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Macron, Scholz et Draghi en visite de «soutien» en Ukraine

AFP et La Presse Canadienne|Mis à jour le 16 avril 2024

Macron, Scholz et Draghi en visite de «soutien» en Ukraine

Il n'existe aucun bilan global des victimes civiles du conflit. Pour la seule ville de Marioupol (sud-est), tombée en mai au terme d'un terrible siège, les autorités ukrainiennes avaient évoqué quelque 20 000 morts. (Photo: Getty Images)

Ce texte regroupe tous les derniers développements à propos de l’invasion de la Russie en Ukraine pour la journée du 16 juin. Pour retrouver toute notre couverture sur le conflit, c’est ici. NDLR. Certains contenus sont explicites et peuvent être difficiles à lire. 

9h35 | Kyiv — Emmanuel Macron, Olaf Scholz et Mario Draghi ont promis jeudi de soutenir «sans ambiguïté» l’Ukraine face à l’agression russe, lors d’une visite inédite à Kyiv programmée quelques jours avant une décision de l’Union européenne sur les chances de ce pays de rejoindre le bloc européen.

Arrivé en gare de Kyiv après près de dix heures de train depuis le sud-est de la Pologne, le président français, qui assume jusqu’au 30 juin la présidence tournante de l’Union européenne, a déclaré que les dirigeants étaient venus adresser «un message d’unité européenne» et de «soutien» à Kyiv «à la fois pour le présent et pour l’avenir».

Le chancelier allemand Olaf Scholz, critiqué lui pour le peu de livraisons d’armes allemandes à l’Ukraine, n’a pas fait de déclaration formelle pour l’instant. Il a indiqué que la visite visait «à manifester notre solidarité» et à «assurer que l’aide que nous organisons, financière, humanitaire, mais aussi lorsqu’il s’agit d’armes, se poursuivra (…) aussi longtemps qu’il le faudra pour la lutte pour l’indépendance de l’Ukraine», dans un entretien au quotidien Bild accordé pendant leur voyage en train.

En visitant ensuite Irpin, une des banlieues de Kyiv dévastées au début de la guerre par l’offensive russe ratée sur la capitale, le président français s’est défendu de toute «ambiguité» dans son soutien à Kyiv, lui qui a été très critiqué pour avoir affirmé qu’il ne fallait pas «humilier» la Russie.

«Il faut que l’Ukraine puisse résister et l’emporter» face à l’armée russe, a-t-il déclaré. «La France est aux côtés de l’Ukraine depuis le premier jour (…), nous sommes aux côtés des Ukrainiens sans ambiguïté», a-t-il affirmé.

 

«Faites l’Europe, pas la guerre»

Comme d’autres dirigeants européens venus à Kyiv avant eux, les dirigeants ont déambulé dans les rues d’Irpin, s’arrêtant devant des bâtiments détruits par les combats ou une voiture calcinée, posant des questions à leur guide, le ministre ukrainien de la Décentralisation Oleksiï Tchernychov. 

Le président français s’est notamment arrêté devant un dessin sur un mur, accompagné du message «Make Europe Not War» («Faites l’Europe, pas la guerre»).

«C’est le bon message», a-t-il commenté. «C’est très émouvant de voir cela».

«Nous reconstruirons tout», a promis de son côté Mario Draghi.

À l’issue de leur visite, le président français a loué «l’héroïsme» des Ukrainiens, évoquant «les stigmates de la barbarie, les premières traces de ce que sont les crimes de guerre.»

Le chancelier allemand a lui dénoncé «la brutalité de la guerre d’agression russe, qui vise simplement à détruire et à conquérir». 

«Des civils innocents ont été touchés, des maisons ont été détruites. Une ville entière a été détruite alors qu’elle ne comportait aucune infrastructure militaire», a-t-il écrit sur son compte Twitter.

Des centaines de civils ont été tués dans les villes d’Irpin, Boutcha et Borodianka, pendant l’occupation russe de cette région en mars. Des enquêtes internationales sont en cours pour déterminer les coupables de ces crimes de guerre dont les Ukrainiens accusent les forces russes.

 

«Signaux politiques clairs»

Les quatre dirigeants ont ensuite retrouvé le président ukrainien Volodymyr Zelensky au palais présidentiel, au centre de Kyiv, avant une conférence de presse commune dans l’après-midi. 

La capitale ukrainienne a repris vie depuis le retrait russe de la région, mais est encore occasionnellement frappée par des tirs russes. Les sirènes d’alerte y retentissent fréquemment, comme cela a été le cas peu après l’arrivée des dirigeants européens jeudi.

La question d’une adhésion de l’Ukraine à l’UE devait être au cœur des discussions. M. Zelensky martèle que son pays, en défendant «les valeurs» de l’Europe face à l’agression russe, a gagné le droit de rejoindre le bloc européen, que l’UE refusait d’envisager avant le début de l’invasion russe.

Les Vingt-Sept doivent décider, lors d’un sommet les 23-24 juin, s’ils accordent à l’Ukraine le statut officiel de candidat à une adhésion, début d’un processus de négociations qui peut durer des années. 

La Commission européenne doit faire connaître sa recommandation vendredi.

Mercredi, depuis la Roumanie, le président français avait souligné la nécessité d’envoyer des «signaux politiques clairs» aux Ukrainiens dans une «situation géopolitique inédite».

Parmi les 27, les pays d’Europe de l’Est appuient cette candidature, mais d’autres comme le Danemark ou les Pays-Bas ont exprimé des réserves. Toute décision nécessite l’unanimité.

L’Ukraine pourrait obtenir un statut de candidat sous conditions ou assorti d’une date pour l’ouverture des négociations, selon certains experts.

La France se dit «ouverte» à cette candidature, mais propose la création d’une Communauté politique européenne qui permettrait d’ancrer plus vite l’Ukraine à l’Europe, en l’associant à des projets concrets de défense, d’énergie ou d’infrastructures, sans attendre une adhésion. 

Une proposition mal accueillie à Kyiv, qui redoute qu’elle renvoie une adhésion à l’UE aux calendes grecques.

En attendant de connaître la décision de l’UE, le chancelier Scholz a confirmé que M. Zelensky avait «accepté (son) invitation» à participer au prochain sommet du G7, du 26 au 28 juin, en Bavière, puis au sommet de l’OTAN qui se déroulera dans la foulée à Madrid.

 

«Moment-charnière»

Le président ukrainien devait également réitérer aux dirigeants européens sa demande d’accélération de livraisons d’armes lourdes.

«L’Ukraine doit obtenir tout ce qui est nécessaire pour remporter la victoire», avait-il insisté mercredi devant les députés tchèques.

La visite intervient alors que les forces ukrainiennes sont en difficulté dans le Donbass, région de l’est de l’Ukraine partiellement contrôlée par des séparatistes prorusses depuis 2014 et que Moscou s’est fixé pour objectif de contrôler en totalité. 

Les États-Unis ont annoncé mercredi une nouvelle tranche d’aide militaire à l’Ukraine d’un milliard de dollars, qui comprend notamment des pièces d’artillerie et des obus supplémentaires. 

«Je veux dire ma gratitude pour ce soutien, il est particulièrement important pour notre défense dans le Donbass», a réagi M. Zelensky dans son message vidéo quotidien.

Le secrétaire américain à la Défense Lloyd Austin a appelé mercredi ses alliés à «intensifier» les livraisons d’armes aux Ukrainiens.

«L’Ukraine est confrontée à un moment charnière sur le champ de bataille», a-t-il déclaré lors d’une réunion à Bruxelles des pays du «groupe de contact» créé par les États-Unis pour aider militairement l’Ukraine. «Nous devons donc intensifier notre engagement commun» et «redoubler d’efforts pour qu’elle puisse se défendre», a-t-il ajouté.

Les combats se concentrent depuis plusieurs semaines sur Severodonetsk et Lyssytchansk, deux villes voisines clés pour le contrôle du Donbass, soumises à des bombardements constants et dont la quasi-totalité des infrastructures — électricité, eau, communications — ne fonctionne plus.

«C’est de plus en plus difficile tous les jours, les Russes amènent de plus en plus d’armes dans la ville et essaient d’attaquer depuis plusieurs directions», a déclaré jeudi Oleksandr Striouk, maire de Severodonetsk. 

«La situation à Severodonetsk est compliquée», a reconnu le chef des forces ukrainiennes, Oleksiy Gromov.

Les forces ukrainiennes sont notamment retranchées dans la grande usine chimique Azot, emblématique de cette ville qui comptait avant la guerre quelque 100 000 habitants. Plus de 500 civils seraient réfugiés à l’intérieur, selon le maire de Severodonetsk. 

Moscou a proposé mardi un «couloir humanitaire» qui permettrait d’évacuer ces civils vers des territoires contrôlés par les Russes, avant d’accuser Kyiv mercredi d’avoir «fait échouer» l’opération.

Au total, quelque 10 000 civils sont encore présents à Severodonetsk, a indiqué jeudi Serguiï Gaïdaï, le gouverneur de la région de Lougansk.

«L’armée russe perd des centaines de combattants, mais trouve des réserves et continue de détruire Severodonetsk», a-t-il affirmé. Mais «nos militaires tiennent la défense». 

 

À la page suivante, le point sur le terrain à 6h36.

6h36 | Paris — Washington a annoncé une nouvelle aide militaire d’un milliard de dollars américains à l’Ukraine, un soutien que Kyiv juge «particulièrement important» pour la défense du Donbass (est), où les forces continuent de grignoter du terrain.

Voici un point de la situation mercredi au 113e jour de la guerre à partir d’informations des journalistes de l’AFP sur place, de déclarations officielles ukrainiennes et russes, de sources occidentales, d’analystes et d’organisations internationales.

 

L’est

Environ 10 000 civils sont encore présents à Severodonetsk, ville-clé du Donbass dont les Russes tentent de s’emparer depuis des semaines, a indiqué jeudi Serguiï Gaïdaï, le gouverneur de la région de Lougansk.

Selon lui, «l’armée russe perd des centaines de combattants, mais trouve des réserves et continue de détruire Severodonetsk». Mais «nos militaires tiennent la défense».

La Russie a accusé Kyiv mercredi d’avoir empêché l’évacuation par un «couloir humanitaire» des civils se trouvant dans une usine de Severodonetsk.

«Tous les ponts traversant le fleuve Siverskyy Donets, qui relient la ville de Severodonetsk au territoire contrôlé par les Ukrainiens, ont vraisemblablement été détruits», estime de son côté le ministère britannique de la Défense.

 

Macron, Scholz et Draghi

Les dirigeants français Emmanuel Macron, allemand Olaf Scholz et italien Mario Draghi sont arrivés jeudi à Kyiv, une première pour eux depuis le début de la guerre, alors que l’Union européenne doit décider la semaine prochaine si elle accorde à l’Ukraine le statut officiel de candidat à l’intégration.

Arrivé en gare de Kyiv après près de dix heures de train depuis le sud-est de la Pologne, le président français, qui assume jusqu’au 30 juin la présidence tournante de l’Union européenne, a déclaré qu’ils étaient venus adresser «un message d’unité européenne» et de «soutien» à Kyiv «pour le présent et pour l’avenir».

Les trois responsables se sont rendus à Irpin, dans la banlieue de Kyiv, devenue symbole des destructions et atrocités commises pendant l’occupation de la région par l’armée russe en mars, a constaté l’AFP.

Des enquêtes internationales sont en cours pour déterminer les coupables sur ces crimes de guerre dont les Ukrainiens accusent les forces russes et que Moscou dément. 

 

Armes

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a dit mercredi sa «gratitude» à l’égard des Américains pour la nouvelle tranche d’aide militaire d’un milliard de dollars annoncée par son homologue américain Joe Biden. Elle comprend notamment des pièces d’artillerie, des obus et des missiles antinavires.

Le président ukrainien devait réitérer jeudi sa demande d’accélération de livraisons d’armes lourdes auprès des Européens. Kyiv s’impatiente notamment à l’égard de l’Allemagne qui tarde à livrer une multitude d’armes promises.

«Le problème est juste que les livraisons de la part de l’Allemagne ne sont pas au niveau où elles pourraient être», a tancé le président Zelensky dans l’hebdomadaire allemand Die Zeit.

Jeudi, la Slovaquie a de son côté annoncé avoir fait don à l’Ukraine d’un hélicoptère Mi-2, de quatre hélicoptères Mi-17 et de milliers de roquettes Grad.

 

Américains disparus

Deux Américains partis se battre comme volontaires auprès des forces ukrainiennes sont portés disparus depuis plusieurs jours et pourraient avoir été capturés par la Russie, ont déclaré mercredi des élus et leurs familles.

Un porte-parole de la Maison-Blanche, John Kirby, a de son côté appelé les Américains à ne pas se rendre en Ukraine pour y combattre. «C’est une zone de guerre, il y a des combats. Si vous voulez soutenir l’Ukraine, vous pouvez le faire de beaucoup d’autres manières», a-t-il recommandé.

 

Dizaines de milliers de morts

Il n’existe aucun bilan global des victimes civiles du conflit. Pour la seule ville de Marioupol (sud-est), tombée en mai au terme d’un terrible siège, les autorités ukrainiennes avaient évoqué quelque 20 000 morts.

Sur le plan militaire, des sources de sécurité occidentales parlent désormais de 15 000 à 20 000 soldats russes tués. Les forces ukrainiennes perdent chaque jour une centaine de soldats, selon Kyiv.

Aucune statistique indépendante n’est disponible.

Un tiers des Ukrainiens déplacés ou réfugiés

Plus de sept millions d’Ukrainiens sont déplacés à l’intérieur de leur pays, selon l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) et le Haut Commissariat aux réfugiés de l’ONU (HCR). S’y ajoutent 7,4 millions qui ont fui à l’étranger, dont plus de la moitié en Pologne.

Avant l’invasion russe, l’Ukraine comptait 37 millions d’habitants dans les régions contrôlées par Kyiv.