Poutine: l’opération russe n’est pas la cause de l’inflation
AFP et La Presse Canadienne|Publié le 17 juin 2022Dans la foulée du sommet européen, le président ukrainien Zelensky pourra continuer à plaider sa cause au prochain sommet du G7 des 26 au 28 juin, en Bavière, où il doit effectuer sa première sortie hors de son pays depuis le début de l'invasion russe fin février. (Photo: Getty Images)
Ce texte regroupe toutes les réactions depuis l’invasion de la Russie en Ukraine pour la journée du 17 juin 2022. Il sera mis à jour au courant de la journée. Pour retrouver toute notre couverture sur le conflit, c’est ici.
10h40 | Saint-Pétersbourg — Le président russe Vladimir Poutine a assuré vendredi que l’offensive russe en Ukraine n’avait aucune influence sur les difficultés économiques mondiales, notamment l’inflation des prix de l’énergie, accusant les «erreurs systémiques» de l’Occident.
«Nous entendons tous parler d’une prétendue “inflation de Poutine”. (…) Nos actions pour libérer le Donbass n’ont rien à voir avec ça», a-t-il affirmé durant la session plénière du forum économique de Saint-Pétersbourg.
«C’est le résultat des erreurs systémiques de l’administration américaine et de la bureaucratie européenne (…) Pour eux, notre opération est une bouée de sauvetage qui leur permet de tout nous mettre sur le dos», a poursuivi le président russe, critiquant la «politique économique erronée» des pays occidentaux.
«Ils ont imprimé, distribué de l’argent et ratissé toutes les marchandises des marchés des pays tiers pour cet argent», a-t-il poursuivi.
Les États-Unis et les pays européens font face à une inflation galopante qui atteint jusqu’à 11% au Royaume-Uni, tirée notamment par la hausse des prix du carburant. La Russie n’est pas en reste, avec une augmentation des prix de 16,7% sur un an.
Les cours du gaz poursuivaient leur envolée vendredi, galvanisés par le géant russe Gazprom qui ne cesse de baisser ses livraisons à l’Europe dans le contexte de l’offensive russe en Ukraine et des sanctions occidentales contre Moscou.
Dans ce même discours, il a une nouvelle fois dénoncé les sanctions «folles et insensées» qu’imposent les Occidentaux à la Russie, estimant que les Européens en souffrent plus que Moscou.
Le président russe a également répété que son pays et son armée n’empêchaient pas l’Ukraine d’exporter ses céréales à l’étranger, assurant que Kiev disposait de beaucoup d’options et que «ce n’est pas nous qui avons miné les ports de la mer Noire».
L’Ukraine a miné sa côte pour se protéger d’un débarquement militaire de la Russie qui l’a attaquée le 24 février.
L’ONU négocie depuis plusieurs semaines avec Moscou, Kiev et Ankara, caution militaire d’une utilisation de la mer Noire pour des navires civils, un accord qui permettrait aux millions de tonnes de céréales ukrainiennes bloquées de sortir du pays en sécurité.
Si un accord était trouvé, il ferait baisser les prix des denrées et atténuerait les craintes de crise alimentaire dans le monde.
Bruxelles favorable à la demande d’adhésion de l’Ukraine
7h05 | Bruxelles — La Commission européenne a recommandé vendredi d’accorder à l’Ukraine un statut de candidat à l’Union européenne, une décision saluée comme «historique» par Kyiv au lendemain de la visite dans le pays en guerre des dirigeants des trois poids lourds de l’UE.
Alors la situation humanitaire devient «extrêmement alarmante» dans l’est de l’Ukraine selon l’ONU, la France a annoncé ne plus recevoir de gaz russe par gazoduc.
«La Commission recommande au Conseil, premièrement, de donner à l’Ukraine une perspective européenne et, deuxièmement, de lui accorder le statut de candidat», a annoncé la présidente de l’exécutif européen, Ursula von der Leyen.
«Nous savons tous que les Ukrainiens sont prêts à mourir pour défendre leurs aspirations européennes. Nous voulons qu’ils vivent avec nous, pour le rêve européen», a-t-elle ajouté lors d’une conférence de presse.
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a rapidement réagi sur Twitter, se disant «reconnaissant envers Ursula von der Leyen et envers chaque membre de la Commission européenne pour une décision historique».
L’avis de Bruxelles sera discuté lors du sommet européen des 23-24 juin. Les dirigeants des 27 pays de l’UE devront donner leur feu vert à l’unanimité, avant l’ouverture de longues négociations en vue de l’adhésion de l’Ukraine.
Il intervient au lendemain de l’appui apporté à la demande de Kyiv par l’Allemagne, la France et l’Italie. «L’Ukraine fait partie de la famille européenne», a voulu rassurer Olaf Scholz lors d’une visite en Ukraine jeudi, avec ses homologues italien et français, rejoints par le président roumain.
«Tous les quatre, nous soutenons le statut de candidat immédiat à l’adhésion», a déclaré le président français Emmanuel Macron.
Emmanuel Macron, Olaf Scholz et Mario Draghi sont arrivés vendredi matin à Przemysl, en Pologne, à bord d’un train spécial après leur visite surprise à Kyiv, encadrée par d’importantes mesures de sécurité.
L’examen express de la candidature de Kyiv, déposée en février, est d’une rapidité inédite, justifiée par la guerre.
Au-delà des bénéfices politiques et économiques, une acceptation de sa candidature aurait une dimension éminemment symbolique pour Kyiv, d’appartenance à la «famille européenne» qui protège ses membres.
Une candidature acceptée de l’Ukraine ouvrirait aussi la question de son appartenance à l’Europe de la défense, alors que les dirigeants français et allemand se sont engagés à poursuivre leur soutien militaire à Kyiv.
G7, première sortie pour Zelensky
Dans la foulée du sommet européen, M. Zelensky pourra continuer à plaider sa cause au prochain sommet du G7 des 26 au 28 juin, en Bavière, où il doit effectuer sa première sortie hors de son pays depuis le début de l’invasion russe fin février.
Sur le plan de la guerre énergétique, le gestionnaire du réseau français de transport de gaz GRTgaz a annoncé vendredi ne plus recevoir de gaz russe par gazoduc depuis le 15 juin, avec «l’interruption du flux physique entre la France et l’Allemagne».
Le géant russe Gazprom a considérablement réduit ces derniers jours ses livraisons vers les pays européens, notamment vers l’Allemagne via le gazoduc Nord Stream 1, ce qui pourrait avoir causé l’interruption de l’approvisionnement vers la France.
En Italie, Gazprom livrera seulement 50% du gaz demandé vendredi par Eni, a annoncé en outre le groupe italien, au lendemain des accusations de «mensonges» lancées par Mario Draghi contre le géant énergétique russe.
Sur le front des combats, les forces ukrainiennes restent en difficulté dans le Donbass, cette région de l’est du pays partiellement contrôlée par des séparatistes prorusses depuis 2014, que Moscou s’est fixé pour objectif de conquérir.
Vendredi, l’ONU a souligné que «la situation humanitaire dans toute l’Ukraine, en particulier dans l’est du Donbass, est extrêmement alarmante et continue de se détériorer rapidement».
Selon Ocha, l’agence humanitaire de l’ONU, la situation est «particulièrement préoccupante» à Severodonetsk et dans ses environs.
Les combats se concentrent depuis plusieurs semaines sur Severodonetsk et Lyssytchansk, deux villes clés pour le contrôle du Donbass, soumises à des bombardements constants.