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Le chef du Hamas Yahya Sinouar «éliminé», selon le chef de la diplomatie israélienne

AFP|Publié le 17 octobre 2024

Le chef du Hamas Yahya Sinouar «éliminé», selon le chef de la diplomatie israélienne

Yahya Sinouar, militant radical et homme de l'ombre, est considéré comme l'un des cerveaux de l'attaque d'une ampleur sans précédent menée par le Hamas le 7 octobre 2023 sur le sol israélien. (Photo: AP Photo/John Minchillo)

Jérusalem — Le chef de la diplomatie israélienne, Israël Katz, a annoncé jeudi que le chef du Hamas, Yahya Sinouar, avait été «éliminé» lors d’une opération militaire dans la bande de Gaza, portant un coup décisif au mouvement islamiste palestinien qu’elle combat depuis plus d’un an.

Yahya Sinouar, militant radical et homme de l’ombre, est considéré comme l’un des cerveaux de l’attaque d’une ampleur sans précédent menée par le Hamas le 7 octobre 2023 sur le sol israélien, qui a déclenché la guerre dans le territoire palestinien et mis le feu aux poudres dans la région.

Âgé de 61 ans et chef depuis 2017 du mouvement islamiste palestinien à Gaza, il a été nommé début août chef politique du Hamas après la mort d’Ismaïl Haniyeh, tué à Téhéran le 31 juillet dans une attaque imputée à Israël, qui n’a pas commenté.

«Le meurtrier de masse Yahya Sinouar, responsable du massacre et des atrocités le 7 octobre, a été éliminé par les soldats (des forces israéliennes)», a déclaré M. Katz dans un communiqué à la presse.

«Lors des opérations de l’armée dans la bande de Gaza, trois terroristes ont été éliminés», avait indiqué plus tôt l’armée dans un communiqué, une source de sécurité israélienne ayant précisé que des analyses ADN étaient réalisées sur un corps pour confirmer s’il s’agit bien de Sinouar.

Peu après l’attaque du 7 octobre 2023, le premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, avait déclaré : «Tout membre du Hamas est un homme mort».

Avant l’annonce de M. Katz, le ministre israélien de la Défense, Yoav Gallant, a écrit sur X : «Nous atteindrons chaque terroriste et nous les éliminerons».

Le chef de la Chambre américaine des représentants Mike Johnson a salué la mort de Yahya Sinouar comme une «source d’espoir».

Le Hamas n’a pas confirmé.

Ces déclarations interviennent dans un contexte explosif au Moyen-Orient, où Israël pilonne depuis le 23 septembre les positions du Hezbollah au Liban, qui avait ouvert un front transfrontalier dès le 8 octobre 2023 en soutien au Hamas.

Le 30 septembre, l’armée israélienne a lancé des opérations au sol dans le sud du Liban pour combattre le mouvement islamiste libanais.

À la mi-journée jeudi, des frappes ont visé plusieurs régions du sud et de l’est du Liban, bastions du Hezbollah avec la banlieue sud de Beyrouth.

Plus tôt, une frappe israélienne avait visé «un entrepôt d’armes» du Hezbollah à Lattaquié en Syrie, fief du président Bachar al-Assad, faisant deux blessés, selon des médias syriens et l’Observatoire syrien des droits de l’Homme.

Les États-Unis, alliés d’Israël, ont de leur côté annoncé avoir frappé cinq dépôts souterrains de munitions des Houthis, qui contrôlent de larges pans du Yémen et mènent des attaques contre Israël et les navires qui leur seraient liés, en soutien au Hamas.

«Stopper l’escalade régionale»

Après avoir affaibli le Hamas à Gaza, Israël a déplacé le gros de ses opérations militaires sur le front libanais.

En près d’un mois, au moins 1 373 personnes ont été tuées dans le pays, d’après un décompte de l’AFP à partir de données officielles, l’ONU recensant près de 700 000 déplacés.

L’Iran, allié du régime syrien, des rebelles houthis, du Hezbollah et du Hamas palestinien, a menacé jeudi d’attaquer «douloureusement» Israël s’il frappait des cibles «en Iran ou dans la région», en riposte à l’attaque de missiles menée par Téhéran sur le territoire israélien le 1er octobre à laquelle Israël a juré de répondre.

Cette attaque avait été présentée par l’Iran comme des représailles à l’assassinat d’Ismaïl Haniyeh, et à celui de Hassan Nasrallah, le chef du Hezbollah, tué dans une frappe israélienne le 27 septembre près de Beyrouth.

Le chef de la diplomatie iranienne, Abbas Araghchi, s’est lui entretenu jeudi au Caire avec le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi.

Ils ont discuté de la «nécessité de stopper l’escalade régionale» et d’aboutir à un cessez-le-feu au Liban et à Gaza, selon la présidence égyptienne.

Le Hezbollah a de son côté affirmé jeudi avoir tiré des roquettes contre des troupes israéliennes près du plateau du Golan syrien annexé par Israël, et détruit deux chars israéliens dans le sud du Liban.

Israël affirme vouloir neutraliser le Hezbollah à la frontière pour permettre le retour dans le nord d’Israël de quelque 60 000 personnes déplacées par ses tirs incessants depuis un an.

Quatorze morts à Gaza

Dans la bande de Gaza, au moins 14 personnes ont été tuées jeudi dans une frappe israélienne sur l’école Abou Hussein abritant des déplacés dans le camp de Jabalia, dans le nord, selon deux hôpitaux du secteur, l’armée israélienne indiquant avoir ciblé des combattants palestiniens.

Jabalia est encerclée et pilonnée depuis le 6 octobre par l’armée israélienne qui affirme que le Hamas tente d’y reconstituer ses forces. Le sort de centaines de milliers de Gazaouis pris au piège de combats est au centre des inquiétudes internationales.

Quelque 345 000 Palestiniens seront confrontés à la faim à un niveau «catastrophique» cet hiver, contre 133 000 actuellement, a averti l’ONU dans un rapport publié jeudi.

Le chef de l’agence de l’ONU pour les réfugiés palestiniens (Unrwa), Philippe Lazzarini, a lui pointé un «vrai risque» de famine dans le territoire palestinien assiégé et dévasté, accusant «certains membres du gouvernement israélien» d’en faire «une arme de guerre».

«Nous mourons lentement», a déploré auprès de l’AFP Khalil Muqat, un Palestinien de Gaza-ville : «Nous demandons à ceux qui ont une âme et possèdent un minimum de conscience et d’humanité d’intervenir rapidement».

Au moins 42 438 Palestiniens ont été tués, majoritairement des civils, dans l’offensive israélienne à Gaza, selon les données du ministère de la Santé du gouvernement du Hamas, jugées fiables par l’ONU.

L’attaque du Hamas le 7 octobre a entraîné la mort de 1 206 personnes en Israël, en majorité des civils, selon un décompte de l’AFP basées sur des données officielles israéliennes et incluant les otages morts ou tués en captivité à Gaza.