Harris et Trump s’écharpent dans un débat crucial à deux mois de l’élection
AFP et La Presse Canadienne|Mis à jour le 10 septembre 2024Donal Trump et Kamala Harris (Photo: AFP / Saul Loeb)
Philadelphie — Kamala Harris et Donald Trump se sont durement affrontés mardi soir lors d’un débat télévisé au ton très offensif, s’accusant mutuellement de mentir et confrontant leurs visions opposées de l’Amérique, à moins de deux mois d’une élection présidentielle historique.
La vice-présidente démocrate et le candidat républicain, qui ne s’étaient jamais retrouvés face à face, ont rapidement fait de ce débat à Philadelphie une foire d’empoigne sur l’économie, l’avortement ou encore l’immigration.
Assurant avoir «remis en ordre le bazar» laissé par Donald Trump, Kamala Harris a par exemple reproché à son adversaire de propager un «tissu de mensonges» sur l’avortement et «d’insulter» les Américaines.
Taxant sa rivale de «marxiste», celui-ci a au contraire accusé la vice-présidente d’avoir «copié» le programme de Joe Biden et de «détruire le tissu social de notre pays» en laissant «des millions de personnes affluer dans notre pays depuis les prisons, les établissements psychiatriques et les asiles d’aliénés».
«Donald Trump nous a laissé le pire chômage depuis la Grande Dépression… la pire épidémie de santé publique depuis un siècle [et] la pire attaque contre notre démocratie depuis la guerre de Sécession», a-t-elle déclaré, faisant référence à ses tentatives d’inverser le résultat de l’élection de 2020.
«J’ai pris une balle»
Sur scène, Donald Trump, au ton de plus en plus agressif au fil du débat, est apparu l’air grave, le visage fermé, le regard braqué vers la caméra sans jamais regarder son adversaire.
En contraste, Kamala Harris, a fréquemment tourné la tête vers son adversaire, avec une mine dubitative, voire parfois moqueuse, face à ses affirmations et l’a poussé dans ses retranchements.
La tension s’est installée dès le début, même si Kamala Harris, vêtue d’un tailleur-pantalon sombre et Donald Trump, arborant sa traditionnelle cravate rouge vif, ont échangé une poignée de main, sous les yeux de millions de téléspectateurs.
Une vaste majorité d’entre eux savent pour qui ils voteront le 5 novembre. Mais le scrutin s’annonçant très serré, la part d’indécis parmi eux constitue un enjeu crucial.
«J’ai sans doute pris une balle dans la tête à cause de ce qu’ils disent sur moi», a lancé Donald Trump, faisant référence à la tentative d’assassinat l’ayant visé lors d’un meeting en juillet, dans ce même Etat de Pennsylvanie.
À un autre moment, Donald Trump a repris l’accusation mensongère de son camp selon laquelle des migrants haïtiens mangent «des chats et des chiens» dans une ville de l’Ohio (nord-est).
«À Springfield, […] ils mangent les animaux de compagnie des habitants. C’est ce qui se passe dans notre pays», a dit le candidat républicain.
«Parlons d’extrême», a répondu Kamala Harris.
Abandonner ses idées
Donald Trump s’en est rapidement pris à Mme Harris pour avoir abandonné certaines de ses anciennes positions libérales et a déclaré: «Elle va maintenant suivre ma philosophie. En fait, j’allais lui envoyer une casquette (Make America Great Again)». Kamala Harris a souri et a ri.
La vice-présidente a tenté de justifier son abandon des causes libérales au profit de positions plus modérées sur la fracturation hydraulique, l’extension de l’assurance maladie pour tous (Medicare for all) et les programmes de rachat obligatoire d’armes à feu – et même son retrait de sa position selon laquelle les pailles en plastique devraient être interdites – comme du pragmatisme, insistant sur le fait que ses «valeurs restent les mêmes».
Lorsque le débat s’est ouvert, Kamala Harris s’est approchée du pupitre de Donald Trump pour se présenter, marquant la première fois que les deux candidats se rencontraient. «Kamala Harris», a-t-elle dit, en tendant la main à M. Trump, qui l’a reçue dans une poignée de main. Il s’agissait de la première poignée de main lors d’un débat présidentiel depuis la campagne de 2016.
Tensions sur l’avortement et l’économie
Kamala Harris, en ciblant l’une des plus grandes vulnérabilités électorales de Donald Trump, a mis la fin du droit national à l’avortement sur le dos de M. Trump pour son rôle dans la nomination de trois juges de la Cour suprême des États-Unis qui ont renversé Roe v. Wade, laissant plus de 20 États du pays avec ce qu’elle a appelé les «interdictions d’avortement de Trump».
Kamala Harris a donné l’une de ses réponses les plus passionnées en décrivant les façons dont les femmes se sont vu refuser l’avortement et d’autres soins d’urgence, et a déclaré que Donald Trump imposerait une interdiction nationale de l’avortement s’il gagnait.
M. Trump a soutenu que c’était «un mensonge» et a dit: «Je ne signe pas une interdiction et il n’y a aucune raison de signer une interdiction».
Le républicain a affirmé qu’il voulait que la question soit laissée aux États.
Kamala Harris a utilisé une question sur ses plans pour améliorer l’économie en disant qu’elle prolongerait la réduction d’impôt pour les familles avec enfants et une déduction fiscale pour les petites entreprises, tout en attaquant les plans de M. Trump d’imposer des tarifs douaniers étendus comme une «taxe de vente» sur les biens que le peuple américain finira par payer.
Donald Trump est resté impassible pendant sa réponse, mais a rétorqué: «Je n’ai pas de taxe de vente. C’est une déclaration incorrecte. Elle le sait».