de 6,3%. Ce qui signifie que quelque 45 G$ US par an sont détournés au profit d’intermédiaires» au lieu de bénéficier aux destinataires, dont «des millions de ménages à faible revenu», avait-elle souligné.

 

Kyiv: la baisse du transit de gaz via l’Ukraine causée par Moscou

8h11 | Kyiv — Le volume de gaz russe transitant par l’Ukraine vers l’Europe a baissé mercredi, ont indiqué Moscou et Kyiv, ce dernier mettant en cause la prise de contrôle par les Russes d’infrastructures gazières dans l’est du pays.

«Le transit a baissé aujourd’hui», a déclaré mercredi à l’AFP Ioury Vitrenko, patron de la société énergétique ukrainienne Naftogaz, sans donner plus de précisions.

C’est la première fois depuis le début de l’invasion russe, fin février, que le transit de gaz est perturbé de la sorte, a indiqué à l’AFP la conseillère de M. Vitrenko, Svitlana Zalichtchouk.

L’opérateur ukrainien des gazoducs OGTSOU a de son côté affirmé, dans un communiqué, que le groupe russe Gazprom avait fermé le robinet vers une branche ukrainienne du gazoduc après ses déclarations de la veille.

OGTSOU a averti mardi soir ne plus pouvoir assurer le transit habituel en raison de la présence des forces russes dans les installations de Sokhranivka et Novopskov, dans la région de Lougansk et par lesquelles transite un tiers du gaz russe destiné à l’Europe.

Il a dénoncé «des prélèvements illégaux» du «gaz destiné au transit», envoyé selon Kyiv vers des territoires occupés par la Russie dans l’est de l’Ukraine, sans donner de chiffres. L’opérateur ukrainien demande que le gaz russe soit orienté vers un autre point de passage, à Soudja, situé dans les territoires contrôlés par Kyiv. 

Gazprom a de son côté démenti mardi tout cas de «force majeure» et argué qu’il était impossible de dérouter les volumes pour des «raisons technologiques».

Il a confirmé à l’agence russe Tass que les volumes baisseraient ce jour à 72 millions de m3, mais indiqué que 95,8 millions de m3 avaient été livrés la veille.

Selon les chiffres publiés par OGTSOU mercredi matin, les volumes passant par Sokhranivka sont tombés à zéro et ceux de Soudja sont prévus en hausse, mais pas suffisamment pour compenser la baisse.

«C’est un jeu politique de leur côté», a estimé Mme Zalichtchouk: «Ils vont tenter de nous présenter comme irresponsables, mais c’est exactement le contraire. Ils ont occupé nos territoires, nous n’avons plus d’accès à nos infrastructures».

Interrogé sur cette baisse des livraisons, le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a seulement affirmé que «la Russie a toujours honoré ses obligations contractuelles et va continuer de le faire».

Une porte-parole du ministère allemand de l’Économie a indiqué «suivre la situation de près» mais assuré que «la sécurité énergétique» de l’Allemagne continuait «d’être assurée».

L’Ukraine est une importante voie de transit pour le gaz russe consommé en Europe. Moscou comme Kyiv avaient jusqu’ici maintenu ce flot malgré l’assaut russe lancé le 24 février.

Les Européens travaillent à se défaire de leur dépendance énergétique à l’égard de la Russie depuis le lancement de cette offensive, afin de pouvoir sanctionner Moscou encore plus sévèrement.

 

À la page suivante, les prorusses de la région de Kherson veulent demander à Poutine une annexion

Ukraine: les prorusses de la région de Kherson veulent demander à Poutine une annexion

7h51 | Moscou — Les autorités installées par Moscou dans la région ukrainienne de Kherson ont indiqué mercredi vouloir demander à Vladimir Poutine une annexion, dernier signe en date que la Russie compte bien conquérir des terres ukrainiennes.

«Il y aura une demande (adressée au président russe) pour intégrer la région de Kherson en tant que sujet à part entière de la Fédération de Russie», a dit aux agences russes Kirill Stremooussov, chef adjoint de l’administration militaro-civile de Kherson, région prise par l’armée russe au début de l’offensive déclenchée par Moscou en février contre l’Ukraine.

«Toute la base juridique (…) sera prête avant la fin de l’année», a-t-il dit, ajoutant que, comme la communauté internationale n’avait pas reconnu le référendum de rattachement de la Crimée à la Russie de 2014, la région de Kherson n’organisera pas de scrutin.

M. Poutine a ordonné l’assaut contre son voisin en l’accusant d’y opprimer et massacrer les russophones. Il avait assuré ne pas vouloir occuper de territoires ukrainiens, mais écarter un régime «russophobe» et «néonazi» pour permettre l’installation d’un pouvoir plus russophile.

Mais les opérations militaires ont été enrayées par la farouche résistance des Ukrainiens, si bien qu’hormis Kherson et la prise d’une partie de la région de Zaporijjia, les succès russes sur le terrain sont restés limités.

Le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a réagi mercredi à l’idée de l’annexion en jugeant «que c’est aux habitants de la région de Kherson de décider si un appel (à M. Poutine) doit être adressé».

 

Pont terrestre

«C’est une question qui doit être clairement et précisément analysée par les juristes», a-t-il annoncé au sujet de la possible annexion de la région.

La région de Kherson, située juste au nord de la Crimée annexée par Moscou, est essentielle pour approvisionner la péninsule en eau.

Sa conquête permet aussi de constituer un pont terrestre reliant la Crimée, la région séparatiste prorusse de Donetsk et le territoire russe. 

Sa prise devait aussi permettre à Moscou de se lancer à l’assaut du grand port d’Odessa, au sud-ouest de l’Ukraine, sans succès jusqu’ici, ainsi que vers le nord en direction des villes de Zaporijjia et Dnipro.

Des combats opposent toujours Russes et Ukrainiens aux abords de la région de Kherson, alors que, selon Kyiv, la Russie essaye toujours d’avancer vers l’ouest et le nord. 

Selon les autorités ukrainiennes, 45% des 300 000 habitants de la ville de Kherson ont fui depuis fin février, et environ 20% de la population de la région estimée à un million d’habitants.

 

Pour toujours

Avec deux millions d’hectares de terres arables, cette région constitue aussi une part non négligeable de la puissance agricole de l’Ukraine. Kyiv a accusé la Russie d’y avoir pillé, comme ailleurs, les silos à grains.  

Depuis plusieurs jours, les responsables russes et prorusses ont multiplié les déclarations laissant entendre que c’est le scénario de l’annexion de Kherson qui avait les faveurs de Moscou, plutôt que la création d’une «République populaire» comme à Donetsk ou Lougansk en 2014. 

Le 6 mai, un haut responsable parlementaire russe et du parti de M. Poutine avait proclamé que la Russie resterait «pour toujours» à Kherson, lors d’un déplacement dans la région. 

«J’aimerais dire encore une fois que la Russie est là pour toujours. On ne doit en avoir aucun doute», avait déclaré Andreï Tourtchak, premier adjoint de la présidente de la chambre haute du Parlement.

L’administration russe de Kherson a annoncé en outre l’introduction imminente du rouble à la place de la hryvnia ukrainienne. Les chaînes de télévision russes y ont remplacé les ukrainiennes et les réseaux mobiles russes doivent y être mis en place.

Fin avril, un général russe avait, lui, indiqué qu’outre l’est de l’Ukraine où se déroule actuellement l’essentiel des combats depuis que Moscou a échoué à conquérir Kyiv, la Russie ambitionne de prendre toute la partie méridionale de son voisin afin de le couper de la mer Noire et rejoindre le territoire séparatiste prorusse de Transdniestrie en Moldavie.

 

Sanctions: les ventes de voitures en Russie s’écroulent en avril

6h10 | Moscou — Les ventes de voitures neuves ont continué de s’écrouler en Russie en avril, fondant de 78,5% sur un an, sous l’effet d’une forte inflation et des lourdes sanctions occidentales contre Moscou pour son offensive en Ukraine.

Au mois d’avril, 32 706 véhicules légers neufs ont été vendus, selon les chiffres publiés par l’Association of European Businesses (AEB), qui regroupe les industriels du secteur.

Par rapport à mars, premier mois de l’effondrement, il s’agit d’une baisse de 40%. 

Face à cette situation sans précédent, l’AEB a cessé de commenter les chiffres publiés tous les mois.

Les pays occidentaux ont imposé de lourdes sanctions à ce secteur, bannissant notamment les exportations de pièces détachées vers la Russie.

De nombreux producteurs ont annoncé en outre l’arrêt de la vente de composants ou de voitures à la Russie, à l’instar d’Audi, Honda, Jaguar ou Porsche. D’autres ont annoncé l’arrêt de la production, comme Renault, BMW, Ford, Hyundai, Mercedes, Volkswagen ou Volvo.

L’inflation et l’instabilité du rouble ont également réduit les possibilités pour les Russes d’acheter des produits importés, à fortiori des voitures. 

Le premier producteur de voitures en Russie, Avtovaz (groupe Renault-Nissan), a envoyé ses employés en congés payés pour trois semaines an avril, arrêtant la majeure partie de sa production.

Les sanctions annoncées sonnent le glas des investissements massifs effectués par les grands constructeurs automobiles mondiaux en Russie en période de croissance, dans les années 2000.

En mai, la Russie a publié une liste d’une centaine de catégories de marchandises dont l’importation sans l’accord des détenteurs de la propriété intellectuelle est autorisée afin de contourner les restrictions.

Parmi ces produits, l’on trouve notamment les grandes marques automobiles et les pièces détachées.