L'extension de l'embargo aux acheminements par oléoduc sera ensuite discutée «dès que possible», selon le texte. (Photo: 123RF)
Ce texte regroupe toutes les réactions depuis l’invasion de la Russie en Ukraine pour la journée du 30 mai 2022. Il sera mis à jour au courant de la journée. Pour retrouver toute notre couverture sur le conflit, c’est ici.
14h45| Bruxelles — Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a appelé lundi les dirigeants de l’UE réunis en sommet à «cesser leurs querelles» pour adopter rapidement un sixième paquet de sanctions contre Moscou, en particulier un embargo sur le pétrole russe bloqué par Budapest.
«Les querelles en Europe doivent cesser (…), l’Europe doit montrer sa force. Car la Russie ne comprend que l’argument de la force», a déclaré le dirigeant ukrainien par visioconférence.
Contrairement à sa dernière intervention vidéo lors d’un sommet européen en mars au cours de laquelle il s’en était pris au premier ministre hongrois Viktor Orban, il s’est gardé de stigmatiser quiconque.
«Je n’accuse aucun d’entre vous», a-t-il dit. «Ce qui arrive est uniquement la faute de l’État russe».
Les dirigeants européens tentaient à Bruxelles de trouver un accord sur un embargo progressif d’ici la fin de l’année frappant le pétrole russe, qui permettrait d’adopter le 6e paquet de sanctions. Mais la Hongrie a conditionné son feu vert à des garanties sur son approvisionnement.
Le projet de conclusions du sommet, consulté par l’AFP, prévoit l’adoption «sans délai» du nouveau train de sanctions, incluant cet embargo, «avec une exemption temporaire pour le brut acheminé par oléoduc» afin de lever le veto de Budapest. L’extension de l’embargo aux livraisons par oléoduc sera ensuite discutée «dès que possible».
«On est confiant et déterminé (sur un accord). Maintenant il y a toujours une inconnue qui est Viktor Orban», a reconnu le président français Emmanuel Macron, dont le pays occupe la présidence tournante du Conseil de l’UE.
Le dirigeant souverainiste hongrois a dès son arrivée posé de nouvelles exigences. «Il n’y a pour l’instant pas de compromis» acceptable, a-t-il averti, réclamant des assurances en cas de coupure de l’oléoduc Droujba qui approvisionne son pays en passant par l’Ukraine.
La Hongrie, pays enclavé sans accès à la mer, dépend pour 65% de sa consommation du pétrole acheminé par Droujba. Elle s’était opposée à la proposition initiale d’un embargo, à moins de bénéficier d’un délai d’au moins quatre ans et d’environ 800 millions d’euros de financements européens pour adapter ses raffineries.
Elle réclame maintenant de pouvoir être approvisionnée en pétrole russe par voie maritime si l’arrivée par oléoduc venait à être arrêtée. «C’est la garantie dont nous avons besoin», a lancé Viktor Orban.
Concurrence faussée ?
L’unanimité est requise pour l’adoption des sanctions. Le projet de conclusions est soumis pour discussion aux chefs d’État et de gouvernement.
Selon un diplomate, un accord sur un embargo progressif cantonné au pétrole transporté par bateau (soit les 2/3 des achats européens de pétrole russe) pourrait être formellement entériné «probablement cette semaine» après un feu vert politique des dirigeants.
Des négociations auront lieu ensuite pour cesser aussi les importations via Droujba (1/3 des approvisionnements européens), dont la branche nord dessert Allemagne, Autriche et Pologne, et la branche sud Hongrie, République tchèque et Slovaquie. Sans date butoir cependant.
Berlin et Varsovie se sont par ailleurs engagés à arrêter, même s’ils n’y sont pas contraints, leurs importations par Droujba, selon des sources européennes. Au total, c’est 90% des exportations de pétrole russe vers l’UE qui seraient touchés.
Pour Moscou, il est toutefois plus facile de trouver d’autres acheteurs pour ses exportations par tankers que par oléoduc.
La première ministre estonienne Kaja Kallas se montrait circonspecte sur un accord lors de ce sommet. «Nous essaierons d’y parvenir d’ici le» prochain Conseil européen de juin, a-t-elle estimé, plaidant pour «une approche réaliste».
Des États membres redoutent que l’exemption de l’approvisionnement par oléoduc ne fausse les conditions de concurrence pour les achats de pétrole.
En négociation depuis un mois, le nouveau paquet de sanctions prévoit aussi un élargissement de la liste noire de l’UE à une soixantaine de personnalités, dont le chef de l’Église orthodoxe russe, le patriarche Kirill.
Il comprend l’exclusion de trois banques russes du système financier international Swift, dont Sberbank, principal établissement du pays.
Le sommet de deux jours doit aborder les conséquences de la crise alimentaire liée à la guerre, la transformation énergétique du continent pour se passer du gaz russe et une proposition d’aide financière jusqu’à neuf milliards d’euros à l’Ukraine en 2022.
10h19 | Kyiv — La France «poursuivra et renforcera» ses livraisons d’armement à l’Ukraine, a annoncé lundi la nouvelle cheffe de la diplomatie française Catherine Colonna, en visite à Kyiv.
Le président français Emmanuel Macron «a fait part de sa décision au président (ukrainien Volodymyr) Zelensky de poursuivre et même de renforcer (son) appui» militaire à l’Ukraine, a-t-elle déclaré, lors d’une conférence de presse avec son homologue Dmytro Kouleba.
«Cet appui se poursuivra», a affirmé la ministre, évoquant plus précisément «la livraison d’armements».
M. Macron avait déjà annoncé fin avril l’envoi de matériel militaire à Kyiv, notamment des canons automoteurs Caesar.
Ces obusiers «se sont avérés être des armes fiables et efficaces», a remercié M. Kouleba. «Mais ce ne sont pas les seules armes qui arrivent depuis la France et pour chaque arme, nous sommes reconnaissants.»
Mme Colonna a indiqué que d’autres livraisons d’équipement militaire pourraient avoir lieu dans «les prochaines semaines», estimant à deux milliards de dollars le montant total de l’aide versée par la France, sur le plan militaire comme humanitaire.
«Pas plus que ses alliés, la France n’est en guerre contre la Russie, mais notre engagement est fort en apportant à l’Ukraine des équipements de défense», a ajouté la ministre.
L’objectif est de «rendre insoutenable le prix de la poursuite de cette agression pour la Russie», qui a lancé l’invasion de l’Ukraine le 24 février.
Dimanche, lors d’un entretien diffusé par la chaîne de télévision française TF1, le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov a accusé la France d’«armer activement l’Ukraine, y compris avec des armes offensives», et ce malgré «les bonnes relations de confiance qui existent entre (M. Macron) et le président (russe Vladimir) Poutine».
«Les conversations entre le président de la République et Vladimir Poutine sont des conversations directes et franches», a estimé pour sa part Mme Colonna.
Elle a par ailleurs évoqué la «demande légitime» de l’Ukraine qui souhaite adhérer à l’Union européenne (UE), estimant que la France, qui occupe la présidence du Conseil de l’UE, est «favorable à un rapprochement de l’Ukraine et même un rapprochement accéléré», et à l’ouverture de «voies de solidarité et de voies de coopération».
Début mai, M. Macron avait proposé que Kyiv rejoigne une «communauté politique européenne», en plein débat sur le lancement du processus d’adhésion de l’Ukraine, jugeant qu’il faudrait «des décennies» à ce pays pour rejoindre l’UE.
M. Zelensky avait ensuite rétorqué le 21 mai qu’il n’existait «pas d’alternatives» à la candidature de l’Ukraine à l’UE.
Russie/embargo pétrolier: un compromis sur la table des 27
9h00 | Bruxelles — Réunis en sommet à Bruxelles, les dirigeants des Vingt-Sept vont discuter d’un compromis mis au point lundi matin et qui permettrait d’adopter un sixième paquet de sanctions de l’UE contre Moscou, paralysé jusqu’à présent par l’opposition de Budapest au projet d’embargo pétrolier.
Un nouveau projet de conclusions du sommet, consulté par l’AFP, prévoit l’adoption «sans délai» du nouveau train de sanctions, incluant un embargo sur le pétrole russe d’ici la fin de l’année, «avec une exemption temporaire pour le brut acheminé par oléoduc» — afin de lever le veto de la Hongrie, inquiète pour ses approvisionnements.
L’extension de l’embargo aux acheminements par oléoduc sera ensuite discutée «dès que possible», selon le texte.
«Je pense qu’on va vers un accord sur un sixième paquet de sanctions», a déclaré à son arrivée le président français Emmanuel Macron, dont le pays occupe la présidence tournante de l’UE.
La Hongrie, pays enclavé sans accès à la mer, dépend pour 65% de sa consommation du pétrole russe acheminé par l’oléoduc Droujba, s’oppose à un embargo à moins de bénéficier d’une exemption d’au moins quatre ans pour s’y préparer et de près de 800 millions d’euros de financements européens pour adapter ses raffineries.
L’unanimité est requise pour l’adoption des sanctions. L’ambassadeur hongrois n’a pas exprimé d’opposition lundi au projet de conclusions, selon une source diplomatique. Il sera soumis pour discussion aux chefs d’État et de gouvernement, réunis à partir de 16h00 (10h00, heure du Québec).
Jusqu’à présent, l’absence totale de perspective d’accord sur de nouvelles sanctions menaçait de parasiter le sommet, où doit s’exprimer à l’ouverture par visioconférence Volodymyr Zelensky, qui appelle à durcir toujours davantage les mesures pour assécher le financement de l’effort de guerre de Moscou.
«Préoccupations légitimes»
Selon un diplomate, un accord sur un embargo progressif cantonné au pétrole transporté par bateau (soit les 2/3 des achats européens de pétrole russe) pourrait être formellement entériné «probablement cette semaine» après le sommet.
Des négociations auront lieu ensuite pour cesser aussi les importations via l’oléoduc Droujba (1/3 des approvisionnements européens), dont la branche nord dessert Allemagne, Autriche et Pologne, et la branche sud Hongrie, République tchèque et Slovaquie. Mais aucun calendrier n’est prévu donc «les garanties sont un peu faibles», note un diplomate, redoutant que le premier ministre hongrois Viktor Orban joue la montre.
Berlin et Varsovie devraient en outre s’engager à arrêter, même s’ils n’y sont pas contraints, leurs importations par Droujba, selon des sources européennes.
Pour Moscou, il est plus facile de trouver d’autres acheteurs pour ses exportations par navires-citernes que par oléoduc.
La Bulgarie, très dépendante du pétrole russe, a assuré vouloir «envoyer un signal fort», a déclaré lundi le premier ministre bulgare Kiril Petkov.
«Approche réaliste»
La première ministre estonienne Kaja Kallas se montrait circonspecte. «Je ne pense pas que nous parviendrons à un accord aujourd’hui. Nous essaierons d’y parvenir d’ici le sommet de juin», a-t-elle averti, plaidant pour «une approche réaliste».
«Quand certains pays ont des préoccupations légitimes sur leur approvisionnement, il faut trouver des solutions», a reconnu le premier ministre belge Alexander De Croo.
«Les dirigeants ne peuvent fournir qu’une direction politique, car les questions sont trop techniques pour être tranchées lors du sommet», selon un diplomate.
«Il faut faire très attention à préserver le marché commun», met en garde un autre diplomate. Plusieurs États redoutent qu’une exemption pour plusieurs pays ne fausse les conditions de concurrence pour leurs achats de pétrole.
Paralysé jusqu’alors par le blocage de la Hongrie, le sixième paquet de sanctions préparé par la Commission et en négociations depuis un mois prévoit aussi un élargissement de la liste noire de l’UE à une soixantaine de personnalités, dont le chef de l’Église orthodoxe russe, le patriarche Kirill.
Il comprend également l’exclusion de trois banques russes du système financier international Swift, dont Sberbank, principal établissement du pays.
Le sommet de deux jours doit aborder les conséquences de la crise alimentaire liée à la guerre, la transformation énergétique du continent pour se passer du gaz russe, une proposition d’aide financière jusqu’à neuf milliards d’euros à l’Ukraine en 2022 et le financement de sa reconstruction.