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Le pari politique fou d’Elon Musk, l’homme le plus riche du monde

AFP|Publié le 13 novembre 2024

Le pari politique fou d’Elon Musk, l’homme le plus riche du monde

Un «classement des dépenses les plus terriblement stupides» sera publié, ce qui «sera à la fois extrêmement tragique et extrêmement divertissant», a annoncé M. Musk sur X. (Photo: Angela Weiss Getty Images)

San Francisco — C’était l’un des paris les plus fous de l’histoire économique et politique récente, et il a payé: Elon Musk, entrepreneur richissime et mégalomane, voit son soutien acharné à Donald Trump récompensé par un poste de conseiller spécial chargé de «l’efficacité gouvernementale».

Le président élu a annoncé qu’il comptait nommer le patron de Tesla, Space X et X, conjointement avec l’homme d’affaires républicain Vivek Ramaswamy, à la tête de cette nouvelle commission. Sa mission: «Envoyer des ondes de choc dans le système» en dérégulant à tout va et en faisant des coupes drastiques dans le budget de l’État fédéral américain.

Un «classement des dépenses les plus terriblement stupides» sera publié, ce qui «sera à la fois extrêmement tragique et extrêmement divertissant», a annoncé M. Musk sur X après l’annonce de sa future nomination.

Reste à savoir comment deux personnalités notoirement égocentriques telles qu’Elon Musk et Donald Trump vont s’entendre à long terme.

Né le 28 juin 1971 en Afrique du Sud d’un père ingénieur et d’une Canadienne mannequin, l’homme le plus riche du monde — naturalisé Américain — est devenu la figure la plus controversée du néo-capitalisme.

Il partage ses ambitions extraplanétaires et ses idées technolibertariennes avec plus de 200 millions d’abonnés sur la plateforme qu’il a rachetée en 2022, changeant son nom de «Twitter» en «X».

Elon Musk, 53 ans, s’est jeté à corps perdu dans la campagne de Donald Trump dans les dernières semaines. Les images du multimilliardaire — Forbes estime sa fortune à plus de 300 milliards de dollars américains — bondissant sur scène pendant un meeting du républicain en Pennsylvanie ont fait le tour du monde.

Autres planètes

Son comité de soutien a organisé une loterie offrant quotidiennement un million de dollars à des électeurs inscrits dans les États clés qui acceptaient de signer une pétition conservatrice en faveur de la liberté d’expression et du droit à porter des armes.

Il a investi plus de 100 millions de dollars américains dans la campagne du président élu, et a utilisé son réseau social, sur lequel il publie sans discontinuer, comme une caisse de résonance.

Le voilà donc conseiller spécial, en plus d’être à la tête de Tesla, premier constructeur de véhicules électriques au monde, et de SpaceX, sa société spatiale.

La première entreprise est régulée par le gouvernement fédéral, la seconde bénéficie d’immenses contrats avec la Nasa: son entrée dans la sphère gouvernementale augure aussi de possibles conflits d’intérêts, même si le président élu a assuré que son rôle serait « hors » de l’Etat fédéral lui-même.

Elon Musk mène divers autres projets qui illustrent sa vision technofuturiste d’une humanité augmentée grâce à la science, appelée à prospérer sur d’autres planètes. Parmi ces projets: Neuralink, une start-up qui ambitionne de relier directement le cerveau humain à l’ordinateur.

Mégalomane, bourreau de travail, l’entrepreneur en série a toujours cultivé une image de patron rebelle, amateur de provocations, anti-politiquement correct.

Millionnaire avant 30 ans après avoir revendu un éditeur de logiciels en ligne qu’il avait monté avec son frère, Elon Musk a par la suite fondé X.com, qui sera fusionnée avec PayPal, puis rachetée par eBay en 2002.

«Super génie»

Sa ligne libertarienne, ouvertement masculiniste, et ses critiques virulentes de l’immigration l’ont rendu de plus en plus populaire dans la droite américaine. Jusqu’à séduire, donc, Donald Trump, qui l’a qualifié de «super génie» dans son discours de victoire.

Elon Musk a aussi le goût des théories du complot: il a affirmé par exemple cette année que le Parti démocrate «importait délibérément des migrants en situation irrégulière» pour accroître son assise électorale.

En juillet, il avait annoncé avec fracas qu’il allait déplacer au Texas le siège de SpaceX et de X, en signe de protestation au passage d’une loi sur les élèves transgenres en Californie, un État que les républicains critiquent sans cesse pour ses politiques progressistes.

Il y avait déjà déménagé en 2021 le siège de Tesla.

Sur X, Elon Musk a livré ses conseils pour mettre fin à la guerre en Ukraine, fait polémique en proposant de «faire un enfant» à la superstar Taylor Swift après que cette dernière a pris position contre Donald Trump, ou encore qualifié d’«intéressante» une théorie selon laquelle seuls les «mâles dominants» devraient prendre des décisions politiques.

En mai 2021, il a révélé être atteint du syndrome d’Asperger, une forme d’autisme. Plus récemment, il a dit prendre de la kétamine, un puissant anesthésiant parfois détourné à des fins stimulantes ou euphorisantes, pour traiter une tendance à la dépression.

Divorcé trois fois, Elon Musk est père de dix enfants, dont un décédé à 10 semaines. L’une d’entre eux, une fille transgenre, a déposé une demande officielle pour changer de nom de famille en même temps que de genre afin de couper tout lien avec son père.