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Poutine rassure sur l’inflation et hausse les prestations

AFP|25 mai 2022

Poutine rassure sur l’inflation et hausse les prestations

Le président russe Vladimir Poutine a tenté de rassurer mercredi sur l'inflation. (Photo: Getty Images)

Ce texte regroupe toutes les réactions depuis l’invasion de la Russie en Ukraine pour la journée du 24 mai 2022. Il sera mis à jour au courant de la journée. Pour retrouver toute notre couverture sur le conflit, c’est ici.   

11h46 | Moscou — Le président russe Vladimir Poutine a tenté de rassurer mercredi sur l’inflation, galopante dans le pays, tout en annonçant une hausse des retraites et des minima sociaux pour amortir la baisse de revenus des Russes.

«Je propose d’augmenter de 10% le montant des pensions pour les retraités qui ne travaillent pas à partir du 1er juin de cette année», a-t-il déclaré lors d’une réunion avec le Conseil d’État.

Il a assuré qu’avec une indexation effectuée depuis le début de l’année, l’augmentation des pensions était «plus élevée que le niveau de l’inflation».

Cette dernière a atteint en avril 17,8% annuels, un record en vingt ans.

Le président a néanmoins assuré que «selon les experts, la croissance de l’inflation a ralenti (…) d’ici la fin de 2022, elle ne dépassera pas 15%».

Il a également promis l’augmentation des minima sociaux à partir de juin: le salaire minimum augmentera de 10% à 15 279 roubles (240 euros au taux actuel), et les allocations familiales, notamment pour les femmes de militaires, seront relevées.

Les effets des sanctions occidentales sans précédent contre Moscou commencent à peser sur l’économie russe. 

L’inflation record, doublée d’une augmentation du recours au chômage partiel afin d’éviter les licenciements, entame sérieusement le pouvoir d’achat des Russes, qui ont un faible taux d’épargne.

Le gouvernement russe prévoit une contraction de 7,8% à 8,8% du PIB en 2022, la Banque centrale se montrant plus pessimiste (baisse de 8

à 10%).

 

«Tuez les exportations russes», exhorte à Davos le chef de la diplomatie ukrainienne

10h29 | Davos — Le chef de la diplomatie ukrainienne Dmytro Kouleba a appelé mercredi la communauté internationale à «tuer les exportations russes» lors du forum économique de Davos, pour pousser à la fin de la guerre en Ukraine.

«Mon message est très simple: tuez les exportations russes, à l’exception de certains produits critiques dont le monde a besoin», a déclaré M. Kouleba à Davos, estimant que Moscou devait cesser de «gagner de l’argent et de l’investir dans une machine de guerre qui tue, viole et torture des Ukrainiens».

Il a également appelé les transporteurs maritimes à cesser d’acheminer le pétrole russe.

«Il a deux façons d’aborder les sanctions. La première consiste à dire “nous allons nous concentrer sur le pétrole et chercher des moyens d’arrêter l’achat de pétrole russe”», a-t-il dit.

Mais «il existe un autre moyen (…). Par exemple, la grande majorité du pétrole russe vendu sur le marché mondial est transportée par voie maritime», a-t-il poursuivi en estimant que ceux qui continuent de le faire «n’importe où dans le monde» devaient être «confrontés à des problèmes». 

Le président du Conseil européen Charles Michel a affirmé mercredi rester «confiant» pour parvenir à un accord sur un embargo de l’UE sur le pétrole russe d’ici au début du Conseil européen lundi, malgré le blocage de la Hongrie, très dépendante des hydrocarbures russes.

M. Kouleba a par ailleurs dénoncé le «chantage» russe concernant la demande de Moscou de lever les sanctions visant la Russie en raison de la guerre en Ukraine pour éviter une crise alimentaire mondiale.

«C’est un chantage manifeste. On ne peut pas trouver un meilleur exemple de chantage dans les relations internationales. Si quelqu’un l’accepte, alors cette personne a un problème», a-t-il fustigé.

Un haut diplomate russe avait exigé plus tôt mercredi la levée des sanctions visant Moscou comme condition pour éviter la crise alimentaire mondiale qui se dessine du fait de son offensive en Ukraine.

L’Ukraine, gros exportateur de céréales, voit sa production bloquée du fait des combats, et celle de la Russie, autre puissance céréalière, ne peut être vendue en raison des sanctions touchant les secteurs financier et logistique.

Réputée pour ses terres très fertiles, l’Ukraine était avant l’offensive le quatrième exportateur mondial de maïs et en voie de devenir le troisième exportateur de blé.

Mais le conflit a bouleversé la production agricole ukrainienne et la Russie est accusée par Kyiv et les Occidentaux d’empêcher les exportations de céréales via la mer Noire, notamment dans le grand port d’Odessa, suscitant la crainte d’une grave crise alimentaire mondiale.

 

Nike suspend ses ventes dans des magasins partenaires en Russie

10h00 | New York — L’équipementier sportif américain Nike a annoncé mercredi la suspension de ses ventes dans des magasins partenaires en Russie et l’interruption de tous ses partenariats avec des détaillants dans le pays, deux mois après avoir fermé temporairement ses propres magasins.

Le groupe de Beaverton (Oregon) a justifié cette décision par des «difficultés opérationnelles en Russie».

Selon le quotidien russe Vedomosti, les accords de distribution qui liaient Nike à ses deux principaux partenaires commerciaux en Russie arrivent à échéance jeudi, notamment avec le groupe Inventive Retail Group (IRG), qui gère la chaîne de magasins dédiés Up & Run.

L’équipementier «a pris la décision de ne pas renouveler des accords commerciaux ou d’en nouer de nouveaux, y compris avec notre franchisé Up & Run», selon un message transmis par Nike à l’AFP.

Le groupe à la virgule a indiqué que «ses activités restaient suspendues» en Russie et qu’il continuait à payer ses employés.

L’annonce de Nike signifie que la marque suspend les ventes de ses produits dans tous les magasins dédiés, c’est-à-dire qui ne proposent que ses produits.

«Dans la situation actuelle, nous ne pouvons pas continuer à soutenir les activités de magasins monomarque et allons devoir les fermer», a indiqué à l’AFP une porte-parole d’IRG.

Selon son site, IRG gérait 37 magasins vendant des produits Nike.

Pour autant, selon Vedomosti, il sera encore possible d’acheter des articles de l’équipementier américain en passant par des enseignes multimarques, qui se fournissent auprès de grossistes.

Sollicité pour confirmation, Nike n’a pas donné suite dans l’immédiat.

Début mars, quelques jours après le début de l’invasion de l’Ukraine, Nike avait annoncé la fermeture temporaire de toutes ses succursales gérées directement en Russie, soit 116 magasins.

 

À la page suivante, la Russie remboursera sa dette extérieure en roubles.

8h02 | Moscou — La Russie remboursera sa dette en roubles, a indiqué mercredi le ministère russe des Finances, les États-Unis ayant décidé de mettre fin à partir de mercredi à une exemption permettant à Moscou de payer ses dettes en dollars.

«Étant donné que le refus de prolonger cette licence rend impossible de continuer à honorer la dette extérieure en dollars, les remboursements se feront en devise russe avec la possibilité de les convertir ensuite en devise originale via le National Settlement Depository (NSD) qui servira d’agent payeur», affirme le ministère dans un communiqué.

Le NSD est un organisme russe centralisé chargé du dépôt des titres financiers échangés dans le pays. 

«Le ministère russe des Finances, en tant qu’emprunteur responsable, assure de sa volonté de continuer à honorer et rembourser toutes ses obligations financières», souligne le communiqué.

«La situation actuelle n’a rien de commun avec la situation de 1998, quand la Russie n’avait pas assez de fonds pour rembourser ses dettes», a déclaré le ministre des Finances Anton Silouanov, cité dans le communiqué. «Aujourd’hui, nous avons l’argent, et la volonté de payer est là aussi».

«Cette situation créée artificiellement par un pays inamical n’aura pas d’effet sur la vie des Russes», a-t-il assuré.

Mardi, le Trésor américain a annoncé avoir décidé de mettre fin à partir de 00h01 mercredi, heure de Washington, à une exemption permettant à Moscou de payer ses dettes en dollars.

En place depuis le début des sanctions occidentales contre la Russie, en représailles à la guerre en Ukraine, cette exemption avait permis à Moscou d’échapper au défaut de paiement.

Elle avait été décidée par Washington pour «permettre une transition ordonnée et aux investisseurs de vendre leurs titres», avait expliqué la secrétaire américaine au Trésor Janet Yellen la semaine dernière.

La ministre de Joe Biden avait alors indiqué que cette exemption prendrait «probablement» fin.

La mesure de Washington prend effet deux jours avant la prochaine échéance de paiement pour Moscou, qui porte sur un peu plus de 100 millions de dollars américains d’intérêts sur deux obligations.

Selon le Wall Street Journal citant l’agence de presse russe officielle Tass, les autorités se seraient toutefois déjà acquittées du paiement de ces intérêts.

Outre l’échéance du 27 mai, le gouvernement russe doit encore honorer 12 paiements d’ici la fin de l’année.

La Russie ne pouvait déjà plus rembourser sa dette avec des dollars détenus dans des banques américaines, dans le cadre des sanctions renforcées prises par les États-Unis le 5 avril.

La gouverneure de la banque centrale russe, Elvira Nabioullina, avait reconnu le 29 avril que Moscou était confrontée à des «difficultés de paiements», mais elle s’était refusée à parler de défaut de paiement potentiel.

La dette extérieure de la Russie représente, selon son ministère des Finances, environ 4 500 à 4 700 milliards de roubles (quelque 78 à 81 G$ US au taux actuel), soit 20% de la dette publique totale.

 

Pétrole russe: l’UE se dit «confiante» pour un accord avant le Conseil européen lundi

08h01 | Stockholm — Le président du Conseil européen Charles Michel a affirmé mercredi rester «confiant» en un accord sur un embargo de l’UE sur le pétrole russe d’ici au début du Conseil européen lundi, malgré le blocage hongrois.

«Je suis toujours confiant dans notre capacité à résoudre la question avant le Conseil européen» prévu lundi et mardi à Bruxelles, a affirmé le dirigeant de l’UE lors d’une visite à Stockholm.

«Cela nécessite beaucoup de dialogue, beaucoup d’efforts culturels. Et nous travaillons très dur pour être capables de rester unis (…), mais aussi pour prendre des décisions pour casser la machine de guerre russe», a-t-il dit lors d’une conférence de presse avec la première ministre suédoise Magdalena Andersson.

L’Allemagne et la France — qui assure la présidence tournante européenne — avaient assuré mardi que le blocage de Budapest pouvait encore être surmonté dans les prochains jours, contredisant le premier ministre Viktor Orban jugeant lui un accord «très improbable».

«Je suis réaliste, je sais qu’il y a des difficultés», a affirmé Charles Michel mercredi, tout en disant «faire de son mieux» pour pouvoir «proposer de possibles solutions» en vue de la réunion extraordinaire des 27 à Bruxelles.

Dans une lettre adressée lundi au président du Conseil européen, Viktor Orban avait affirmé que son pays n’était «pas en position d’accepter» le sixième paquet de sanctions contre la Russie «tant que les négociations n’auront pas abouti à résoudre toutes les questions en suspens».

Pays enclavé, sans accès à la mer, la Hongrie dépend du pétrole acheminé de Russie par l’oléoduc Droujba et redoute le renchérissement de sa facture pétrolière en cas d’embargo des 27.

Budapest juge insuffisante la proposition d’une dérogation de deux années pour mettre en œuvre l’embargo pétrolier qui lui est offerte avec la Slovaquie et la République tchèque. 

La Hongrie a demandé au moins quatre ans et près de 800 millions d’euros en financements européens pour adapter ses raffineries et augmenter la capacité de l’oléoduc Adria qui vient de Croatie.

 

Ukraine: Bruxelles veut faciliter la confiscation d’avoirs d’oligarques russes

7h06 | Bruxelles — La Commission européenne a présenté mercredi des propositions législatives pour faciliter une confiscation des avoirs d’oligarques russes sur liste noire et harmoniser la répression dans l’UE de la violation des sanctions décidées en réponse à la guerre en Ukraine.

Selon un projet de directive, une confiscation des avoirs serait possible pour les individus et entités qui contournent ou tentent de contourner les sanctions, en plus de ceux qui sont engagés dans des activités criminelles (blanchiment, corruption…).

L’argent ainsi confisqué serait versé «sur un fonds commun pour aider l’Ukraine», a expliqué le commissaire européen à la Justice Didier Reynders lors d’une conférence de presse.

Il a ajouté que dans l’UE, 10 milliards d’euros d’avoirs de personnalités sanctionnées ont été gelés, et 200 milliards d’euros de transactions ont été bloqués.

Bruxelles a aussi proposé d’ajouter la violation des sanctions à la liste des eurocrimes afin d’unifier la réponse pénale des Vingt-Sept, actuellement disparate, et de faciliter les poursuites judiciaires.

Douze États membres considèrent la violation des sanctions comme une infraction pénale. Dans 13 autres, elle est de nature pénale ou administrative en fonction de sa gravité. Elle ne relève que de sanctions administratives dans les deux restants.

Les peines — emprisonnement ou amendes — varient aussi d’un pays à l’autre.

La confiscation et la liquidation des avoirs russes sont réclamées par l’Ukraine, afin de financer sa reconstruction. Les États-Unis et le Canada se sont déjà engagés dans cette voie.

Cette idée, défendue notamment par les pays baltes et la Pologne, a été soutenue par le président du Conseil européen Charles Michel et le chef de la diplomatie Josep Borrell, et sera discutée au sommet extraordinaire des 30 et 31 mai. Mais elle suscite aussi la prudence, notamment de l’Allemagne, face aux obstacles juridiques d’une telle mesure qui touche à la propriété privée.