(Photo: Getty Images)
Ce texte regroupe tous les derniers développements à propos de l’invasion de la Russie en Ukraine pour la journée du 18 avril. Pour retrouver toute notre couverture sur le conflit, c’est ici. NDLR. Certains contenus sont explicites et peuvent être difficiles à lire.
16h00 | Kyiv — Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a annoncé lundi le début de l’offensive russe contre l’est de l’Ukraine, dont une partie est aux mains des séparatistes prorusses et où les combats meurtriers se sont intensifiés.
«Nous pouvons maintenant affirmer que les troupes russes ont commencé la bataille pour le Donbass, pour laquelle ils se préparent depuis longtemps. Une très grande partie de l’ensemble de l’armée russe est désormais consacrée à cette offensive», a-t-il déclaré dans un discours retransmis sur Telegram.
«Peu importe combien de soldats russes sont amenés jusqu’ici, nous combattrons. Nous nous défendrons», a-t-il clamé.
Peu avant, le gouverneur ukrainien de la région de Lougansk, Serguiï Gaïdaï avait annoncé lui aussi le début de l’offensive des troupes russes contre l’est de l’Ukraine.
«C’est l’enfer. L’offensive a commencé, celle dont on parle depuis des semaines», a-t-il déclaré sur Facebook. «Il y a des combats à Roubijné et Popasna, des combats incessants dans d’autres villes pacifiques».
Au moins huit civils ont été tués lundi par des tirs et frappes russes, selon les autorités régionales.
Quatre personnes ont péri à Kreminna, une petite ville de la région de Lougansk tombée aux mains des Russes lundi, a dit Serguiï Gaïdaï sur Telegram.
Et quatre autres dans la région voisine de Donetsk, selon le gouverneur ukrainien de cette région, Pavlo Kyrylenko. «Deux à Torske, un à Chandrigalove et un à Razdolne. Cinq autres personnes ont été blessées», a-t-il affirmé sur Telegram.
Depuis l’annonce du retrait de ses troupes de la région de Kiev, la Russie concentre ses forces armées dans l’est de l’Ukraine, cible de fréquents bombardements depuis le début de l’invasion russe le 24 février.
Une offensive massive de Moscou était annoncée par l’armée ukrainienne depuis plusieurs semaines contre le Donbass, dont un large pan est sous le contrôle des séparatistes prorusses des républiques autoproclamées de Lougansk et de Donetsk.
Le président russe Vladimir Poutine affirme mener une opération militaire en Ukraine pour sauver les Russes du Donbass d’un «génocide» orchestré par des «néo-nazis» ukrainiens.
15h00| Les États-Unis boycotteront certaines réunions du G20 Finances mercredi si la Russie y participe, et promettent de nouvelles sanctions économiques, notamment à l’encontre des pays, entreprises et individus qui tentent de se soustraire à ces mesures prises par les alliés occidentaux en réaction à la guerre en Ukraine.
La secrétaire américaine au Trésor Janet Yellen, qui représentera les États-Unis cette semaine lors du G20 Finances, boycottera certaines sessions, a indiqué lundi à la presse un responsable du Trésor.
Elle a cependant prévu de participer à la réunion d’ouverture du G20 Finances, consacrée à l’économie mondiale, et qui réunira en partie virtuellement, mercredi, les ministres des Finances et banquiers centraux de ces pays, parmi lesquels la Russie.
Mais plusieurs pays du G7 pourraient quitter la réunion du G20 lorsque la Russie s’exprimera, avait indiqué vendredi le ministère français de l’Économie et des Finances.
Selon le responsable du Trésor américain, le ministre russe des Finances sera sans doute présent virtuellement, au moins pour certaines sessions.
Or, les États-Unis ne veulent pas que la présence d’officiels russes les empêche, avec leurs alliés, de poursuivre leurs travaux, a précisé ce responsable, soulignant que ce G20 ne peut pas être une réunion comme les autres pour la Russie.
Plusieurs États, en particulier la France, ont demandé l’invitation du ministre ukrainien des Finances au G20 notamment, avait encore souligné vendredi le ministère français. Joe Biden, qui avait lui aussi estimé que l’Ukraine devrait pouvoir assister aux réunions, est favorable à l’exclusion de la Russie du G20.
Les États-Unis et leurs alliés «poursuivront leurs efforts unis pour accroître la pression économique sur la Russie», avait également averti le département au Trésor dans un communiqué.
«Démonter la machine de guerre russe»
«Les dirigeants du G7 ont clairement indiqué que nous prendrons des mesures décisives pour empêcher les pays, les entreprises et les individus d’aider la Russie à échapper à nos sanctions», a détaillé lundi le secrétaire adjoint au Trésor Wally Adeyemo.
«Nous nous attendons à ce que ces acteurs choisissent de suivre nos sanctions parce que les avantages économiques de faire des affaires avec les pays de notre coalition, qui représentent plus de la moitié de l’économie mondiale, dépassent de loin la valeur de faire des affaires avec l’économie en déclin de la Russie», a-t-il ajouté, lors d’une conversation virtuelle organisée par le Peterson Institute for International Economics (PIIE).
«Tant que l’invasion russe se poursuivra, nos sanctions continueront», a-t-il encore assuré, soulignant que « la prochaine phase de notre travail consistera à démonter la machine de guerre russe, pièce par pièce, en perturbant son complexe militaro-industriel et ses chaînes d’approvisionnement ».
Janet Yellen doit rencontrer le premier ministre ukrainien Denys Shmyhal, mais le jour de la rencontre n’a pas été précisé. La ministre de l’Économie et des Finances de Joe Biden tiendra également une conférence de presse jeudi à 11h.
Le G20 Finances se tiendra mercredi, dans le cadre de la semaine de réunions de printemps du FMI et de la Banque mondiale, pour lesquelles des délégations réduites de pays sont attendues à Washington tandis que les conférences de presse sont uniquement en mode virtuel.
La conférence de presse du G20 aura lieu mercredi à 15h30.
Les pays occidentaux veulent exclure la Russie du G20. Mais l’Indonésie, qui préside le groupe cette année et s’affiche comme une puissance moyenne non alignée, se veut «impartiale».
7h00 | Kyiv — Au moins sept personnes ont été tuées lundi dans des frappes de missiles russes sur des cibles civiles et militaires à Lviv, dans l’ouest de l’Ukraine d’ordinaire relativement épargné par les combats, tandis que Moscou affirmait avoir capturé des Britanniques et exigeait de négocier avec Londres leur libération.
La télévision publique russe a diffusé des vidéos montrant deux prisonniers, présentés comme des Britanniques capturés lors de combats en Ukraine, s’adressant au premier ministre Boris Johnson pour négocier leur libération.
Les deux hommes, qui apparaissent les traits tirés, demandent à être échangés contre Viktor Medvedtchouk, un riche homme d’affaires ukrainien proche du président Vladimir Poutine et récemment arrêté en Ukraine.
Kyiv a pour sa part diffusé une vidéo de cet homme d’affaires, dans laquelle il demande à être échangé «contre les défenseurs de Marioupols et ses habitants».
Cette «guerre de vidéos» intervient alors que Kyiv a promis de défendre «jusqu’au bout» le port stratégique de Marioupol dans le sud-est où l’armée russe encercle les militaires ukrainiens, et annoncé qu’aucun couloir humanitaire ne serait mis en place lundi pour évacuer des civils, accusant Moscou de «blocage».
À Lviv, la grande ville de l’ouest où s’étaient repliées plusieurs ambassades occidentales, «cinq puissantes frappes de missiles» ont touché «l’infrastructure civile», a annoncé sur Twitter Mikhaïlo Podoliak, conseiller du président Volodymyr Zelensky.
Le gouverneur régional, Maksym Kozitsky, a pour sa part évoqué quatre frappes de missiles de croisière, tirés depuis la Caspienne: trois sur des infrastructures militaires et une sur un garage de pneumatique, qui ont provoqué des incendies. Toutes les cibles sont «gravement endommagées» selon lui.
«À cette heure, sept morts sont connus», a-t-il ajouté, évoquant également «onze blessés, dont un enfant», et précisant que trois blessés se trouvent «dans un état grave».
Sur les lieux de la frappe contre le garage à environ quatre kilomètres du centre de la ville, des journalistes de l’AFP ont vu le bâtiment en feu, avec des carcasses de voitures dans un cratère près d’une voie ferrée.
Située loin du front, près de la frontière polonaise, Lviv s’est convertie en ville-refuge pour les personnes déplacées.
«Détruire le Donbass»
Lviv a été rarement visée par des bombardements depuis le début de l’invasion russe le 24 février, contrairement à l’est du pays où se concentre désormais l’essentiel des bombardements.
Dans un message vidéo dimanche soir, le président Volodymyr Zelensky a affirmé que «les soldats russes se préparent à une offensive dans l’est de notre pays dans un avenir proche. Ils veulent littéralement achever et détruire le Donbass».
«Tout comme les militaires russes détruisent Marioupol, ils veulent anéantir d’autres villes et d’autres communautés dans les régions de Donetsk et de Lougansk», a-t-il poursuivi, avant de lancer: «nous faisons tout pour assurer la défense».
Moscou semble notamment déterminé à prendre le port stratégique de Marioupol dans le sud-est, dont les derniers défenseurs ont ignoré dimanche un ultimatum de l’armée russe qui leur demandait de déposer les armes.
«Sabotez les ordres des occupants. Ne coopérez pas avec eux (…) Vous devez tenir bon», a encore dit le président Zelensky.
Il a de nouveau appelé les Occidentaux à imposer «un embargo sur les livraisons de pétrole en provenance de Russie», estimant qu’une telle mesure «s’impose chaque jour davantage».
M. Zelensky a également invité le président Emmanuel Macron, en pleine campagne électorale, à venir en Ukraine pour constater que les forces russes y commettent un «génocide», un terme que son homologue français s’est jusqu’ici refusé à employer.
Marioupol «n’est pas tombée»
Moscou avait demandé aux derniers combattants ukrainiens, retranchés dans le complexe métallurgique d’Azovstal à Marioupol, de cesser le feu dimanche et d’évacuer les lieux.
«Tous ceux qui auront abandonné les armes auront la garantie d’avoir la vie sauve», avait promis le ministère russe de la Défense sur Telegram. «C’est leur seule chance».
Mais le premier ministre ukrainien Denys Chmygal a assuré que la résistance continuerait.
«Non, la ville n’est pas tombée. Nos militaires y sont toujours. Ils combattront jusqu’au bout. À l’heure où je vous parle, ils sont toujours dans Marioupol», a-t-il dit à la chaîne de télévision américaine ABC dimanche soir.
Un responsable policier de Marioupol, Mykhailo Vershynin, a assuré dimanche que «beaucoup de civils dont des femmes, des enfants, des bébés et des personnes âgées» étaient retranchés dans le complexe Azovstal.
«Ces gens se protègent des bombardements, car là-bas il y a un abri qui donne une chance de survie pour un certain temps», a-t-il dit dans un enregistrement diffusé sur YouTube.
«Ils ne font pas confiance aux Russes. Ils ont vu ce qui se passe dans la ville et c’est la raison pour laquelle ils se trouvent dans l’usine».
La prise de cette cité constituerait une victoire importante pour les Russes, car elle leur permettrait de consolider leurs gains territoriaux côtiers le long de la mer d’Azov en reliant la région du Donbass, en partie contrôlée par leurs partisans, à la Crimée que Moscou a annexée en 2014, d’après le directeur exécutif du Programme alimentaire mondial David Beasley, plus de 100 000 civils sont au bord de la famine à Marioupol, manquant également de chauffage.
«Dernière chance» pour évacuer les civils
Dans l’est, une frappe a touché dans la nuit de dimanche à lundi un quartier au nord-est de la ville de Kramatorsk, sans faire de dégât.
Un journaliste de l’AFP a vu un cratère dans un petit terrain vague près d’un hôtel fermé et une usine désaffectée.
Dimanche, toujours à Kramatorsk, deux explosions avaient été entendues vers 11h45, heure locale, mais aucune habitation n’a été touchée, a constaté l’AFP. Les frappes ont probablement visé un ancien site industriel, comme il y en a de nombreux dans la ville, et dont certains sont occupés par l’armée ukrainienne.
Le gouverneur de la région de Lougantsk, également dans l’est, Serguiï Gaïdaï, avait exhorté les civils à évacuer la région.
«Cette semaine risque d’être difficile», a-t-il prévenu. Maintenant «c’est peut-être la dernière fois que nous avons une chance de vous sauver» en quittant les zones de combats, a-t-il dit sur Facebook.
Mais la vice-première ministre ukrainienne, Iryna Verechtchouk a annoncé qu’aucun couloir humanitaire pour l’évacuation de civils ne serait mis en place lundi, pour la deuxième journée consécutive.
«Les occupants russes ne cessent de bloquer et de bombarder les routes humanitaires. Par conséquent, pour des raisons de sécurité, il a été décidé de ne pas ouvrir de couloirs», a-t-elle ajouté.
Plus au nord, à Kharkiv, la deuxième ville d’Ukraine, au moins cinq personnes ont péri dimanche et 20 autres ont été blessées dans une série de frappes russes, selon le gouverneur régional Oleg Sinegoubov.
Des journalistes de l’AFP sur place ont entendu deux bombardements et vu cinq incendies se propager dans les quartiers d’habitation du centre de Kharkiv.
Errant abasourdie dans une rue, Svitlana Pelelyguina observait la fumée s’élever des ruines de son logement, touché par l’une des frappes. «Tout l’appartement s’est mis à osciller et à trembler», a raconté à l’AFP cette femme de 71 ans. «Et tout a commencé à prendre feu».