L’armée russe se concentre sur Kyiv et l’est de l’Ukraine
AFP et La Presse Canadienne|Publié le 11 mars 2022Ajoutant son cortège d'images de désolation à celles de Kharkiv (nord-est) et Marioupol (sud), deux des villes les plus touchées depuis le début de l'invasion russe, Dnipro s'est réveillée hébétée, dans un décor d'immeubles calcinés, éventrés ou soufflés. (Photo: Getty Images)
Ce texte regroupe tous les derniers développements à propos de l’invasion de la Russie en Ukraine en date du 10 mars. Pour retrouver toute notre couverture sur le conflit, c’est ici. NDLR. Certains contenus sont explicites et peuvent être difficiles à lire.
13h00 | Dnipro — L’armée russe se concentrait vendredi sur Kyiv et l’est de l’Ukraine, où elle a étendu son offensive à la grande ville de Dnipro, les Occidentaux imposant en représailles de fortes sanctions commerciales à la Russie.
La capitale ukrainienne ainsi que Marioupol, sur la mer d’Azov, Kryvy Rig, Kremenchug, Nikopol et Zaporijie sont les principales zones où se concentrent toujours les efforts des Russes, a déclaré l’armée ukrainienne dans un communiqué.
« Incapable d’obtenir un succès, l’ennemi continue ses attaques à l’aide de missiles et de bombes sur les villes situées profondément dans le territoire de l’Ukraine, Dnipro, Lutsk et Ivano-Frankivsk », a-t-elle ajouté.
En réponse à la poursuite de l’invasion déclenchée le 24 février par la Russie, le président américain Joe Biden a annoncé que les États-Unis et leurs alliés avaient décidé d’exclure la Russie du régime normal régissant le commerce mondial, ouvrant ainsi la voie à la mise en œuvre de droits de douane punitifs à son encontre.
Son homologue français Emmanuel Macron a quant à lui prévenu, à l’issue d’un sommet de l’UE à Versailles, près de Paris, que les Européens étaient prêts à prendre des « sanctions massives » contre ce pays.
Sur le terrain, la guerre a déjà poussé plus de 2,5 millions de personnes à se réfugier à l’étranger, majoritairement en Pologne, et environ deux millions ont été déplacés en Ukraine même, selon le Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR).
– 1 500 morts pendant le siège de Marioupol —
Jusqu’ici épargnée par la progression des soldats russes, Dnipro, une cité industrielle d’un million d’habitants sur le Dniepr, le fleuve qui marque la séparation entre l’est en partie prorusse de l’Ukraine et le reste de son territoire, a été la cible de raids qui ont fait au moins un mort, ont dit les autorités locales.
« Il y a eu trois frappes aériennes sur la ville, sur un jardin d’enfants, un immeuble d’habitations et une usine de chaussures (…) où un incendie s’est ensuite déclaré », ont raconté les services d’urgence ukrainiens.
Ajoutant son cortège d’images de désolation à celles de Kharkiv (nord-est) et de Marioupol (sud-est), dont 1 582 habitants ont péri pendant son siège, Dnipro s’est réveillée hébétée, dans un décor de bâtiments calcinés, éventrés ou soufflés.
On pouvait voir sur des images vidéo des sapeurs-pompiers éteindre des flammes dans des ruines fumantes. Certains immeubles n’étaient plus qu’un amas de poutres et de structures métalliques tordues.
Après un hôpital pédiatrique mercredi à Marioupol, sur la mer d’Azov, un établissement pour personnes handicapées près de Kharkiv, dans le nord-est, a été atteint vendredi par une frappe, qui n’a toutefois pas fait de victimes.
D’après le chef de l’administration régionale, Oleh Sinegoubov, 330 personnes — dont 10 sont en fauteuil roulant et 50 à mobilité réduite — étaient sur les lieux au moment de l’attaque.
– Kyiv, « un symbole de la résistance » —
Un bilan officiel fait par ailleurs état de quatre soldats ukrainiens tués et six blessés dans le bombardement de l’aéroport militaire de Lutsk, dans le nord-ouest de l’Ukraine. Celui d’Ivano-Frankivsk, dans l’extrême ouest, a aussi été visé.
Ces bases ont été « mises hors service », a affirmé le ministère russe de la Défense.
Des raids aériens nocturnes ont également eu lieu au-dessus des villes de Tchernihiv (nord), Soumy (nord-est) et Kharkiv, endommageant des immeubles d’habitations.
Et la situation humanitaire ne cesse de s’aggraver dans les localités assiégées ou menacées par l’offensive russe.
Des corps abandonnés dans les rues, une immense fosse commune comme seule sépulture pour les autres, des civils tentant de partir sous les bombes : les très rares informations émanant du port de Marioupol, avec lequel les communications sont quasiment coupées, témoignent du désespoir de sa population.
Celle-ci se retrouve sans eau, sans gaz, sans électricité, sans communications, et, ces derniers jours, on voyait des gens se battre pour de la nourriture.
À la morgue de Mykolaïv, une cité des bords de la mer Noire sous le feu russe depuis des jours, les cadavres s’entassent à même le sol et dans la cour de l’établissement, sur laquelle la neige tombe sans discontinuer, a constaté l’AFP.
« Nous avons repoussé l’ennemi hors des limites de notre ville », a assuré le gouverneur de la région Vitaly Kim.
Les Russes continuent aussi leur manœuvre d’encerclement de Kyiv. Après avoir atteint ses faubourgs, ils cherchent à éliminer les défenses dans plusieurs localités à l’ouest et au nord de la capitale pour la « bloquer », a déclaré l’état-major ukrainien.
« Kyiv est un symbole de la résistance » qui se prépare à une « défense acharnée », a proclamé dans une vidéo Mykhailo Podolyak, un conseiller du président ukrainien Volodymyr Zelensky.
Près de 20 000 personnes ont déjà évacué mercredi et jeudi de la capitale et de ses environs, quelque 100 000 au total ces deux jours de l’ensemble des zones en proie aux combats en Ukraine.
– L’armée russe ralentie ? –
« L’ennemi n’a obtenu aucun succès significatif ces dernières 24 heures, il a été stoppé dans presque toute les directions par nos missiles, nos frappes aériennes et terrestres », a affirmé Oleksiy Arestovytch, un autre conseiller de M. Zelensky.
Un ralentissement de la progression des soldats russes que constatent aussi des sources militaires occidentales, tandis que le président Vladimir Poutine a donné son feu vert à l’envoi de combattants « volontaires », notamment en provenance de Syrie.
« C’est une guerre avec un ennemi très têtu (…) qui a décidé d’embaucher des mercenaires contre nos citoyens. Des assassins de Syrie, d’un pays où tout a été détruit par les occupants, comme ils nous le font subir à nous », a réagi le chef de l’État ukrainien.
Le maître du Kremlin a de plus demandé à son ministre de la Défense Sergueï Choïgou de lui proposer des redéploiements militaires à la frontière occidentale de la Russie, en réponse à ceux de l’OTAN en Europe orientale.
Il a cependant souligné qu’il y avait eu des « avancées » au cours des pourparlers russo-ukrainiens, dont la dernière session, infructueuse, s’est déroulée jeudi en Turquie, pour la première fois au niveau des ministres des Affaires étrangères.
Dans le même temps, la Russie va engager des poursuites contre Meta pour « appel aux meurtres » de Russes, la maison mère de Facebook et d’Instagram ayant assoupli son règlement quant aux messages à caractère violent destinés à l’armée et aux dirigeants russes. L’accès à Instagram y a en outre été restreint.
Les Ukrainiens semblent malgré tout garder le moral. Dès « les premiers jours, beaucoup de jeunes femmes sont arrivées, qui voulaient mettre la main sur un fusil pour pouvoir aller se battre », a expliqué à Kyiv Iryna Sergueïeva, réserviste depuis 2017.
– Mettre la Russie au ban du commerce international —
Tout en se disant soucieux d’éviter une « confrontation directe » entre l’Alliance atlantique et la Russie, car elle provoquerait « la Troisième Guerre mondiale, Joe Biden, de concert avec le G7 et l’Union européenne, s’est montré vendredi désireux de mettre la Russie au ban du commerce international.
Il a en particulier décrété l’interdiction d’importations de “secteurs phares de l’économie russe” comme “les produits de la mer, la vodka et les diamants”.
Dans la foulée, les États-Unis et l’UE ont banni les exportations en Russie et au Bélarus, son allié, des bijoux, voitures ou vêtements de luxe.
Emboîtant le pas à une myriade d’autres entreprises occidentales, le cigarettier britannique British American Tobacco (BAT) s’est à son tour retiré de Russie.
Le G7 a toutefois exhorté la communauté internationale à éviter toute mesure limitant les exportations de denrées alimentaires.
Le risque étant, a mis en garde l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), que huit à 13 millions de personnes supplémentaires souffrent de sous-nutrition dans le monde.
Le Conseil de sécurité de l’ONU devait de son côté se réunir à la demande de Moscou, pour évoquer la fabrication supposée d’armes biologiques en Ukraine, catégoriquement niée par Kyiv.
7h29 | Dnipro — L’armée russe a étendu vendredi son offensive à une autre grande ville d’Ukraine, Dnipro, et poursuivi ses bombardements frappant zones d’habitations et infrastructures civiles, poussant toujours plus de civils à fuir vers l’ouest du pays et les pays européens voisins.
Plus de 2,5 millions de personnes se sont déjà réfugiées à l’étranger, majoritairement en Pologne, et environ deux millions ont été déplacées par les combats en Ukraine même depuis le début de l’invasion le 24 février, selon le Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés.
Jusqu’ici épargnée par l’avancée russe, Dnipro, grand centre industriel d’un million d’habitants sur le fleuve Dniepr, qui marque la séparation entre l’Est en partie prorusse de l’Ukraine et le reste du pays, a été tôt vendredi la cible de raids qui ont fait au moins un mort, selon les autorités locales.
«Il y a eu trois frappes aériennes sur la ville, sur un jardin d’enfants, un immeuble résidentiel et une usine de chaussures à deux étages où un incendie s’est ensuite déclaré», ont annoncé les services d’urgence ukrainiens.
Ajoutant son cortège d’images de désolation à celles de Kharkiv (nord-est) et Marioupol (sud), deux des villes les plus touchées depuis le début de l’invasion russe, Dnipro s’est réveillée hébétée, dans un décor d’immeubles calcinés, éventrés ou soufflés.
L’AFP a vu dans la matinée des sapeurs-pompiers éteindre des incendies dans des ruines fumantes. Certains bâtiments n’étaient plus qu’un amas de poutres et structures métalliques tordues.
Après un hôpital pédiatrique mercredi à Marioupol, un établissement pour personnes handicapées a été touché vendredi, près de Kharkiv, sans toutefois faire de victimes, selon un premier bilan des services d’urgence.
«C’est un crime de guerre contre des civils, un génocide de la nation ukrainienne!», a fustigé le responsable de l’administration régionale, Oleh Sinegoubov.
Selon lui, 330 personnes — dont 10 sont en fauteuil roulant et 50 à mobilité réduite — se trouvaient sur les lieux au moment de l’attaque. «Les charpentes du bâtiment ont été détruites au niveau des 2e et 3e étages», ont précisé les services de secours.
Corps abandonnés
Quatre soldats ukrainiens ont par ailleurs été tués et six blessés dans le bombardement de l’aéroport militaire de Lutsk, dans le nord-ouest du pays, selon un nouveau bilan du maire de la ville.
Les forces russes ont également visé l’aéroport militaire d’Ivano-Frankivsk, dans l’extrême ouest de l’Ukraine.
Les bases aériennes de Lutsk et Ivano-Frankivsk ont été «mises hors service», selon le ministère russe de la Défense.
Des raids aériens nocturnes ont aussi frappé les villes de Tchernihiv (nord), Soumy (nord-est) et Kharkiv, déjà fortement touchées, endommageant immeubles d’habitation et infrastructures d’alimentation en eau et électricité.
De Kharkiv à Marioupol, en passant par Mykolaïv dans le sud, la situation humanitaire ne cesse de s’aggraver dans les villes assiégées ou menacées par l’avancée des Russes.
Des corps abandonnés dans les rues, une immense fosse commune comme seule sépulture pour les autres, des civils tentant de fuir sous les bombes: les très rares informations émanant du port de Marioupol, sur la mer d’Azov, où les communications sont quasiment coupées, racontent le désespoir des habitants.
La ville est sans eau, sans gaz, sans électricité, sans communications, et ces derniers jours on y voyait des gens se battre pour de la nourriture.
A la morgue de Mykolaïv, ville des bords de la mer Noire sous le feu russe depuis des jours, les corps s’entassent à même le sol et dans la cour de l’établissement, où la neige tombe sans discontinuer, a constaté l’AFP.
Un cadavre gît les mains jointes, comme en prière. En réalité, raconte l’employé de la morgue, il jetait des cocktails Molotov quand les Russes l’ont attrapé. Ils lui ont attaché les mains et l’ont exécuté.
L’armée russe continue aussi à prendre la capitale en tenailles. Après avoir atteint les faubourgs de Kiev, elle tente d’éliminer les défenses ukrainiennes dans plusieurs localités à l’ouest et au nord de la ville pour la «bloquer», a expliqué l’état-major ukrainien.
Près de 20 000 personnes ont déjà évacué mercredi et jeudi de la région de Kiev et quelque 100 000 au total sur ces deux jours des villes en proie aux combats, selon les autorités ukrainiennes.
Des mercenaires syriens?
Alors que l’armée russe semble ralentie dans son avancée par la résistance acharnée des Ukrainiens, selon des sources militaires occidentales, le président Vladimir Poutine a donné son feu vert à l’envoi de combattants «volontaires», notamment venus de Syrie.
«Si vous voyez que des gens veulent y aller volontairement, qui plus est pas pour de l’argent, et aider ceux qui vivent dans le Donbass (est de l’Ukraine, NDLR), alors il faut aller à leur rencontre et les aider à rejoindre la zone de combat», a-t-il lancé en réponse à une proposition de son ministre de la Défense.
Des mercenaires syriens combattent déjà au côté des Russes et de l’armée syrienne face aux jihadistes. Ils ont aussi été employés au côté des mercenaires de la force russe Wagner en Libye.
Le maître du Kremlin a également demandé à son ministre de la Défense de lui proposer des redéploiements militaires à la frontière occidentale de la Russie, en réponse à ceux de l’OTAN en Europe orientale.
Vladimir Poutine a cependant affirmé que des «avancées positives» avaient été obtenues lors des pourparlers russo-ukrainiens. Le dernier round s’est déroulé jeudi en Turquie, pour la première fois au niveau des ministres des Affaires étrangères.
L’Alliance atlantique a déployé des milliers d’hommes en Europe centrale et orientale en réaction à l’intervention militaire russe en Ukraine. Parmi les pays de l’OTAN, la Pologne et les trois pays baltes ont des frontières communes avec la Russie.
Le président américain Joe Biden devait annoncer de son côté vendredi vouloir exclure la Russie du régime normal des relations commerciales mondiales, ce qui ouvrirait la voie à des hausses de tarifs douaniers, a indiqué une source proche du dossier.
Outre une vague de sanctions qui visent à asphyxier l’économie russe, les États-Unis et leurs alliés européens s’efforcent aussi d’aider l’Ukraine militairement tout en évitant l’implication directe des Etats membres de l’OTAN. Le Congrès américain a adopté jeudi une enveloppe faramineuse de près de 14 milliards de dollars pour la crise ukrainienne.
Le Royaume-Uni a annoncé en outre qu’il allait sanctionner 386 élus russes ayant soutenu l’invasion de l’Ukraine.
Réunis en sommet à Versailles, près de Paris, pour élaborer les réponses économiques et militaires au choc de l’invasion russe, les chefs d’État et de gouvernement des Vingt-Sept ont exclu pour leur part une adhésion rapide de l’Ukraine à l’UE, tout en ouvrant la porte à des liens plus étroits.
Le Conseil de sécurité de l’ONU se réunira par ailleurs vendredi à 11h00, heure du Québec, à la demande de Moscou, sur la fabrication supposée d’armes biologiques en Ukraine, niée catégoriquement par le président Volodymyr Zelensky.