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Nouvelle frappe israélienne mortelle sur Beyrouth

AFP|Publié le 02 octobre 2024

Nouvelle frappe israélienne mortelle sur Beyrouth

Des chars israéliens et des véhicules blindés de transport de troupes se rassemblent à la frontière israélo-libanaise le 30 septembre 2024. (Photo: Erik Marmor Getty Images)

Beyrouth — Une frappe israélienne sur un centre de secours du Hezbollah en plein cœur de Beyrouth a fait six morts dans la nuit de mercredi à jeudi, après une journée marquée par des combats au sol dans le sud du Liban où huit soldats israéliens ont péri.

Le raid a visé le «centre de protection civile» du mouvement pro-iranien dans le quartier de Bachoura, au cœur de la capitale, a indiqué une source proche du Hezbollah. Le bilan s’établit à six morts et sept blessés, a précisé le ministère de la Santé.

Des journalistes de l’AFP à Beyrouth ont entendu une explosion et rapporté que des immeubles avaient tremblé, avant que des ambulances ne se dirigent vers le lieu visé.

L’armée israélienne a par ailleurs donné dans la nuit un nouvel ordre d’évacuation concernant les secteurs chiites de Haret Hreik, Burj al-Barajneh et Hadath Gharb, dans le sud de la capitale, annonciateur de probables frappes contre le Hezbollah.

Les forces israéliennes, dont les bombardements contre des bastions du Hezbollah au Liban ont fait des centaines de morts depuis une semaine, ont par ailleurs tué mercredi à Damas trois personnes dont le gendre du chef du Hezbollah Hassan Nasrallah, lui-même assassiné par Israël le 27 septembre dans la banlieue de Beyrouth, a indiqué une ONG.

«Hassan Jaafar al-Qasir, gendre de Hassan Nasrallah, fait partie des deux victimes libanaises du raid israélien qui a visé un appartement d’un immeuble résidentiel dans le quartier de Mazzé à Damas», a indiqué l’Observatoire syrien des droits de l’homme.

Une source proche du Hezbollah a confirmé à l’AFP cette information et précisé que Hassan Jaafar al-Qasir était le frère de Jaafar al-Qasir, responsable du transfert d’armes de l’Iran vers le Liban, qu’Israël a annoncé avoir tué mardi dans une frappe sur la banlieue sud de Beyrouth.

L’Iran avait lancé mardi sa deuxième attaque directe contre Israël, suivie de menaces de représailles croisées entre les deux pays.

«L’Iran a commis une grave erreur […] et en paiera le prix», a averti le premier ministre israélien, Benjamin Nétanyahou.

Le président américain Joe Biden a assuré mercredi que les États-Unis s’opposeraient à des frappes israéliennes contre des installations nucléaires iraniennes, après avoir réaffirmé la veille son plein soutien à Israël.

Le président iranien, Massoud Pezeshkian, a de son côté promis «une réponse plus forte» en cas de représailles, tout en assurant que son pays ne «cherchait pas la guerre».

L’escalade militaire entre Israël d’une part, l’Iran et le Hezbollah de l’autre, fait redouter que la situation au Moyen-Orient ne devienne incontrôlable, un an après l’attaque sans précédent menée par le Hamas palestinien, allié du Hezbollah, sur le sol israélien, qui a déclenché la guerre dans la bande de Gaza le 7 octobre 2023.

Le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, a fustigé mercredi «le cycle écœurant» de violences dans une région au bord du «précipice», devant le Conseil de sécurité réuni en urgence.

Le patron de l’Organisation mondiale de la santé Tedros Adhanom Ghebreyesus a averti sur X que les hôpitaux libanais étaient «débordés de patients blessés». «Le système de santé a été affaibli par les crises successives et il peine à faire face aux immenses besoins», a-t-il ajouté.

Selon le Centre de crise libanais, plus de 1928 personnes ont été tuées au Liban depuis octobre 2023.

Israël a intensifié depuis mi-septembre ses opérations militaires sur le front nord, afin d’affaiblir le Hezbollah et permettre le retour de dizaines de milliers d’habitants des régions frontalières avec le Liban déplacés par les tirs de roquettes du mouvement libanais, incessants depuis un an.

 «Ville fantôme»

L’armée israélienne a annoncé mercredi la mort de huit soldats, tués depuis le début lundi de ses opérations terrestres, qu’elle qualifie de «limitées», dans le sud du Liban.

L’armée israélienne a appelé à l’évacuation «immédiate» de villages dans le sud du Liban tandis que de nouvelles frappes aériennes ont visé la banlieue sud de Beyrouth, désertée par ses habitants.

Trois nouvelles frappes ont touché ces quartiers mercredi soir, selon des témoins et l’AFP.

«Le quartier est devenu une ville fantôme», a témoigné Mohammad Cheaïto, un chauffeur de 31 ans qui a décidé de rester, mais a demandé à ses parents, sa sœur et ses neveux, qui avaient fui le sud du Liban pour se réfugier chez lui, de partir pour un endroit plus sûr.

Des images diffusées par l’armée israélienne montrent des soldats sur le sol libanais, se déplaçant à pied dans des villages et des zones montagneuses. L’armée a annoncé avoir déployé une seconde division pour appuyer les troupes déjà sur place.

Au Liban, plus de 1000 personnes ont été tuées, selon le ministère de la Santé, depuis les explosions des appareils de transmission du Hezbollah, les 17 et 18 septembre, attribuées à Israël, et le début des bombardements aériens massifs, le 23 septembre, qui ont visé principalement le sud et l’est du pays ainsi que la banlieue sud de Beyrouth.

Le gouvernement a évalué mercredi à environ 1,2 million le nombre de personnes déplacées par les bombardements.

Le «cœur» d’Israël visé

Parallèlement, Israël et Téhéran ont échangé des menaces après l’attaque massive lancée mardi par l’Iran pour venger la mort de Hassan Nasrallah et celle du chef du Hamas, Ismaïl Haniyeh, tué le 31 juillet dans un attentat à Téhéran, imputé à Israël par l’Iran et le Hamas.

Environ 200 missiles ont été tirés par Téhéran, dont un grand nombre ont été interceptés par le système antimissile, a indiqué l’armée israélienne, qui a bénéficié du soutien des forces américaines et britanniques, selon le Pentagone et Londres.

Cette attaque, la deuxième depuis avril, a fait deux blessés en Israël et tué un Palestinien en Cisjordanie occupée, selon les secours et un responsable palestinien.

«Cela ne va pas bien se terminer», la «retenue n’est pas le point fort» de M. Nétanyahou, a commenté pour l’AFP l’analyste politique Jordan Barkin.

À Téhéran, Mansour Firouzabadi, un infirmier de 45 ans, s’est dit «vraiment inquiet», espérant «que les États-Unis cesseront de soutenir Israël et qu’Israël ne ripostera pas».

La branche armée du Hamas a par ailleurs revendiqué mercredi un attentat commis la veille à Tel-Aviv, dans lequel sept personnes ont été tuées à l’arme automatique et à l’arme blanche.

Parallèlement, l’armée israélienne a annoncé mercredi avoir attaqué deux écoles dans le nord de la bande de Gaza, et une troisième dans le centre, utilisées selon elle par le Hamas comme centres de commandement.