Moody’s déclare le Bélarus en défaut de paiement
AFP et La Presse Canadienne|Publié le 15 juillet 2022Moody’s a déclaré le pays en défaut de paiement pour avoir échoué à effectuer un remboursement obligataire en dollars à temps. (Photo: 123RF)
Ce texte regroupe toutes les dernières réactions au niveau international à propos de l’invasion de la Russie en Ukraine pour la journée du 15 juillet. Pour retrouver toute notre couverture sur le conflit, c’est ici. NDLR. Certains contenus sont explicites et peuvent être difficiles à lire.
12h40 | Moscou — Le Bélarus, ciblé par des sanctions internationales en tant qu’allié de la Russie, a vertement critiqué vendredi le fait que l’agence de notation Moody’s ait déclaré le pays en défaut de paiement pour avoir échoué à effectuer un remboursement obligataire en dollars à temps.
«Les actions de Moody’s sont provocatrices et visent à créer artificiellement des chocs et des troubles autour des euro-obligations de la République du Bélarus», a réagi dans un communiqué le ministère des Finances bélarusse.
Moody’s a indiqué jeudi que le Bélarus n’avait pas effectué le remboursement d’une tranche de 22,9 millions de dollars US (M$US) d’une obligation de 600 M$US arrivant à maturité en 2027 avant la fin d’une période de grâce qui courait jusqu’au 13 juillet.
Le Bélarus avait assuré qu’il rembourserait dans sa devise nationale, le rouble bélarusse, ce que Moody’s considère comme un défaut.
«La décision de l’agence (Moody’s) a été prise sans qu’une seule question de clarification n’ait été adressée au ministère des Finances. À notre avis, il y a un parti pris dans les évaluations», a ajouté le ministère.
Le Bélarus assure avoir transféré le montant en roubles bélarusses sur un compte spécial et a accusé Citigroup et Citibank d’avoir refusé de transférer cet argent aux créanciers.
«La partie biélorusse fait et fera tous les efforts et prendra toutes les mesures» pour rembourser ses créanciers «via un moyen alternatif», a ajouté le ministère bélarusse.
La Russie a lancé une offensive militaire en Ukraine le 24 février avec le soutien politique et logistique du Bélarus. À ce titre, les deux pays ont été ciblés par une pluie de sanctions occidentales les coupant de facto des marchés financiers internationaux.
Par conséquent, ces deux pays ont été déclarés en défaut de paiement pour avoir raté des échéances de remboursement en dollars. La Russie a elle aussi défendu le remboursement de ses dettes en roubles, accusant l’occident de vouloir orchestrer un défaut artificiel.
9h15 | Prague — L’Union européenne va viser les exportations d’or russe dans son prochain train de sanctions, comme l’avaient décidé les pays du G7 fin juin, a annoncé vendredi à l’AFP le commissaire européen Maros Sefcovic lors d’une réunion des ministres des Affaires européennes à Prague.
Elle va aussi chercher «à fermer les échappatoires» pour ceux qui contournent les précédents trains de sanctions des Européens contre la Russie, a précisé le commissaire.
«Dès que nous parviendrons à un accord au niveau des États membres, nous publierons» ces sanctions, ce qui permettra leur mise en œuvre, a-t-il précisé.
L’arrêt des achats d’or à la Russie fait partie des mesures que la Commission va soumettre aux États membres vendredi, a confirmé un haut fonctionnaire de l’UE.
«Ce n’est pas une mesure symbolique, car la Russie est un gros exportateur d’or. Cela permettra de couper un autre robinet de financement de la guerre de Poutine en Ukraine», a-t-il précisé.
Le plus gros acheteur d’or russe est le Royaume-Uni, avec 290 tonnes en 2020 pour un montant de 16,9 milliards de dollars américains, selon les indications des douanes russes. Le Royaume-Uni a quitté l’UE, mais est membre du G7.
«Ces nouvelles mesures ne sont pas un 7e train de sanctions, mais un complément» des 6 précédents trains adoptés par l’UE, a précisé le haut fonctionnaire. «Il s’agit de combler les failles», a souligné un diplomate européen.
Elles seront discutées lundi par les ministres des Affaires étrangères de l’UE, mais aucune décision n’est attendue lors de cette réunion, car la proposition doit encore être étudiée par les États membres, a-t-il indiqué.
Les ministres doivent en revanche donner un «accord politique» au déblocage d’une 5e tranche de 500 millions d’euros de la Facilité Européenne pour la Paix pour financer les achats d’armements fournis à l’Ukraine, a-t-il annoncé. L’unanimité est requise pour le décaissement des fonds et plusieurs parlements nationaux doivent encore l’approuver, a-t-il expliqué. L’UE aura ainsi débloqué depuis le début du conflit 2,5 milliards d’euros sur les 5,7 G$US de la dotation de cette facilité.
Les États-Unis ont déjà mis en œuvre fin juin l’embargo sur l’or nouvellement extrait en Russie, peu après le sommet des pays du G7 en Allemagne qui s’étaient mis d’accord sur cette nouvelle mesure, afin de tarir le financement de l’effort de guerre russe.
L’or est «une source d’exportation majeure, ce qui privera la Russie de milliards de dollars», avait déclaré le président américain Joe Biden lors de ce sommet.
Les six trains de sanctions déjà adoptés par les Européens depuis le début de l’offensive russe fin février visent les secteurs économiques, notamment avec des embargos sur le charbon et l’essentiel du pétrole, ainsi que plus d’un millier de responsables et d’oligarques russes, frappés d’un gel des avoirs dans l’UE.
Ukraine: un opérateur prêt à accélérer l’exportation de céréales
8h33 | Berlin — L’opérateur ferroviaire allemand Deutsche Bahn s’est dit prêt vendredi à «considérablement» accélérer les exportations de céréales ukrainiennes par son réseau ferroviaire, alors que des millions de tonnes de blés sont encore bloqués dans les ports ukrainiens en raison de la guerre.
«Nous pouvons augmenter considérablement la capacité du système dans les semaines à venir, afin de parvenir à extraire le maximum (de céréales) d’Ukraine», a déclaré vendredi à la télévision ZDF Sigrid Nikutta, la directrice de DB Cargo, la division frette de l’entreprise.
Quelque 20 millions de tonnes de céréales sont bloquées dans des silos ukrainiens, en particulier à Odessa (sud), ne pouvant pas être exportées par la mer en raison de la guerre.
L’alternative du rail ne permet pour l’instant que de transporter des volumes limités: «On parvient désormais à faire sortir une à deux millions de tonnes d’Ukraine par voie terrestre chaque mois», selon Mme Nikutta, citant des chiffres du gouvernement ukrainien.
La Deutsche Bahn, en coopération avec ses homologues européens, a organisé un pont ferroviaire permettant de transporter les céréales.
Les marchandises sont ensuite envoyées vers des ports du nord de l’Europe, en «Pologne, aux Pays-Bas et en Allemagne», pour être exportées par la mer, selon Mme Nikutta.
Depuis mars, la Deutsche Bahn transporte également des biens de première nécessité et des médicaments notamment vers l’Ukraine.
L’entreprise fait encore toutefois face à certaines difficultés, comme le «manque de wagons» et de «possibilités de transbordement» à la frontière, a indiqué Mme Nikutta.
Le groupe doit également composer avec «un système ferroviaire différent», notamment en termes de largeur des voies entre l’Ukraine et les autres pays.
Les exportations de céréales, dont l’Ukraine est un des principaux producteurs mondiaux, ont été au cœur de discussions cette semaine à Istanbul, entre les gouvernements russe, ukrainien et turc.
Des «progrès réellement substantiels» ont été réalisés, a indiqué jeudi le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, qui a dit espérer qu’un «accord formel» pourrait être prochainement conclu.
Un «document final» devrait être prêt sous peu pour organiser la reprise du transport maritime, a confirmé le gouvernement russe vendredi.
Renvoi de turbines: réunion d’un comité sur la décision d’Ottawa
6h30 | Ottawa — Le Comité permanent des affaires étrangères et du développement international de la Chambre des communes tiendra vendredi une réunion spéciale pour discuter de la décision controversée du gouvernement du Canada de renvoyer en Allemagne des pièces réparées d’un gazoduc russe.
Le gouvernement libéral a décidé d’exempter six turbines de la compagnie Siemens Energy, qui ont été réparées à Montréal, des sanctions économiques qu’il a imposées à la Russie à la suite de son invasion de l’Ukraine.
La société énergétique publique russe Gazprom a réduit de 60% le mois dernier les livraisons de gaz de son gazoduc Nord Stream 1, qui relie le nord-est de l’Allemagne, en invoquant des problèmes techniques liés aux turbines.
Le premier ministre Justin Trudeau a déclaré que la décision de livrer les turbines avait été prise afin que le Canada puisse soutenir ses alliés européens qui font face à des crises énergétiques alors que la Russie restreint l’accès à son approvisionnement en pétrole et en gaz.
Le gaz russe représentait récemment environ 35% de l’approvisionnement total de l’Allemagne.
Des députés du Parti conservateur (PCC) et du Nouveau Parti démocratique (NPD) ont alors initié la réunion de vendredi du Comité permanent des affaires étrangères et du développement international pour discuter de la question.
Pour sa part, le gouvernement ukrainien affirme que la décision du Canada crée un dangereux précédent à un moment où la communauté internationale doit faire preuve de détermination et de fermeté face aux menaces russes et à son invasion de l’Ukraine. D’ailleurs, le Congrès mondial ukrainien a déposé mardi en Cour fédérale un avis de requête pour un examen de la décision d’Ottawa, faisant valoir que la demande de Gazprom pour ses turbines constitue un stratagème malhonnête.