Moscou n’entrevoit aucune paix négociée avec l’Ukraine
La Presse Canadienne|Publié le 20 septembre 2022La rapidité de la contre-offensive ukrainienne a également vu les forces russes abandonner des véhicules blindés et d’autres armes alors qu’elles battaient en retraite hâtivement. (Photo: La Presse Canadienne)
Ce texte regroupe tous les derniers développements depuis l’invasion de la Russie en Ukraine pour la journée du 16 septembre 2022. Il sera mis à jour au courant de la journée. Pour retrouver toute notre couverture sur le conflit, c’est ici. NDLR: Certains contenus peuvent être difficiles à lire.
Kyiv — Le Kremlin a prévenu mardi qu’il n’y avait aucune perspective de fin négociée de la guerre en Ukraine et a donné sa bénédiction aux efforts visant à placer rapidement les régions déjà capturées sous le contrôle total de la Russie. Une telle décision pourrait préparer le terrain pour que Moscou intensifie le conflit si les forces ukrainiennes tentent de reprendre les régions.
Un proche allié du président russe Vladimir Poutine, l’ancien président Dimitri Medvedev, a déclaré que l’intégration des régions séparatistes de Lougansk et de Donetsk dans l’est de l’Ukraine à la Russie elle-même rendrait leurs frontières redessinées «irréversibles» et permettrait à Moscou d’utiliser «tous les moyens» pour les défendre.
La pression au sein de la Russie et des dirigeants soutenus par Moscou à Louhansk et à Donetsk pour des votes régionaux qui ouvriraient la voie à une Russie complète a augmenté à la suite d’une contre-offensive ukrainienne ― renforcée par des armes fournies par l’Occident ― qui récupère de vastes zones occupées par la Russie.
Les dirigeants soutenus par Moscou dans la région de Kherson, dans le sud de l’Ukraine, occupée par la Russie, et les militants prorusses de la région de Zaporijjia, partiellement occupée, se sont joints mardi aux appels des autorités séparatistes de Lougansk et de Donetsk pour des référendums rapides sur l’adhésion à la Russie.
De tels votes iraient presque certainement dans le sens de Moscou. La succession d’appels et le soutien de M. Medvedev à leur égard ont suggéré un renforcement de la détermination du Kremlin à bloquer de nouveaux gains territoriaux de l’Ukraine.
Le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a indiqué mardi qu’il n’y avait aucune perspective de règlement diplomatique. M. Medvedev, le chef adjoint du Conseil de sécurité russe présidé par M. Poutine, a déclaré sur sa chaîne de messagerie que les votes dans les régions séparatistes sont importants pour protéger leurs habitants et «rétablir la justice historique» et qu’ils «changeraient complètement» la trajectoire future de la Russie.
«Après l’intégration des nouveaux territoires dans le giron de la Russie, une transformation géopolitique du monde deviendra irréversible», a estimé M. Medvedev, qui a également été président de la Russie de 2008 à 2012.
«Un empiétement sur le territoire de la Russie est un crime qui justifierait tout moyen de légitime défense», a-t-il prévenu, ajoutant que la Russie consacrerait les nouveaux territoires dans sa constitution afin qu’aucun futur dirigeant russe ne puisse les rendre.
«C’est pourquoi ils craignent tant ces référendums à Kyiv et en Occident, a déclaré M. Medvedev. C’est pourquoi ils doivent être tenus.»
La reconquête de vastes zones du territoire précédemment occupé par la Russie, notamment dans la région du nord-est de Kharkiv, a renforcé les arguments de l’Ukraine selon lesquels ses troupes pourraient infliger des défaites plus cuisantes à la Russie avec des livraisons d’armement supplémentaires.
D’autres armes lourdes sont en route, la Slovénie a promis cette semaine 28 chars et l’Allemagne quatre obusiers automoteurs de plus. Une aide supplémentaire est également attendue de la part du Royaume-Uni, déjà l’un des plus grands fournisseurs militaires de l’Ukraine après les États-Unis. La première ministre britannique Liz Truss devrait promettre qu’en 2023, son gouvernement «égalera ou dépassera» les 2,3 milliards de livres (2,7 milliards $ US) d’aide militaire accordée à l’Ukraine cette année.
La rapidité de la contre-offensive ukrainienne a également vu les forces russes abandonner des véhicules blindés et d’autres armes alors qu’elles battaient en retraite hâtivement. Les forces ukrainiennes recyclent les armes capturées dans la bataille. Un groupe de réflexion basé à Washington, l’Institut pour l’étude de la guerre, a indiqué mardi que des chars russes T-72 abandonnés sont utilisés par les forces ukrainiennes qui cherchent à avancer dans Louhansk, occupée par la Russie.
Dans le sillage de la contre-offensive, les responsables ukrainiens ont trouvé des centaines de tombes près de la ville d’Izium autrefois occupée. Yevhenii Yenin, le vice-ministre ukrainien des Affaires intérieures, a déclaré lors d’une émission télévisée nationale que des responsables avaient trouvé de nombreux corps «portant des signes de mort violente».
«Ce sont des côtes cassées et des têtes cassées, des hommes aux mains liées, aux mâchoires cassées et aux organes génitaux coupés», a-t-il détaillé.
Des responsables ukrainiens ont également allégué que les forces russes avaient torturé des personnes dans les zones occupées, notamment en les électrocutant avec des radiotéléphones datant de l’ère soviétique. La Russie a nié à plusieurs reprises avoir abusé ou tué des prisonniers, bien que des responsables ukrainiens aient trouvé des fosses communes autour de la ville de Boucha après avoir émoussé une offensive russe visant la capitale, Kyiv, au début de la guerre.
Pendant ce temps, une poussée ukrainienne se poursuit dans le sud du pays. Le commandement militaire du sud de l’Ukraine a déclaré mardi matin que ses troupes avaient coulé une barge russe transportant des troupes et des armes sur le fleuve Dnipro près de la ville occupée par la Russie de Nova Kakhovka. Il n’a fourni aucun autre détail sur le naufrage de la barge dans la région de Kherson occupée par la Russie, qui a été une cible majeure de la contre-offensive ukrainienne.
Dans d’autres développements
— Moscou a probablement déplacé ses sous-marins de la classe Kilo de leur station de la péninsule de Crimée vers le sud de la Russie, craignant qu’ils ne soient touchés par des tirs ukrainiens à longue portée, a annoncé mardi l’armée britannique. Dans un breffage quotidien du renseignement, le ministère britannique de la Défense a déclaré que ces sous-marins avaient «presque certainement» été déplacés vers Krasnodar Krai en Russie continentale, au lieu d’une base navale à Sébastopol sur la péninsule de Crimée.
— Les restaurants McDonald’s de Kyiv devaient rouvrir mardi pour la première fois depuis l’invasion de la Russie en février. Trois restaurants prévoyaient n’offrir qu’un service de livraison qu’au début, marquant une sorte de retour vers la vie que les Ukrainiens connaissaient avant la guerre, qui entrera dans son septième mois plus tard cette semaine.