(Photo: 123RF)
Ce texte regroupe toutes les réactions depuis l’invasion de la Russie en Ukraine pour la journée du 26 mai 2022. Il sera mis à jour au courant de la journée. Pour retrouver toute notre couverture sur le conflit, c’est ici.
7h49 | Moscou — La banque centrale russe a abaissé son principal taux d’intérêt directeur à 11% pour amortir notamment les conséquences du renforcement du rouble, au moment où les autorités bataillent avec les sanctions imposées après l’offensive contre l’Ukraine.
À l’issue d’une réunion convoquée en urgence, l’institution monétaire a annoncé jeudi abaisser de 300 points de base son principal taux directeur, le faisant ainsi passer de 14% à 11%.
C’est la deuxième baisse décidée en moins d’un mois, et la troisième depuis que l’institution avait décidé de remonter brusquement son taux à 20% dans la foulée des premières sanctions internationales infligées à Moscou après le début de son offensive en Ukraine, lancée le 24 février.
«Les premiers mois étaient le temps des décisions tactiques: il fallait contrer le premier choc des sanctions», a expliqué Elvira Nabioullina, gouverneure de la BCR, lors d’une conférence de presse retransmise à la télévision.
«Finalement, nous avons réussi à maintenir la stabilité financière, en évitant une spirale inflationniste», s’est-elle félicitée, soulignant toutefois que cela ne signifiait pas que l’on pouvait «souffler».
«L’inflation baisse plus vite que prévu. Cela permet de baisser le taux directeur aujourd’hui», a-t-elle expliqué, n’excluant pas d’autres baisses du taux à l’avenir.
La prochaine réunion de l’institution est prévue le 10 juin.
Dans un communiqué, la BCR a, au-delà de la question de l’inflation, évoqué également «la dynamique du rouble» pour expliquer sa décision.
Alors qu’elle s’était fortement affaiblie après l’entrée des troupes russes en Ukraine, la devise russe s’était en effet nettement renforcée ces derniers temps pour atteindre des niveaux qui n’avaient plus été observés depuis 2015 aussi bien pour le dollar que pour l’euro, pesant de fait sur les exportations russes et privant le budget de l’État d’une partie de ses revenus.
Contrôles de capitaux
Un renforcement favorisé par la mise en place par la BCR de sévères contrôles de capitaux.
La devise russe a aussi profité de l’ouverture de comptes en roubles par une grande partie des entreprises étrangères clientes du géant gazier russe Gazprom afin de régler leurs achats de gaz, en dépit des mises en garde de l’Union européenne sur le fait que ce mécanisme revenait à contourner les sanctions imposées à la Russie.
Lundi, le ministère des Finances a annoncé la réduction prochaine de la proportion des revenus des exportateurs russes qu’ils devaient transformer en roubles, de 80% à 50%.
«La force du rouble est le reflet des prix élevés du pétrole et de l’énergie, mais surtout de la chute des importations due aux sanctions», observait avant la réunion de politique monétaire Timothy Ash, de Bluebay Asset Management, dans une note.
Mercredi, le porte-parole du Kremlin Dmitri Peskov a assuré que le gouvernement suivait de près la situation autour de la devise russe.
Dans ce contexte, une baisse du taux directeur rend les emprunts moins attractifs pour les investisseurs, affaiblissant ainsi la devise.
«Nous doutons qu’une baisse des taux permettra de stimuler l’entrée de capitaux, affectée par le gel des actifs financiers des étrangers en Russie et des Russes à l’étranger. Toutefois, un taux moins élevé est plus approprié dans les circonstances actuelles», a estimé Alfa-Bank dans une note.
Et la réaction des marchés face à la décision de la banque centrale russe ne s’est pas fait attendre. Vers 6h00, heure du Québec jeudi, l’euro s’échangeait à plus de 66 roubles, en hausse de 5,5 roubles par rapport à mercredi et le dollar atteignait 63,32 roubles, prenant près de 4 roubles par rapport à la veille.
Moscou sanctionnera des médias occidentaux si YouTube bloque sa diplomatie
7h32 | Mosco — La porte-parole de la diplomatie russe, Maria Zakharova, a indiqué jeudi que des médias et journalistes occidentaux seraient expulsés de Russie si la plateforme YouTube bloquait, comme elle l’a déjà fait, ses breffages hebdomadaires.
De nombreux sites et réseaux sociaux, y compris YouTube, ont expliqué avoir bloqué, après l’offensive russe en Ukraine, des médias et pages officielles russes, car elles tombaient sous le coup de sanctions ou pratiquaient la désinformation. Des actes de censure «russophobes», selon Moscou.
Maria Zakharova a expliqué avoir signifié au géant américain des vidéos en ligne que si ses conférences de presse hebdomadaires, diffusées en direct, étaient bloquées alors «un journaliste ou un média américain rentrera à la maison», selon l’agence TASS.
«Encore un blocage de breffage, et on donnera un nom concret, un média concret», a-t-elle menacé, avant d’ajouter que cela pourrait concerner aussi des médias d’autres pays, car YouTube est dirigé par «une dame avec un passeport polonais», une référence à Susan Wojcicki, la patronne de la plateforme.
«Vue la position de la Pologne (vis-à-vis de la Russie), on ne va peut-être pas limiter (les représailles) aux Américains», a dit Mme Zakharova.
Les breffages de la diplomate ne sont pas systématiquement bloqués par YouTube, qui en a cependant arrêté certains.