Logo - Les Affaires
Logo - Les Affaires

Moscou confirme avoir frappé Kyiv en pleine visite de Guterres

AFP|Publié le 29 avril 2022

Moscou confirme avoir frappé Kyiv en pleine visite de Guterres

«Cela en dit long sur la véritable attitude de la Russie envers les institutions internationales, sur les efforts des dirigeants russes pour humilier l'ONU et tout ce que l'organisation représente», avait commenté la veille le président ukrainien Volodymyr Zelensky. (Photo: Getty Images)

Ce texte regroupe tous les derniers développements à propos de l’invasion de la Russie en Ukraine pour la journée du 29 avril. Pour retrouver toute notre couverture sur le conflit, c’est ici. NDLR. Certains contenus sont explicites et peuvent être difficiles à lire.

11h23 | Kyiv — La Russie a confirmé vendredi avoir bombardé Kyiv la veille, en pleine visite du secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres, tandis qu’une opération d’évacuation des civils terrés dans l’usine Azovstal de Marioupol est envisagée.

«Les forces russes ont détruit, avec des armes de haute précision de longue portée, les ateliers de l’entreprise spatiale Artiom» dans la capitale ukrainienne, ainsi que, dans d’autres frappes, «trois centrales électriques situées près de nœuds ferroviaires», notamment à Fastov dans la région de Kyiv, a déclaré devant la presse le ministère russe de la Défense.

Ce premier bombardement de la capitale depuis la mi-avril a fait au moins un mort, Vira Ghyrytch, une journaliste ukrainienne de Radio Liberty, un média financé par les États-Unis, dont le corps a été retrouvé vendredi dans les décombres de son immeuble. Quatre autres personnes ont été blessées, selon le maire de la ville, Vitaly Klitschko.

L’attaque s’est produite au moment où le chef des Nations unies, qui effectuait mercredi et jeudi son premier déplacement en Ukraine depuis le début de l’invasion russe le 24 février, se trouvait à Kyiv.

M. Guterres est «choqué», mais «en sécurité», avait peu après souligné un porte-parole de l’ONU.

L’Allemagne et la France ont vivement condamné vendredi ces frappes.

«Cela révèle une fois de plus aux yeux de la communauté internationale que (Vladimir) Poutine et son régime n’ont aucun respect pour le droit international», a réagi le gouvernement allemand.

Le ministre français des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian a pour sa part exprimé sa «pleine solidarité» au peuple ukrainien ainsi qu’à M. Guterres. 

 

Des enquêteurs britanniques

«Cela en dit long sur la véritable attitude de la Russie envers les institutions internationales, sur les efforts des dirigeants russes pour humilier l’ONU et tout ce que l’organisation représente», avait commenté la veille le chef de l’État ukrainien Volodymyr Zelensky.

C’est dans ce contexte que les Pays-Bas ont rouvert vendredi leur ambassade dans la capitale ukrainienne après plus de deux mois de fermeture.

Concernant Marioupol, une cité portuaire du sud-est dévastée par les combats et désormais contrôlée par les forces russes, la présidence ukrainienne a annoncé vendredi qu’«une opération destinée à sortir les civils» — présents aux côtés de militaires — de l’immense aciérie d’Azovstal, où des centaines d’Ukrainiens, dont des dizaines d’enfants, sont retranchés, était «envisagée pour aujourd’hui».

Jeudi, la coordinatrice des Nations unies en Ukraine, Osnat Lubrani, avait dit partir dans le sud préparer une tentative d’évacuation de cette ville, M. Guterres assurant que l’ONU faisait «tout son possible» pour en extraire les civils pris dans «l’apocalypse».

Celui-ci était allé jeudi à Boutcha et dans d’autres lieux proches de Kyiv, théâtres d’exactions imputées par l’Ukraine aux forces russes, et avait exhorté Moscou à «coopérer» avec l’enquête de la Cour pénale internationale sur de possibles crimes de guerre.

Il s’était entretenu avec M. Zelensky, regrettant que le Conseil de sécurité n’ait pas réussi à empêcher et arrêter la guerre déclenchée par le Kremlin.

Quelques heures auparavant, Joe Biden avait demandé une rallonge budgétaire de 33 milliards de dollars au Congrès, principalement pour accroître l’aide militaire aux Ukrainiens. Les États-Unis «n’attaquent pas» la Russie, mais «aident l’Ukraine à se défendre», avait assuré le président américain.

Parallèlement, les services de la procureure générale d’Ukraine Iryna Venediktova avaient révélé que dix soldats russes avaient été mis en examen pour des crimes de guerre présumés à Boutcha.

C’est la première mesure de ce type prise depuis que les corps de 20 personnes portant des vêtements civils ont été découverts le 2 avril par l’AFP gisant dans une rue de cette localité, suscitant condamnation et émoi à travers le monde. 

 

Une «localité stratégique» reprise

Les Ukrainiens ont accusé les Russes, mais Moscou a démenti toute responsabilité et parlé de cadavres «mis en scène» par Kyiv.

«Plus de 8 000 cas» présumés de crimes de guerre ont au total été identifiés en Ukraine, a affirmé la procureure.

Des enquêteurs vont à cet égard être envoyés par le Royaume-Uni pour aider leurs confrères ukrainiens, a déclaré vendredi la ministre britannique des Affaires étrangères, Liz Truss.

Sur le terrain des opérations militaires, alors que «l’ennemi intensifie son offensive», avec une activité particulièrement intense dans les régions de Kharkiv (nord-est) et du Donbass (est), l’armée ukrainienne a assuré vendredi avoir repris «une localité d’importance stratégique», Rouska Lozova, sur l’autoroute reliant Kharkiv à Belgorod, en Russie.

«C’est à partir de ce village que l’ennemi a effectué des tirs ciblés sur les infrastructures civiles et les quartiers d’habitation de Kharkiv», a expliqué le commandement des forces terrestres.

Les Ukrainiens ont en outre dit avoir «reçu de (leurs) partenaires étrangers un complexe de (lance-missiles) S-300 qui a considérablement renforcé la défense antiaérienne dans la région sud».

Il faut dire qu’à Zaporijjia, par exemple, la vie suivait paisiblement son cours quand une roquette s’est abattue jeudi, soufflant plusieurs maisons, la première frappe sur des habitations dans cette grande ville méridionale.

Côté russe, le gouverneur de la région de Koursk, frontalière de l’Ukraine, Roman Starovoït, a fait état vendredi sur Telegram d’une nouvelle attaque au mortier en provenance du territoire ukrainien, sur un poste de contrôle du village de Kroupets.

 

Mieux protéger les réfugiés

Le chef de l’État indonésien Joko Widodo a pour sa part invité les présidents Volodymyr Zelensky et Vladimir Poutine au sommet du G20 prévu pour novembre dans son pays.

La Norvège va quant à elle emboîter le pas à l’Union européenne, dont elle n’est pas membre, en fermant à son tour ses ports aux bateaux russes, à l’exception des chalutiers, tandis qu’un premier navire chargé de maïs en provenance d’Ukraine a quitté vendredi le port roumain de Constanta, sur la mer Noire, marquant la reprise des exportations de céréales par ce pays.

Plus de 5,4 millions d’Ukrainiens ont quitté leur pays depuis le début de l’invasion russe, dont 57 000 ces dernières 24 heures, ont noté les Nations unies.

Mais, la Pologne, où 3 033 000 personnes fuyant le conflit en Ukraine sont entrées d’après les gardes-frontières, doit renforcer «de façon urgente» les mesures de prévention et de surveillance pour les protéger, en particulier les femmes, victimes de trafics, de violences et de viols, a mis en garde vendredi l’ONG Human Rights Watch.

Par ailleurs, environ 8 000 soldats britanniques participeront cet été à des manœuvres en Europe de l’Est aux côtés de militaires de l’OTAN, pour une «démonstration de solidarité et de force». Des dizaines de chars et 120 autres véhicules de combat blindés seront déployés de la Finlande à la Macédoine du Nord dans le cadre de ces exercices prévus de longue date et renforcés depuis l’offensive russe.

Un ancien Marine américain âgé de 22 ans a été tué en Ukraine où il était parti mi-mars combattre les forces russes, ont dit des membres de sa famille, le Pentagone enjoignant vendredi aux Américains de «ne pas se rendre» dans ce pays.

Une organisation à but non lucratif ayant son siège au Royaume-Uni, Presidium Network, a de son côté signalé que deux volontaires humanitaires britanniques avaient été capturés lundi à un point de contrôle par les soldats russes.