L’Organisation du traité de l’Atlantique Nord (OTAN) a fêté cette année ses trois quarts de siècle d’existence et se retrouve en sommet à Washington du 9 au 11 juillet. (Photo: Getty Images)
Bruxelles — L’Organisation du traité de l’Atlantique Nord (OTAN) a fêté cette année ses trois quarts de siècle d’existence et se retrouve en sommet à Washington du 9 au 11 juillet. L’Alliance en cinq points:
32 membres, parfois turbulents
L’OTAN a été fondée le 4 avril 1949 par 12 États d’Europe et d’Amérique du Nord, pour contrer la menace soviétique. Ils sont aujourd’hui vingt de plus et loin de marcher au pas tous ensemble.
La France s’est retirée de la structure militaire de l’OTAN en 1966 avant de la réintégrer en 2009. Une fracture qui persiste encore à Bruxelles. Aucun Français n’a jamais été secrétaire général de l’OTAN.
La Turquie est souvent considérée comme le trublion d’une Alliance dont elle est devenue membre en 1952, en même temps que la Grèce.
Ces deux pays longtemps ennemis ont donné quelques sueurs froides à leurs alliés, particulièrement lors de leur différend à Chypre dans les années 1960 et 1970.
La Turquie peut aussi provoquer l’impatience de ses alliés comme elle l’a fait récemment en bloquant pendant deux ans l’adhésion de la Suède. Celle-ci a finalement rejoint l’OTAN en mars, après la Finlande l’année précédente — une des conséquences de l’invasion russe de l’Ukraine en 2022.
Cinq, l’article pilier de l’Alliance
L’article 5 du traité de l’Atlantique Nord est le fondement de l’Alliance. Il oblige chacun de ses membres à intervenir en cas d’attaque contre l’un d’entre eux.
Il n’a été utilisé qu’une seule fois dans toute l’histoire de l’OTAN, au lendemain des attentats du 11 septembre 2001 contre les États-Unis.
Alors, le déclenchement de cet article considéré comme le pilier de l’Otan a surtout été décidé pour montrer la solidarité des Alliés à l’égard des Etats-Unis, sans réelle conséquence militaire immédiate.
Il conduira néanmoins l’Alliance à intervenir en Afghanistan où elle mobilisera jusqu’à 100 000 troupes sur le terrain avant un retrait en catastrophe en août 2021.
Trois sièges, le dernier à Bruxelles
L’Otan s’est d’abord installée à Londres avant très vite, dès 1949, de traverser la Manche pour prendre ses quartiers à Paris. Mais le retrait français 17 ans plus tard oblige ses fonctionnaires à déménager à nouveau, cette fois pour Bruxelles.
Nombre d’entre eux ne l’ont jamais pardonné à la France, selon un diplomate de l’Alliance, sous couvert d’anonymat.
Dans la capitale belge, l’Otan occupe depuis 2017 un siège flambant neuf formé de quatre bâtiments, censés représenter des doigts entrecroisés, symbole d’unité.
Plus de 4.000 personnes y travaillent et les visiteurs se font souvent photographier devant une sculpture représentant l’emblème de l’OTAN, choisie en 1953: «une étoile à quatre branches représentant la boussole qui nous maintient sur la bonne voie, le chemin de la paix», selon l’expression, de Lord Ismay, secrétaire général de l’Alliance à sa création.
C’est aujourd’hui le motif principal sur le drapeau de l’Otan.
Trois citations « cultes »
« Garder les Russes en dehors, les Américains dedans, et les Allemands à terre »: Lord Ismay, premier secrétaire général de l’Otan (1952-1957), résumant les missions de l’Alliance dans une déclaration non datée.
« J’ai dit il y a longtemps que l’Otan avait des problèmes. En premier lieu qu’elle était obsolète parce qu’elle a été conçue il y a des années et des années »: Donald Trump, alors président américain, le 15 janvier 2017. Il avait utilisé le même qualificatif lors de sa campagne en 2016.
« Ce qu’on est en train de vivre, c’est la mort cérébrale de l’Otan »: le président français Emmanuel Macron, le 8 novembre 2019.
Zéro armée, mais beaucoup d’armes
L’Otan ne dispose d’aucune armée en propre, à l’exception d’une flotte d’avions de reconnaissance AWACS et de quelques drones. Elle s’appuie sur les forces armées de ses pays membres, sauf pour l’Islande qui n’en a aucune.
Mais l’Alliance a pu compter pendant plusieurs années sur une armée secrète, les « stay behind » (ceux qui restent derrière): des réseaux clandestins coordonnés par l’Otan au début de la guerre froide. Ces réseaux étaient censés être activés en cas d’attaque soviétique.
L’OTAN organise régulièrement des exercices militaires qui mobilisent des quantités d’armes souvent très différentes. Elle a donc créé… un jeu de cartes pour aider ses militaires à s’y retrouver.
Les 54 cartes représentent autant de systèmes d’armes utilisés par l’Alliance. Le jeu est censé aussi « aider les troupes ukrainiennes à identifier » certaines des armes qu’elles reçoivent, selon l’Otan.