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OTAN: Trudeau sur la défensive

La Presse Canadienne|Mis à jour le 09 juillet 2024

OTAN: Trudeau sur la défensive

Justin Trudeau fera des déclarations fermes sur la nécessité de rester déterminé à soutenir l’Ukraine. (Adrian Wyld La Presse Canadienne)

Washington — Le premier ministre Justin Trudeau s’est montré sur la défensive concernant les dépenses de défense du Canada alors qu’il prononçait un discours avant le sommet des dirigeants de l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord (OTAN) à Washington, mardi. 

Le premier ministre s’est adressé à une centaine de personnes à l’ambassade du Canada, vantant le leadership du pays au sein de l’alliance en matière de changement climatique et la récente accréditation du premier centre d’excellence de l’OTAN à Montréal, qui se concentre sur le changement climatique et la sécurité.

Il a également parlé de l’éléphant dans la pièce: le fait que les alliés recherchent l’assurance que son gouvernement présentera un plan pour atteindre l’objectif de dépenses de défense qu’il a convenu l’année dernière. 

«Lorsque nous avons pris le pouvoir, le Canada consacrait chaque année moins de 1% de son PIB à la défense, mais nous avons promis de changer cela et nous avons tenu parole», a-t-il déclaré.

Pourtant, le Canada est loin d’atteindre l’objectif convenu par les pays de l’OTAN il y a environ dix ans, soit au moins l’équivalent de 2% du produit intérieur brut national à la défense. Les dépenses actuelles du Canada s’élèvent à près de 1,4% du PIB.

Kirsten Hillman, ambassadrice du Canada aux États-Unis, a révélé qu’elle avait subi des pressions sur cette question de la part des responsables américains, qui s’attendent à ce que chaque pays agisse autant qu’il le peut.

Mme Hillman a rejoint M. Trudeau mardi matin pour une réunion bipartite avec des sénateurs américains, dont le chef de la majorité sénatoriale Chuck Schumer et le chef de la minorité Mitch McConnell.

La réunion comprenait certains des 23 sénateurs ayant écrit à M. Trudeau une lettre, en mai, l’exhortant à venir au sommet avec un plan clair pour atteindre l’objectif de l’OTAN. Dans le cadre de la nouvelle politique de défense du Canada, le gouvernement fédéral estime que ses dépenses de défense atteindront 1,76% du PIB d’ici 2029-2030. Les sénateurs ont qualifié cela de «profondément décevant» dans la lettre.

Après la réunion, M. McConnell a dénoncé le Canada pour ses échecs en matière de dépenses.

«Les valeurs partagées et les liens économiques étroits ont toujours été la force des relations entre les États-Unis et le Canada, a écrit M. McConnell sur le réseau X. Mais il est temps pour notre allié du Nord d’investir sérieusement dans la puissance nécessaire pour contribuer à préserver la prospérité et la sécurité.»

Lundi après-midi, le ministre de la Défense, Bill Blair, a déclaré qu’il était impatient de discuter avec ses alliés du plan de dépenses de défense «crédible et vérifiable» du Canada. 


L’Ukraine en priorité 

Les 32 dirigeants de l’OTAN célèbrent cette semaine le 75e anniversaire de l’alliance, alors que la Russie intensifie son agression contre l’Ukraine.

La guerre sera en tête de l’ordre du jour du sommet de trois jours après les attaques de missiles russes de lundi, qui ont causé des morts et des destructions, notamment dans un grand hôpital pour enfants de Kyiv.

De nouvelles mesures robustes pour soutenir l’Ukraine devraient être annoncées lors du sommet. Les responsables affirment qu’il y aura des informations sur les efforts du pays ravagé par la guerre en vue d’adhérer à l’OTAN.

Lors du sommet de l’année dernière, les participants avaient convenu que l’Ukraine devrait rejoindre l’alliance une fois que les conditions le permettront, à savoir la fin de l’invasion russe et la mise en œuvre par l’Ukraine d’une série de réformes démocratiques pour éradiquer la corruption.

M. Trudeau devrait insister sur la nécessité de continuer à soutenir l’Ukraine. 

Le président ukrainien Volodymyr Zelenskyy a visité mardi matin un mémorial de Washington dédié aux millions de personnes décédées dans la grande famine de 1932-1933, connue sous le nom d’Holodomor.

 Il a annoncé sur les réseaux sociaux qu’il envisageait de demander aux alliés de l’OTAN davantage de systèmes de défense aérienne et d’avions de combat F-16, plus d’argent et des «actions décisives nécessaires de la part de l’Amérique et de l’Europe» pour vaincre la Russie.


Renforcer les liens avec les Américains 

M. Trudeau a également rencontré séparément mardi le chef de la minorité parlementaire Hakeem Jeffries, avec notamment à l’ordre du jour les véhicules électriques, les minéraux critiques et la transition énergétique propre.

Avant l’élection présidentielle de cet automne, le gouvernement libéral a lancé une nouvelle approche d’Équipe Canada qui a vu des ministres et des diplomates, ainsi que M. Trudeau lui-même, parcourir les États-Unis pour s’assurer que les Canadiens sont parés à toute éventualité.

La possibilité d’une seconde présidence de Donald Trump plane sur le Canada, après que Justin Trudeau a été critiqué pour son manque de préparation à la première. Leur relation a été confrontée à des difficultés tout au long du premier mandat de M. Trump.

M. Trump est également au premier rang des préoccupations lors du sommet de l’OTAN, après ses remarques selon lesquelles les États-Unis ne défendraient pas les membres de l’alliance de l’OTAN qui n’atteignent pas leurs objectifs de dépenses.

M. Trudeau n’a pas mordu à l’hameçon lorsqu’il a été invité à commenter la course à la présidentielle, devenue encore plus brûlante à la suite de la performance lamentable du président Joe Biden lors d’un récent débat.

Le premier ministre a esquivé la question d’un journaliste lui demandant s’il avait des inquiétudes concernant l’âge ou l’acuité mentale de M. Biden, répondant seulement qu’il était honoré de rencontrer les politiciens américains.

Kelly Geraldine Malone