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L’Iran affirme vouloir se défendre après les frappes d’Israël sur son sol

AFP|Mis à jour le 26 octobre 2024

L’Iran affirme vouloir se défendre après les frappes d’Israël sur son sol

Sur le marché de Téhéran, samedi (Photo: Fatemeh Bahrami / Anadolu / Getty Images)

Téhéran — L’Iran a affirmé samedi son droit à se défendre après des frappes contre ses sites militaires menées par Israël, dernier épisode en date des hostilités entre les deux pays ennemis qui accentue les craintes d’une escalade militaire au Moyen-Orient.

Pour la première fois, Israël a annoncé publiquement avoir attaqué l’Iran en lançant samedi avant l’aube des frappes aériennes contre des installations de fabrication de missiles dans ce pays. L’Iran a fait état de « dégâts limités » et de quatre militaires tués.

Israël a ensuite menacé l’Iran de lui faire « payer un prix élevé » s’il ripostait, alors que la communauté internationale a appelé à la retenue face au risque d’embrasement.

« J’espère que c’est la fin », a déclaré le président américain Joe Biden, dont le pays est un proche allié d’Israël et son principal fournisseur d’armes.

Les raids israéliens sont une riposte à une attaque aux missiles de l’Iran contre le territoire israélien le 1er octobre, un engrenage de violences lié aux guerres menées par Israël contre deux mouvements islamistes soutenus militairement par l’Iran: le Hamas palestinien à Gaza et le Hezbollah au Liban.

La guerre a Gaza a été déclenchée par une attaque meurtrière lancée le 7 octobre 2023 par le Hamas contre Israël depuis la bande de Gaza voisine. En soutien au Hamas, le Hezbollah libanais a ouvert le 8 octobre 2023 un front contre Israël en tirant des roquettes sur le nord d’Israël, frontalier du sud du Liban, les hostilités se transformant en guerre ouverte mi-septembre.

« L’Iran a le droit et le devoir de se défendre contre les actes d’agression étrangers, sur la base du droit inhérent de légitime défense (…) », a affirmé la diplomatie iranienne.

La détermination de l’Iran à se défendre « n’a pas de limites », a prévenu son chef de la diplomatie Abbas Araghchi.

« Dégâts limités »

Selon l’armée iranienne, « des sites militaires dans les provinces de Téhéran, du Khouzestan (sud-ouest) et d’Ilam (ouest) » ont été ciblés par Israël.

« Grâce à notre défense aérienne, les attaques ont causé des dégâts limités et seuls certains systèmes radar ont été endommagés », a annoncé l’état-major des forces armées. « Un nombre important de missiles ont été interceptés, et les avions ennemis ont été empêchés d’entrer dans notre espace aérien. »

En Israël, l’armée a dit avoir « frappé des sites de fabrication de missiles (…) que l’Iran tire sur l’État d’Israël depuis un an », ainsi que « des batteries de missiles sol-air et d’autres systèmes aériens (…) ».

« Le régime iranien et ses relais dans la région ont attaqué sans relâche Israël depuis le 7 octobre (2023) sur plusieurs fronts (…) », a-t-elle ajouté, en allusion au Hamas, au Hezbollah et aux rebelles yéménites houthis.

Avec ces frappes, l’armée israélienne a dit avoir « achevé la réponse aux attaques de l’Iran ».

Le 1er octobre, l’Iran a tiré quelque 200 missiles sur Israël pour venger selon lui la mort, le 27 septembre, du chef du Hezbollah Hassan Nasrallah et d’un général iranien, tués dans des frappes israéliennes près de Beyrouth, et celle le 31 juillet à Téhéran du chef du Hamas Ismaïl Haniyeh, tué dans une attaque imputée à Israël.

« Coup politique »

Le 13 avril, l’Iran a lancé des missiles et des drones contre Israël, la première attaque directe du genre, en riposte à une frappe attribuée à Israël qui a détruit le consulat iranien à Damas. Selon des médias américains, l’armée israélienne a riposté le 19 avril avec des frappes sur le centre de l’Iran, une attaque non confirmée par Israël.

Malgré les inquiétudes, la vie a continué son cours normal à Téhéran et Tel-Aviv.

« Je ne pense pas qu’il y aura la guerre en Iran », a affirmé Sepideh, 30 ans, en se rendant à son travail à Téhéran.

« On est inquiets, mais pas plus que ça », a réagi Yaniv Chen, 42 ans, sur une plage de Tel-Aviv.

Selon des experts, l’objectif de l’attaque était de démontrer les capacités offensives israéliennes tout en évitant l’escalade.

Selon Joost Hiltermann, le directeur du programme Moyen-Orient de l’International Crisis Group, les États-Unis ont voulu que ces représailles soient « proportionnées, afin que l’Iran n’ait pas besoin de répondre ».

De même, Hasni Abidi, directeur du Centre d’études et de recherche sur le monde arabe et méditerranéen (Cermam), estime que sous la pression des États-Unis, Israël a mené une opération « limitée » pour réduire les risques d’une « explosion ». Israël a « réalisé un coup médiatique et politique et non militaire ».

Saluant les frappes israéliennes, le président israélien Isaac Herzog a « remercié » les États-Unis « pour être un vrai allié et pour la coopération publique et secrète » entre les deux pays.

Négociations attendues à Doha

Sur le front libanais, l’armée israélienne a fait état de « 80 projectiles » tirés par le Hezbollah depuis le Liban.

Elle a aussi mené de nouvelles frappes dans le sud du Liban, où ses troupes poursuivent une offensive terrestre depuis le 30 septembre avec l’objectif de neutraliser les combattants du mouvement libanais et faire cesser les tirs de roquettes.

Après un an d’une offensive dévastatrice et meurtrière dans la bande de Gaza où elle a affaibli le Hamas, l’armée israélienne a concentré ses opérations au Liban en y menant des frappes intenses et meurtrières principalement sur les fiefs du Hezbollah à partir du 23 septembre.

Sur le front de Gaza, l’armée israélienne poursuit son offensive aérienne et terrestre dans le territoire palestinien ravagé et en proie à un désastre humanitaire.

De nouvelles négociations sont attendues dimanche à Doha entre Israéliens, Américains et Qatariotes pour évoquer la possibilité d’une trêve à Gaza associée à une libération d’otages enlevés le 7 octobre 2023 et emmenés dans le territoire palestinien.