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Moscou vise le contrôle du Donbass et du sud de l’Ukraine

AFP|Publié le 22 avril 2022

Moscou vise le contrôle du Donbass et du sud de l’Ukraine

La Russie vise le contrôle total du sud de l'Ukraine et de la région orientale du Donbass pour disposer d'un pont terrestre vers la Crimée. (Photo: Getty Images)

Ce texte regroupe tous les derniers développements à propos de l’invasion de la Russie en Ukraine pour la journée du 22 avril. Pour retrouver toute notre couverture sur le conflit, c’est ici. NDLR. Certains contenus sont explicites et peuvent être difficiles à lire.     

9h39 | Zaporijjia — Moscou a annoncé vendredi viser le contrôle total du sud de l’Ukraine et de la région du Donbass près de deux mois après le début de l’invasion de ce pays par l’armée russe, accusée par l’ONU d’actions «pouvant relever de crimes de guerre».

«L’un des objectifs de l’armée russe est d’établir un contrôle total sur le Donbass et le sud de l’Ukraine», a déclaré un haut responsable militaire russe parlant d’une «deuxième phase de l’opération spéciale» visant, entre autres, à «assurer un couloir terrestre vers la Crimée».

Moscou avait revu ses plans à la baisse et retiré fin mars ses troupes de la région de Kyiv et du nord.

L’Ukraine, qui a obtenu ces derniers jours une aide en armements plus substantielle des Occidentaux, continue d’assurer qu’elle peut repousser les soldats russes hors de son sol.

«Ils ne peuvent que retarder l’inévitable — le moment où les envahisseurs devront quitter notre territoire, en particulier Marioupol», a dit jeudi soir le président ukrainien Volodymyr Zelensky.

«Le succès de l’offensive russe dans le sud dépend du sort de Marioupol», a pour sa part déclaré vendredi à l’AFP le gouverneur régional, Pavlo Kyrylenko.

 

«Procession pascale vers Marioupol?»

Ce port stratégique, que Moscou a assuré jeudi avoir «libéré», résiste encore aux forces russes, selon Kyiv, qui affirme vendredi que les combattants ukrainiens «tiennent bon» dans l’immense complexe métallurgique Azovstal où sont également retranchés des civils.

Des civils qui ne pourront pas espérer vendredi emprunter un couloir d’évacuation pour trouver calme et sécurité, le gouvernement ukrainien jugeant la situation trop «dangereuse» sur les routes.

«Je m’adresse à tous ceux qui attendent d’être évacués: patientez, s’il vous plaît, tenez bon!», a lancé à leur adresse la vice-première ministre ukrainienne Iryna Verechtchouk sur Telegram.

Le président du Conseil européen, Charles Michel, qui représente les États membres de l’UE, a demandé vendredi à Vladimir Poutine, au cours d’un entretien téléphonique, de garantir la mise en place de couloirs humanitaires à Marioupol à l’occasion de la Pâque orthodoxe, célébrée dimanche.

Résumant cet échange téléphonique, le Kremlin a déclaré que le président russe avait affirmé que Kyiv refusait la reddition des derniers soldats ukrainiens présents dans la zone industrielle d’Azovstal. 

L’armée russe a dit vendredi être prête à observer «à tout moment» une trêve «sur tout ou une partie» de ce site pour permettre l’évacuation de civils et la reddition de combattants.

L’Église orthodoxe ukrainienne relevant du patriarcat de Moscou a proposé d’organiser une procession pascale vers Marioupol afin d’en évacuer des civils et des militaires blessés.

 

«Exécutions sommaires»

Les autorités ukrainiennes accusent régulièrement les forces russes de cibler des voies utilisées par des personnes fuyant les combats.

«Dans les territoires provisoirement occupés, des unités de l’ennemi continuent de bloquer les mouvements de la population locale», ainsi que «la livraison de chargements d’aide humanitaires à partir de l’Ukraine», assure vendredi le ministère ukrainien de la Défense: «Il y a des cas de civils et de volontaires fusillés».

L’ONU a répertorié vendredi une série d’actions des militaires russes pouvant relever, selon elle, de crimes de guerre.

«Les forces armées russes ont bombardé et pilonné de manière aveugle des zones peuplées, tuant des civils et détruisant des hôpitaux, des écoles et d’autres infrastructures civiles, autant d’actions pouvant relever des crimes de guerre», a jugé une porte-parole du Haut commissariat des droits de l’homme à Genève.

L’ONU a documenté le «meurtre, y compris certains par exécution sommaire» de 50 civils dans la ville de Boutcha en banlieue de Kyiv, a-t-elle ajouté.

L’Ukraine et les pays occidentaux accusent les troupes russes de «massacre» et de «crimes de guerre» après la découverte de dizaines de cadavres dans cette petite ville au nord-ouest de la capitale qui a été reprise le 31 mars par les soldats ukrainiens.  

Des journalistes de l’AFP qui ont pu s’y rendre dès le 2 avril ont vu les corps de vingt hommes habillés en civil éparpillés sur plusieurs centaines de mètres dans une rue de cette localité. L’un était couché sur son vélo, d’autres avaient à côté d’eux des sacs de provisions. Un autre avait les mains liées dans le dos. 

La police britannique a de son côté dit vendredi avoir reçu une cinquantaine de signalements de possibles crimes de guerre dans le cadre d’un appel à témoins lancé pour alimenter l’enquête de la Cour pénale internationale (CPI) et s’attendre à en obtenir plus avec l’arrivée au Royaume-Uni d’un nombre croissant de personnes ayant fui l’Ukraine. 

 

Crainte de «faux référendum»

Jeudi, le président des États-Unis Joe Biden a annoncé une nouvelle aide militaire de 800 millions de dollars à l’Ukraine.

Le Pentagone a précisé que cette nouvelle tranche comprenait 72 obusiers Howitzer et leurs véhicules, 144 000 obus et 121 drones d’attaque Phoenix Ghost.

Jeudi soir, M. Biden a qualifié «les grandes ambitions» de Vladimir Poutine d’«échecs».

«Zelensky et son gouvernement démocratiquement élu sont toujours au pouvoir et les forces armées ukrainiennes accompagnées par les vaillants civils ukrainiens ont déjoué la conquête russe de leur pays», a-t-il écrit.

Cette affirmation n’a pas suffi à dissiper les inquiétudes du président ukrainien, qui a accusé la Russie de chercher à organiser un faux référendum d’indépendance dans les régions de Kherson et de Zaporijjia qu’elle occupe dans le sud de l’Ukraine.

Dans un message vidéo, M. Zelensky a demandé aux habitants des zones sous occupation de ne fournir aucune donnée personnelle, comme leur numéro de passeport, que leur réclameraient les forces russes.

«Ce n’est pas juste pour procéder à un recensement. (…) Ce n’est pas pour vous donner de l’aide humanitaire d’aucune sorte. C’est en fait pour falsifier un soi-disant référendum sur votre terre, si l’ordre d’organiser cette comédie arrive de Moscou», a averti le président ukrainien.

L’Ukraine avait déjà accusé, début mars, la Russie de chercher à mettre en scène à Kherson un «référendum» à l’image de celui qui, en 2014, avait scellé l’annexion de la Crimée par la Russie et qui est considérée comme illégale par Kyiv et par les Occidentaux.

 

À la page suivante, la guerre pourrait se poursuivre jusqu’à la fin 2023.

8h07 | New Delhi — Le premier ministre britannique Boris Johnson a qualifié vendredi de «réaliste» la possibilité que la guerre en Ukraine dure jusqu’à la fin de l’année 2023 en raison de la détermination de la Russie à poursuivre son offensive «épouvantable».

Interrogé lors d’une conférence de presse à New Delhi sur un tel calendrier évoqué par des sources occidentales et le possible scénario d’une victoire russe, le dirigeant conservateur a répondu: «C’est une possibilité réaliste, oui, bien sûr».

Le président russe Vladimir «Poutine a une énorme armée, (…) il a fait une erreur catastrophique et la seule option qu’il a maintenant, c’est de continuer à essayer d’utiliser son approche épouvantable, basée sur l’artillerie, pour essayer d’écraser les Ukrainiens», a-t-il ajouté au terme d’une visite de deux jours en Inde visant à renforcer leur coopération bilatérale. 

Selon Boris Johnson, qui a rendu hommage à la résistance ukrainienne, une négociation «réaliste» visant à mettre fin au conflit «ne semble pas probable pour le moment».

Concernant l’appui militaire à l’Ukraine et ses voisins, Boris Johnson a dit envisager de compenser les chars d’assaut de conception soviétique que la Pologne pourrait fournir à l’Ukraine pour contrer l’invasion russe. 

«Nous envisageons d’envoyer des chars à la Pologne pour l’aider à envoyer certains de leurs T72 en Ukraine», a-t-il déclaré. 

La ministre allemande de la Défense, Christine Lambrecht, avait indiqué jeudi que l’Ukraine allait recevoir «dans les prochains jours» des armes lourdes, dont des chars de combat, de la part de pays est-européens. L’Allemagne s’est engagée à compenser ses matériels alors que plusieurs pays de l’OTAN ont donné leur feu vert à la livraison d’armes lourdes. 

 

Ukraine: le futur de la guerre «dépend du sort de Marioupol»

7h34 | Kyiv — Le futur de la guerre en Ukraine «dépend du sort de Marioupol», port assiégé du sud-est du pays, quasi intégralement sous contrôle russe, a déclaré vendredi à l’AFP le gouverneur régional, Pavlo Kyrylenko.

«Le succès de l’offensive russe dans le sud dépend du sort de Marioupol», a-t-il estimé dans un entretien réalisé en visioconférence, jugeant cette ville «stratégique» pour les Ukrainiens dans leur défense de la région, et pour les Russes dans leur volonté d’assurer un pont terrestre vers la Crimée annexée.

«L’ennemi concentre tous ses efforts sur Marioupol», a ajouté M. Kyrylenko, alors que les derniers combattants ukrainiens sont retranchés dans l’immense complexe métallurgique Azovstal, avec «jusqu’à 300 civils».

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky avait affirmé mercredi qu’il y avait encore quelque «1 000 civils, femmes et enfants» et des «centaines de blessés» dans l’aciérie.

Jeudi, le président russe Vladimir Poutine a de son côté dit vouloir assiéger Azovstal «de manière à ce que pas une mouche ne passe», sans toutefois lancer un assaut jugé trop coûteux en vies.

Selon M. Kyrylenko, gouverneur de la région de Donetsk — dont fait partie Marioupol —, «les bombardements continuent sur Azovstal», dont «les défenseurs sont dans une situation très difficile (…) même s’ils continueront à tenir aussi longtemps que nécessaire».

«Évidemment qu’ils sont très fatigués. Mais ils ont encore quelques munitions», a-t-il précisé.

Sur les couloirs humanitaires, dont plusieurs ont été annulés à la dernière minute, M. Kyrylenko a dit «être prêt à prendre entièrement en charge le processus d’évacuation des civils et l’approvisionnement en biens humanitaires».

«Les principaux problèmes viennent de la réticence de la Russie (…) à ce que les corridors humanitaires fonctionnent», a-t-il fustigé, déplorant «que la partie russe ne respecte jamais les accords» à ce sujet.

Pour lui, l’«objectif» de Moscou, en assiégeant Marioupol, est «de semer la panique dans la population» en «l’utilisant comme bouclier humain» dans les combats.

Aucun couloir d’évacuation de civils ne pourra être organisé vendredi, avait déclaré un peu plus tôt dans la journée la vice-première ministre Iryna Verechtchouk, jugeant la situation trop «dangereuse» sur les routes.

«Les occupants continuent de bombarder. C’est un fait», a-t-il déploré.

 

Le Royaume-Uni va rouvrir «la semaine prochaine» son ambassade à Kyiv

7h14 | New Delhi — Le premier ministre britannique Boris Johnson a annoncé vendredi la réouverture «la semaine prochaine» de l’ambassade du Royaume-Uni à Kyiv, qui avait été délocalisée en raison de l’invasion russe de l’Ukraine.

«Je peux annoncer aujourd’hui que nous allons rouvrir très prochainement, la semaine prochaine, notre ambassade dans la capitale ukrainienne», a déclaré Boris Johnson lors d’une conférence de presse à New Delhi concluant une visite en Inde.

En février, peu avant le déclenchement de l’invasion russe de l’Ukraine, le ministère britannique des Affaires étrangères avait annoncé le déplacement «temporaire» de son ambassade en Ukraine de Kyiv à Lviv (ouest).

L’ambassade de France en Ukraine, qui avait également été transférée à Lviv début mars, est retournée à Kyiv mi-avril. L’Italie a fait de même, tandis que l’Espagne a annoncé le prochain retour de sa représentation diplomatique dans la capitale ukrainienne.

 

L’armée russe vise le «contrôle total du Donbass et du sud de l’Ukraine»

5h06 | Moscou — La Russie vise le contrôle total du sud de l’Ukraine et de la région orientale du Donbass pour disposer d’un pont terrestre vers la Crimée annexée par Moscou, a indiqué vendredi un haut responsable militaire russe.

«Depuis le début de la deuxième phase de l’opération spéciale, phase qui a commencé il y a deux jours, l’un des objectifs de l’armée russe est d’établir un contrôle total sur le Donbass et le sud de l’Ukraine», a déclaré le général Roustam Minnekaïev, commandant adjoint des forces du District militaire du Centre de la Russie.

«Cela permettra d’assurer un couloir terrestre vers la Crimée, ainsi que de peser sur des infrastructures vitales de l’économie ukrainienne, les ports de la Mer Noire à travers lesquelles se font les livraisons de produits agricoles, métallurgiques», a-t-il poursuivi, cité par les agences de presse russes, lors d’une réunion avec des entreprises du complexe militaro-industriel russe à Ekaterinbourg (Oural).

Ces propos semblent confirmer que la Russie vise aussi de conquérir Odessa, le grand port ukrainien et troisième ville du pays. 

Selon M. Minnekaïev, le contrôle du sud de l’Ukraine doit aussi permettre de venir en aide aux séparatistes prorusses de Transdniestrie, qui contrôlent depuis 1992 ce territoire de Moldavie frontalier de l’ouest de l’Ukraine. Une garnison militaire russe s’y trouve déjà.

«Le contrôle du sud de l’Ukraine, c’est également un couloir vers la Transdniestrie, où on observe également des cas d’oppression de la population russophone», a assuré le général Minnekaïev.

La Moldavie est un petit pays roumanophone d’ex-URSS qui est dirigé par un pouvoir pro-occidental. 

Le Kremlin présente son offensive en Ukraine, lancée le 24 février, comme une opération pour protéger les populations russophones. Il affirme ne pas vouloir occuper son voisin, et assure que la mission fixée actuellement vise à «libérer» le Donbass avec ses alliés séparatistes de cette région.

«Nous combattons le monde entier, en ce moment, comme lors de la Grande Guerre patriotique (nom donné à la Deuxième guerre mondiale en Russie, NDLR), toute l’Europe, toute la planète était alors contre nous. C’est la même chose maintenant, ils n’ont jamais aimé la Russie», a affirmé le général Minnekaïev.

Cette annonce intervient en lendemain de la revendication par Vladimir Poutine de la «libération» du port stratégique ukrainien de Marioupol, dans le sud-est de l’Ukraine, au cœur d’une grande bataille depuis quasiment deux mois.

Le président russe a ordonné d’assiéger les derniers défenseurs ukrainiens de la ville, retranchés dans un immense site métallurgique, plutôt que de donner l’assaut.