(Photo: 123rf)
Les incertitudes politiques et commerciales, la volatilité des marchés financiers et les hausses de taux d’intérêt ont entamé l’optimisme des milieux d’affaires aux États-Unis au début de l’année, a constaté la Fed dans un rapport de conjoncture mercredi.
Alors que pendant toutes ces années de reprise, le Livre Beige, qui tient son nom de la couleur de sa couverture, a salué à l’envi une expansion « modeste à modérée » dans tout le pays, la livraison de janvier 2019 signale que seulement huit des douze régions couvertes par la Fed ont enregistré une croissance modeste de l’activité.
Celle-ci s’est atténuée dans des secteurs comme l’automobile, l’énergie ou l’agriculture, affirme ce rapport qui couvre la période du 26 novembre 2018 au 7 janvier de cette année.
Le Livre beige de la Fed, qui paraît toutes les six semaines, est publié quinze jours avant la prochaine réunion monétaire de la Banque centrale, prévue les 29 et 30 janvier.
Cette baisse de l’optimisme doublée d’une faible inflation, même si certaines régions signalent des hausses de prix à la production du fait des tarifs douaniers, semble plaider pour une pause dans la hausse des taux d’intérêt de la Fed.
L’indice Dow Jones à Wall Street a immédiatement renforcé ses gains après la parution du rapport en début d’après-midi.
Déjà dans les minutes de sa dernière réunion du 19 décembre où il avait encore relevé les taux, le Comité monétaire de la Fed avait prôné une attitude de « patience » à l’avenir, ayant pris acte du contraste entre une certaine « solidité des données économiques et les inquiétudes des marchés financiers ».
« Avec des pressions inflationnistes encore contenues dans la plupart des régions, on s’attend à ce que les responsables de la Fed restent prudents et maintiennent les taux en l’état lors de leur prochaine réunion », a confirmé Gregory Daco, d’Oxford Economics dans une note mercredi.
Pour l’heure, selon le Livre Beige, la paralysie du gouvernement fédéral, en raison d’un bras de fer budgétaire entre les démocrates au Congrès et la Maison-Blanche, qui est entrée lundi dans sa 4e semaine, affecte encore modérément l’économie.
Dans le Midwest (Chicago), les agriculteurs se plaignent de ne pas avoir reçu les subsides prévus tandis que les acteurs économiques des régions de Cleveland (nord) et de Dallas (sud-ouest) mentionnent les handicaps de « l’incertitude politique ».
Globalement, l’activité a stagné dans les régions de New York, et de Kansas City notamment. Cinq régions mentionnent aussi un ralentissement de leur croissance.
Les taxes douanières inquiètent
Les tarifs douaniers que s’infligent les États-Unis et la Chine dans leur guerre commerciale sont cités 16 fois dans le rapport comme étant un facteur soit « d’incertitude » soit de hausses de prix à la production comme à Richmond (sud-est) où le prix de l’acier a grimpé.
Dans cette région où se trouve le port de Baltimore, une « robuste activité » a été enregistrée pour devancer d’éventuelles nouvelles hausses de taxes douanières, mais on s’attend « à ce que les échanges ralentissent dans les prochains mois ».
L’administration Trump, qui rend la Chine responsable du déficit commercial abyssal des États-Unis, a ouvert des négociations cruciales avec Pékin après avoir imposé des taxes douanières supplémentaires sur 250 milliards de dollars de marchandises chinoises, sans compter les importations d’acier et d’aluminium.
Fait nouveau dans le rapport, l’impact des hausses des taux d’intérêt par la Fed commence à se faire sentir. Le coût du crédit a été relevé à quatre reprises en 2018.
Ces hausses seraient responsables d’un ralentissement des ventes automobiles dans la région de Chicago et de Dallas, et du déclin du marché immobilier de la région de Saint Louis (centre) notamment.
Le renchérissement du crédit affecte les perspectives du secteur manufacturier dans la région de Dallas et a réduit les demandes de prêts dans celle de San Francisco (ouest).
Les banques d’Atlanta (sud) en revanche se félicitent du fait que la hausse des taux a amélioré leurs marges de profit.
Fait nouveau également, alors que les marchés financiers ont été très nerveux au cours des trois derniers mois de 2018, la volatilité des cours est citée plusieurs fois comme un facteur d’incertitude, pouvant, comme à Cleveland, miner la confiance des consommateurs et des acteurs économiques.
Globalement néanmoins, les perspectives économiques demeurent « positives » et le marché du travail reste dynamique. Mais les entreprises ont désormais « du mal à trouver de la main-d’œuvre à quelque niveau de qualification que ce soit ». Les salaires progressent un peu partout, mais de façon modérée.